Entretien avec Nicolas Texier, auteur de la série Monts et Merveilles

Après avoir lu l’excellent Opération Jabberwock, avant même d’avoir découvert Opération Sabines, je dois dire que j’en suis ressorti séduit par la plume de cet auteur surprenant. J’ai donc pris quelques minutes pour un entretien avec lui, afin de savoir comment il en est venu à l’écriture, d’où lui est venue une histoire telle que celle que j’ai découvert mais également quels sont ses futurs projets. Une interview avec une de ces nouvelles pépites de l’imaginaire français qu’il ne faut clairement pas louper !

Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Peux-tu tout d’abord te présenter et nous expliquer comment tu en es venu à écrire de l’imaginaire ?

Bonjour. Je m’appelle Nicolas Texier, je suis archiviste et auteur de trois romans parus chez Gallimard. J’en suis venu à écrire de la fantasy tout d’abord par plaisir, parce que cela faisait longtemps que je voulais profiter de la liberté narrative qu’offre le genre, et offrir au lecteur un texte qui allie une modeste ambition littéraire avec une structure narrative solide, des personnages marquants et un rythme soutenu. Ça me permettait aussi, et me permet encore, de traiter de certains sujets, en me détachant de la gravité qui est la marque de la littérature contemporaine actuelle. Enfin, agir dans le cadre de la fantasy ouvre sur beaucoup d’autres genres, et mes deux romans fantasy parus pour le moment regardent autant du côté du roman d’aventures, que de l’espionnage, du récit de cape et d’épée, du roman fantastique, voire du steampunk.

Tu viens de sortir, chez Les Moutons électriques, ton second roman : Opération Jabberwock. D’où t’es venue la première étincelle de cette série ?

L’idée était au départ d’écrire de la fantasy, hors d’un cadre médiéval, d’une part pour m’écarter de ce qu’on lit beaucoup, et d’autre part pour profiter d’une époque, comme l’entre-deux-guerres, dont les mentalités me seraient plus proches et dans laquelle la dimension politique (souvent absente du genre) soit assez présente. C’est ainsi qu’on croise, dans Opération Sabines, des mages qui militent pour la mise en commun des bienfaits de la magie auprès des plus humbles, ou un empire romain germanique à l’idéologie matérialiste, qui privilégie le progrès et s’oppose à une société britannique empreinte de magie mais aussi largement rétrograde.

Comment es-tu parvenu à inventer ce monde complètement dystopique à l’aube de la Seconde guerre mondiale mais pourtant toujours militairement reculé, mêlant magie et sciences,… ?

Le but était de conserver les fondamentaux de la fantasy : une magie modeste, mais opérante, couplée à un niveau technologique qui ne soit pas assez avancé pour la rendre sans intérêt. D’où l’idée de cet univers, où l’existence de la magie et l’absence d’un fonctionnement normal des lois de la physique (qui explique que la poudre à canon ne soit pas employée) trouvent la même origine dans la composition atomique même de cet univers.

Où as-tu trouvé l’inspiration pour tes personnages ? Dans des personnes existantes que tu aurais calquées ou bien sont-ils issus purement et simplement de ton imaginaire ?

Ils sont tous issus de mon imagination. Le narrateur Julius Khool, en particulier, s’est imposé très tôt dans le projet, avec sa voix, ses excès, son passé de vieux soldat marginal et son goût pour la littérature et la poésie. S’ils ont des origines, en termes d’inspiration, les autres personnages doivent beaucoup plus à des personnages d’autres romans qu’à des personnes existantes.

L’idée, assez loufoque au départ de l’automate, elle t’est venue naturellement ou bien tu as dû creuser pour l’avoir ? Parce que pour écrire ses lignes de dialogue cela a quand même dû être un moment compliqué, non ?

Non, c’est venu tel quel, notamment avec les nécessités narratives : j’avais besoin d’un personnage qui fasse le lien entre le moment présent et l’enfance du personnage principal et qui puisse être resté sans bouger pendant une quinzaine d’années. D’où l’idée d’un être artificiel enchanté, avec lequel je me suis beaucoup amusé. Et pour les dialogue, non, au contraire, tous ces passages où ses voix multiples se chevauchent et s’entremêlent ont été de vrais moments de récréation, dont quelques jolies choses sont sorties, je pense. Ça rejoint d’ailleurs un peu le travail des Surréalistes, qui sont à peu près à la même période, et qui aimaient jouer ainsi avec la langue.

A quel personnage sorti de tes romans t’identifierais-tu le plus ?

Sans aucun doute Julius Khool. Je n’ai ni sa carrure, ni son aplomb, mais nous partageons un goût pour la littérature et une certaine vision à la fois joyeuse et désabusée du monde. Peut-être est-il aussi un peu ce que j’aurais aimé être, ailleurs et autrement.

Es-tu déjà en train de travailler sur d’autres projets ? Si oui dans quels genres vas-tu t’aventurer ?

Pour le moment, je me contente de terminer la trilogie et de donner une suite et fin aux opérations Sabines et Jabberwock. Pour la suite, j’ai en tête au moins 4 ou 5 projets, qui vont de la fantasy antique, jusqu’à un retour en littérature contemporaine. Mais je verrai à la fin de la trilogie ce vers quoi j’ai envie de me diriger, parce que d’autres idées me seront sans doute venues d’ici là.

Opération Jabberwock est la suite de Opération Sabines, mais vas-tu de nouveau t’aventurer dans cet univers et proposer d’autres histoires, d’autres aventures d’espionnage magique en vue ?

Oui, avec une troisième et dernière Opération, qui se déroule cette fois pendant la Deuxième Guerre mondiale, tout d’abord en mer, puis dans l’Europe occupée. Je verrai par la suite s’il y a lieu de renouer avec cet univers, avec ces personnages ou avec d’autres, à cette époque ou à une autre. C’est un univers très riche, je pourrais passer le reste de ma vie à écrire des histoires s’y déroulant, mais j’aurai sans doute envie de m’aérer un peu.

N’est-ce pas compliqué au final d’avoir un métier, des idées plein la tête, les doigts qui fourmillent et une vie personnelle à gérer simultanément ? Comment fais-tu pour gérer ces différents aspects de ta vie ?

Eh bien je n’ai pas trop le choix. Il a fallu que je me mette à temps partiel, et que j’apprenne à être efficace sur une journée par semaine. Mais ça a fini par devenir un atout, car ce que j’écris demande pas mal de conception, en termes de scènes, de péripéties, de personnages, des ressorts de l’intrigue, etc. sur lesquels je réfléchis beaucoup entre deux séances d’écriture. Mais c’est vrai que j’ai trop de projets en tête, et trop peu de temps pour les écrire…

Merci de tes réponses et à bientôt au détour d’une dédicace ou d’une des pages que tu auras noircies !

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