J’ai beaucoup entendu de choses sur le nouveau roman de Jean-Philippe Jaworski et c’est donc avec curiosité que je voulais le découvrir. N’ayant jamais rien lu de cet auteur mais ayant lu d’excellents commentaires de Gagner la Guerre et Janua Vera, j’étais d’autant plus curieux d’entrer dans l’univers de celui qui est présenté comme l’un des grands auteurs de la scène française.
La couverture est sobre et même si le packaging a l’air alléchant je ne pourrai en dire plus, ayant découvert ce texte en numérique. L’aspect antique de l’objet mis en avant sur la couverture, probablement un haut de bannière celte, a su me mettre dans une bonne disposition puisque c’est dans ce type d’univers que nous allons évoluer… La quatrième de couverture nous informe un peu plus sur ce que l’on va découvrir dans ces pages :
Je m’appelle Bellovèse, fils de Sacrovèse, fils de Belinos. Pendant la Guerre des Sangliers, mon oncle Ambigat a tué mon père. Entre beaux-frères, ce sont des choses qui arrivent. Surtout quand il s’agit de rois de tribus rivales… Ma mère, mon frère et moi, nous avons été exilés au fond du royaume biturige. Parce que nous étions de son sang, parce qu’il n’est guère glorieux de tuer des enfants, Ambigat nous a épargnés.
Là-dessus, le temps a suivi son cours. Nous avons grandi. Alors mon oncle s’est souvenu de nous. Il a voulu régler ce vieux problème : mon frère et moi, il nous a envoyés guerroyer contre les Ambrones. Il misait sur notre témérité et notre inexpérience, ainsi que sur la vaillance des Ambrones. Il avait raison : dès le début des combats, nous nous sommes jetés au milieu du péril. Comme prévu, je suis tombé dans un fourré de lances. Mais il est arrivé un accident. Je ne suis pas mort.
J’ai toujours apprécié les romans mettant en avant les univers celtes, notamment depuis mes lectures de Stephen Lawhead (oui ça commence à dater…). Peu d’auteurs français, hormis Nathalie Dau, que j’ai eu l’occasion de lire, se sont attaqués à un tel pan de notre histoire alors qu’il y a clairement une matière impressionnante à traiter. Le piège est de tomber dans le « too much » et de créer une surenchère de magie druidique, de combats sanglants irréalistes,… Mais Jean-Philippe Jaworski parvient à ne même pas effleurer cet écueil, son roman se plaçant dans un cadre historique aussi strict que possible mais néanmoins doté d’une petite parcelle de magie. Bref, il parvient à créer une alchimie pourtant assez complexe à mettre en place.
Scénaristiquement, l’ensemble se tient parfaitement et Jean-Philippe Jaworski nous emmène sur les traces d’un héros attachant, au destin complexe s’il en est. Une grande balade dans les mondes celtiques, empreinte de batailles et de spiritualité. L’ensemble est donc bien construit mais j’ai regretté la présence de pas mal de ralentissements et de longueurs qui, sans être dues aux qualités stylistiques de l’auteur, viennent un peu trop impacter le rythme général du récit à mon goût. Malgré cela, on sent que Jean-Philippe Jaworski maîtrise son sujet de bout en bout, qu’il ne laisse aucune place aux hésitations ou aux approximations, ce qui est par ailleurs très agréable.
Stylistiquement, l’ensemble est vraiment très soigné, agréable à lire et surtout particulièrement adapté à l’époque décrite. En effet, nombre de mots typique du champ lexical et du vocabulaire celtes (pour ce que l’on en connaît étant donné qu’il s’agissait avant tout d’une tradition orale) sont repris ici et donnent une crédibilité à l’ensemble. Jean-Philippe Jaworski nous propose donc une plume assurée, montrant qu’il maîtrise parfaitement son propos.
Même pas mort part d’un postulat intéressant et développe un récit passionnant et immersif qui, malgré quelques lenteurs, trouve son rythme. Cela m’a fait penser à une balade sur le dos d’un cheval, avec des changements d’allure, un paysage magnifique et une excellente compagnie. J’ai en tout cas réellement hâte de découvrir la suite, à paraître en 2014 car Jean-Philippe Jaworski a su confirmer son statut de plume française à suivre absolument.
Même pas mort
Rois du Monde Première branche
Jean-Philippe Jaworski
Les Moutons électriques
23 €
Bonjour, une précision : sur la couverture c’est une fibule (un genre d’épingle à nourrice qui servait à attacher les vêtements) penannulaire irlandaise et à priori du 7e siècle de notre ère. C’était le moment culture, à vous les studios ;)
Merci beaucoup pour la précision, c’est toujours bon à savoir :)