Après Michael Giacchino sur Rogue One, John Powell est le deuxième compositeur à prendre la suite de John Williams sur la célèbre saga. Cette fois, il est même drivé par le maître qui signe par la même un nouveau thème pour Star Wars. Le résultat n’est peut-être pas à la hauteur de l’attente suscitée par la présence des deux compositeurs.
John Powell est surtout connu du grand public pour deux franchises qui démontrent deux facettes de son talent : les scores sur vitaminés consacrés à Jason Bourne et ceux très thématiques de la trilogie Dragons. Son style très narratif semble correspondre à merveille à la franchise Star Wars, marqué du saut indélébile de John Williams. Le légendaire vétéran signe pour l’occasion le thème principal de Han Solo, un motif aventureux passe partout, mais bien écrit. Il rappellent par sa technique quelque chose de plus proche d’Indiana Jones (le thème de Mutt par exemple) que du Star Wars.
Rien de mémorable donc, mais l’ombre du maestro plane bien entendu sur la partition, à travers des reprises de morceaux et motifs de la trilogie originale (sur Réminiscence Therapy par exemple où s’enchainent les citations à un rythme fou), qui rappelleront plus facilement les exploits de Solo aux spectateurs que ce modeste nouveau thème, écrit pour l’occasion.
John Powell s’approprie dès les premières pistes de Solo : a Star Wars Story cette thématique : sur Meet Han et Corellia Chase, il utilise immédiatement la nouvelle composition williamsienne et la fait sienne, notamment avec ses cordes vibrantes et ces cuivres omniprésents, bien soutenus par des percussions déchainées. On retrouve la patte du compositeur de Dragons qui signe son style, particulièrement sur Corellia Chase où l’on se croirait revenu aux plus belles heures des pistes d’action épiques de Hancock ou de la trilogie dragonnière en cours.
De nombreux petits motifs et mélodies parsèment l’album. On retiendra d’abord Marauders arrive et son chœur new-age qui fait penser à James Horner – on se croirait parfois sur Avatar. D’ailleurs, si James Cameron veut penser à Powell pour prendre la suite, ma foi…
Ensuite, il y a également un excellent love theme, bien développé sur Lando Closet, aux sonorités d’un love theme de James Bond de John Barry, mais qui manque ensuite de présence. Tout juste peut-on citer une apparition très marquante sur The good guy, c’est un peu court.
Pour le reste, le compositeur a opté pour un orchestre très puissant, dominé par les cuivres et cordes, qui donne un ensemble de pistes indigestes. Manquant de respiration, la musique étouffe l’auditeur comme un chou à la crème très lourde. Résultat, on se retrouve vite à faire une sélection sur l’album où seules quelques pistes valent une écoute attentive. Ce syndrome est souvent le signe d’une musique sous-mixée dans le film par rapport aux effets sonores, une situation assez rare sur Star Wars et dans les films de Ron Howard en général.
Ce digest nécessaire ne rend pas forcément hommage à Star Wars, dont les albums sont généralement des appels au voyage ou à l’aventure, ce qui ne fonctionne ici que par intermittence.
Conclusion :
Malgré quelques pistes où il démontre toute sa maitrise, John Powell livre avec Solo : a Star Wars story une partition trop massive qui dilue l’attention de l’auditeur. C’est un coup de sabre laser dans l’eau, avec l’espoir qu’il nous livre quelque chose de plus abouti sur Dragons 3 ou dans sa composition pour orchestre et chœur Hubris, qui vient juste de sortir.