Pierre-Fendre – Brice Tarvel

Brice Tarvel est un de ces auteurs de l’imaginaire français que l’on retrouve régulièrement avec grand plaisir au fil de ses publications. Et même si il affectionne pratiquement tous les genres de l’imaginaire, la fantasy garde visiblement une tendresse particulière à ses yeux et c’est donc dans ce type d’univers qu’il va de nouveau nous emmener.

Et son univers n’est pas des moindres comme vous le laissera découvrir la quatrième de couverture. Mais il est désormais temps de pénétrer en Pierre-Fendre, ou du moins d’essayer…

Un immense château…
On n’y entre pas plus qu’on n’en sort. On y naît, on y vit, puis on y meurt. Un monde clos de murailles infranchissables, chapeauté d’un éteignoir de grisaille. Certains ont l’illusion d’un nid somme toute douillet, d’autres ragent d’habiter une prison. Dulvan et son ami Garicorne appartiennent à ces derniers. Sans savoir ce qu’est vraiment le Grand Dehors, ils aspirent à en percer les mystères et rêvent d’une existence tout autre. Mais, pour ce faire, il convient de faire tomber l’enceinte géante, c’est-à-dire se rendre dans la salle-territoire de l’éternel hiver afin d’arracher la Sommeilleuse à ses songes. Comme le racontent les vieux récits, l’énigmatique endormie est-elle cependant bien une déesse dont les errances oniriques ont fait que le château et tout son contenu soient devenus réalité ?

Le roman proposé par Brice Tarvel ne révolutionne clairement pas le genre de la fantasy mais il parvient à utiliser l’ensemble de ses codes pour parvenir à crée quelque chose d’immersif et passionnant. Cette idée de gigantesque château découpe en différentes salles “saisonnières” et occupées chacune par différentes populations qui restent éternellement enfermées est absolument parfait. On se retrouve avec un huis-clos qui n’a rien de moins que l’échelle d’un monde ! Et parvenir à gérer tout cela en proposant une aventure à trois voix tient presque de la prouesse. Car oui l’auteur vient nous conter les histoires d’un multitude de personnages différents mais seuls six s’avèrent vraiment capitaux.

C’est cela qui est bien souvent intéressant avec l’écriture de Brice : il parvient à nous développer une magnifique histoire, prenante, tout en gardant la forme et la légèreté du conte. Rares sont les auteurs capables de tels faits d’écriture. Car c’est aussi cette légèreté qui va aider le lecteur à entrer dans l’histoire, qui va le divertir. C’est d’ailleurs bel et bien là la clef du succès de Pierre-Fendre : parvenir à intriguer avec cette histoire étrange, tout en rendant l’ensemble agréable à lire, sans prise de tête. Autant je suis capable d’apprécier un roman au style très profond et complexe que la plume de Brice avec sa simplicité m’a clairement séduit. Attention ne comprenez pas ce que je ne dis pas ! Ce roman est merveilleusement écrit, probablement même plus travaillé que beaucoup au niveau du style d’ailleurs. Le final qui nous est d’ailleurs proposé est tout simplement de toute beauté et conclut parfaitement un roman des plus atypiques.

Avec Pierre-Fendre, Brice Tarvel revient sur le devant de la scène, et ce n’est clairement pas pour creuser sans fin dans la muraille. On sent que son roman est travaillé aux petits-oignons et on sent d’ailleurs bien la patte de l’éditeur qui a l’amour des belles lettres. Ce roman sera en tous cas, a n’en pas douter, l’un des points forts de la rentrée littéraire de l’imaginaire qui s’annonce…

Pierre-Fendre
Brice Tarvel
Les Moutons Électriques

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