Les Moutons Electriques nous ont habitués à des productions de grande qualité littérairement avec parfois des titres très surprenants. Et c’est le cas ici avec ce nom surprenant pour un roman, Le Camphrier dans la ville flottante. Ça ne vous évoque rien ? Eh bien moi non plus, de base ! Et finalement ce côté un peu mystérieux m’a vraiment séduit avant même de commencer à lire.
La couverture de Melchior Ascaride, très sobre et neutre invite également au questionnement. Du point de vue de la réalisation technique de la couverture le camphrier en vernis sélectif ajoute à l’esthétique du livre, ce qui est fort agréable. Le pitch de l’éditeur et son côté intriguant a achevé de me convaincre de me lancer dans la lecture de ce titre en tous cas…
Ils traversent ensemble l’Atlantique au cœur d’un navire monumental, une ville flottante, brutaliste et vétuste, percée de couloirs sombres, de frontières tacites et d’enclaves invisibles. Malgré l’usure du monde, malgré la crise de l’information, Catherine Quine a embarqué pour rencontrer celui qui rétablira le contact entre les vieilles industries du cinéma d’Europe et des États-Unis. Cependant, une insurrection fermente dans le ventre noir du bateau. Une vague d’assoiffés et de laissés pour compte monte inexorablement et pourrait bientôt les emporter à leur tour.
Le Camphrier dans la ville flottante est un huis clos, assez lent au départ et dont le rythme va augmenter de manière impressionnante au fil des pages. Ce début très feutré, assez inquiétant et pendant lequel on ne comprend pas DU TOUT ce que vient faire un camphrier sur un paquebot tel que celui qui nous est décrit, crée une aura de mystère autour du roman, jusqu’à la révélation et la compréhension de ce qui se prépare sous nos yeux. Puis l’action pure et dure débute pour notre plus grand plaisir. Nicolas Labarre, on le sent bien, est habitué au fait de livrer aux lecteurs des récits tortueux, poussés et emplis de mystères. Une fois que le rythme augmente on sent bien effectivement que la référence présente au quatrième de couverture au Transperceneige n’est pas anodine. De même la lenteur du début du roman permet à l’auteur de vraiment disposer les pièces de son échiquier avant le début de la partie. Et cette partie va se disputer de haute lutte c’est certain, le final étant préservé par l’auteur jusqu’à la dernière page.
Scénaristiquement ce roman est tout bonnement impeccable et la galerie de personnages proposée est elle aussi impressionnante même si je dois dire que étonnamment je ne me suis attaché à aucun en particulier pour une fois. Tous ont leurs défauts et leurs qualités et semblent terriblement humains à tout instant de la lecture.
Comme d’habitude avec les Moutons le style est impeccable, cet éditeur privilégiant avant tout les belles plumes afin de les mettre en avant dans des écrins de qualité. Même si le début du roman peut semble assez aride malgré le côté mystérieux il n’en est pas moins certain que l’ensemble est fluide, agréable à lire et diablement prenant.
Le Camphrier dans la ville flottante est donc un de ces excellents romans dystopiques comme on les adore : un postulat sombre, une ascension (ou tentative d’ascension), avant un final flamboyant. Nicolas Labarre gère parfaitement son roman de bout en bout pour notre plus grand plaisir et nous suivons les lentes pérégrinations du navire. Une belle réussite et j’espère que l’auteur nous reviendra vite avec un nouveau roman tout aussi prenant.
Le Camphrier dans la ville flottante
Nicolas Labarre
Les Moutons Electriques
2018