Les Fatals Picards – Elysée Montmartre, Paris – 08/12/18

Souvenez-vous, par une jolie soirée de mai 2007, vous étiez peut-être vous aussi sur votre canapé, devant votre poste de télévision. Que vous soyez un fan de l’Eurovision, ou le genre de personne qui zappe et reste sur ce programme juste pour le fun… Vous n’avez pas pu passer à côté des Fatals Picards. Nous sommes à Helsinki, le slogan de l’édition de cette année-là annonce la couleur : « True Fantasy » (pas besoin de traduire, si ?). Et soudain, L’Amour à la française, délire chanté à la fois en français et en anglais qui joue sur les stéréotypes qui visent notre pays, placera la France au rang 22e sur 24 ex-aequo avec le Royaume-Uni à l’issue du concours. Le décor est-il planté ? Si aucun souvenir ne fait surface à la lecture de cette intro, YouTube est votre ami.

Nous sommes en 2018, et il faut croire que la France s’en souvient très bien. Certaines personnes dans le public évoquent même avec nostalgie cette soirée à l’Olympia, le 27 janvier 2010, qui aura semble-t-il laissé un souvenir aussi marquant que l’apparition à la télévision du groupe. L’Elysée Montmartre semble prêt, plein à craquer.

D’ailleurs, dès le tout début du concert, Paul Léger (chant) souligne la bravoure des spectateurs qui auront « bravé l’Enfer selon BFMTV » pour être présents (ouais, on nous dit dans l’oreillette que la ville est en feu). Si on entend quelques rigolos beugler « Et les gilets jaunes ? » pendant le concert, le topic ne semble pas faire partie du spectacle de ce soir. Pour preuve, les grands bavards du premier rang sont rappelés à l’ordre par un « C’est mon concert, je fais ce que je veux » et un tas d’autres moqueries. Pour faire simple, aller voir les Fatals Picards, ça ressemble à un spectacle d’humour pas très traditionnel avec de la musique pour effectuer les transitions entre les différents sketchs.

Pour annoncer le titre Bernard Lavilliers, on a droit à une ribambelle de vrais faux départs qui font languir et rire le public, et c’est à ce moment précis que l’on peut apprécier la maîtrise des paroles démontrée par une partie de la salle. À l’inverse, Sucer des cailloux semble relativement inédite, mais l’engagement du public reste constant. Ce titre de chanson vous semble-t-il absurde ? Le reich des licornes arrive, et ses équidés imaginaires gonflables qui envahissent l’Elysée Montmartre au gré des mouvements des spectateurs.

Changement de plan de scène, configuration acoustique, les membres du groupe retrouvent d’autres postes. Par exemple, ce moment privilégié en intimité avec le public sera aussi l’occasion de voir Jean-Marc Sauvagnargues (traditionnellement à la batterie et aux chœurs) armé d’un ukulélé ou au chant, interprétant par exemple Mon père était tellement de gauche. C’est rapidement après ce titre que le bonhomme décide même de venir tenir compagnie aux photographes et regarder la scène depuis le pit photo. Tout le monde est à la maison.

Pour résumer, un concert des Fatals Picards, c’est discuter de sujets improbables (par la suite, on va du Canal Saint Martin à la présence de punks au Liechtenstein, tout de même), être témoins d’une incroyable camaraderie qui tape le bœuf sur scène, et ne plus trop savoir quoi faire entre rigoler et applaudir.

Au fait, on nous confie des petits flyers aux portes de l’Elysée Montmartre, qui indiquent que le groupe se produira au Trianon, à quelques centaines de mètres de là où nous sommes, et ce dans un an : retenez bien la date du 7 décembre 2019.

Un grand merci à Access Live.
Crédits photos : Cherry

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