L’affaire Jonathan Harker – Krine T2 – Stephane Tamaillon

Après avoir dévoré le premier tome des aventures de l’inspecteur Krine (voir chronique Les pilleurs de cercueils), j’attendais avec impatience de lire la suite et de retrouver l’univers follement steampunk du Londres inventé par Stéphane Tamaillon. Ce deuxième tome, bien plus sombre et plus complexe que le premier, s’adresse tout particulièrement aux amateurs du genre.

Londres, 1890. Le détective Hector Krine est engagé par Abraham Stoker, l’administrateur du plus grand théâtre de la ville, pour enquêter sur des vols mystérieux commis durant les représentations. Mais l’affaire ne s’annonce pas de tout repos. Au cours de ses investigations, Krine va croiser l’homme invisible, des vampires, déjouer un attentat contre la reine et faire face à une révolte des Grouillants.

Le deuxième volet, plus steampunk que jamais, des enquêtes d’Hector Krine.

Avant de vous livrer mon analyse, un petit éclaircissement s’impose. Steampunk ? Que voulez-vous dire par là ? Bien qu’il se soit de nos jours étendu à d’autres terrains (graphisme, jeux de rôles), le steampunk est à l’origine un courant littéraire né dans les années 80 et dont le nom a été inventé par l’auteur K.W.Jeter et quelques amis écrivains anglo-saxons qui produisirent les premiers romans de ce style.  Le genre, sous-catégorie de la SF uchronique, s’intéresse à l’interaction hommes/machines dans  un univers industriel. Les récits se déroulent pour la plupart dans un passé fantastique situé dans la société industrielle du XIXème siècle et plus particulièrement dans le Londres victorien. Des personnages historiques ou romanesques participent à des histoires souvent policières intégrant de nombreux anachronismes techniques et des créatures surgies des contes et légendes comme les loups garous, les vampires et autres joyeusetés.

Le contexte étant éclairci, un mot tout d’abord sur la couverture du tome 2 que l’on doit également à à Benjamin Carré. Tout comme pour le premier tome, rien d’extraordinaire mais un ensemble parfaitement cohérent qui définit les aventures de l’inspecteur Krine comme une série. Le rouge de Krine sur un fond sombre et urbain donne le ton : enquête policière fantastique dans le contexte victorien.

Le premier volet des aventures de Krine était un roman typiquement jeunesse avec une histoire relativement linéaire et une mise en place progressive des personnages et des éléments du décor. On découvrait alors un inspecteur grouillant refoulé – refusant d’utiliser ses talents extraordinaires – aux prises avec des créatures de la nuit (goules, loups garous…) et avec des forces de l’ordre véreuses. Le second tome est plus complexe, plus fouillé et surtout beaucoup plus sombre. Les grouillants qui peuplent le Londres imaginaire sont au bord de la révolte, lassés par la répression constante et menés par des personnages dont les motifs ne sont pas aussi clairs qu’ils n’en ont l’air. Partant d’une banale enquête sur un pickpocket invisible, l’inspecteur Krine va se trouver entraîné dans une histoire de complot contre la reine et se voir dévoiler ses propres origines. Impossible d’en révéler plus sans déflorer l’intrigue.

Ce qui m’a une fois de plus conquise dans ce roman, c’est l’ambiance sombre des bas-fonds londoniens ainsi que le constant mélange des éléments fantastiques et des éléments historiques. C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé Henry Jekyll et le Sphinx et découvert de nombreux autres personnages secondaires (ils foisonnent !) tels l’homme invisible, d’anciens dieux égyptiens, un serviteur indien de la reine, les Grées de la Grèce antique… L’excellente postface de l’auteur est particulièrement utile pour décoder toutes les références de Stéphane Tamaillon.

On pourrait enfin reprocher à l’auteur de broder sur la mode vampires qui régit le marché du livre jeunesse – ce dont il se défend dans la postface. Mais là encore, les vampires de Stéphane Tamaillon sont si originaux que l’on ne peut lui en vouloir.

Pour conclure, je recommanderais ce livre plutôt en lycée qu’en collège et sans restriction pour un public adulte. Je n’ai qu’un seul regret, que le personnage de Matthew passe quelque peu au second plan dans ce volume. Le troisième tome des aventures de Krine, Le maître des hybrides, dernier du cycle Matthew, devrait bientôt me consoler et me donner l’occasion de replonger dans l’univers étrange de Stéphane Tamaillon.

L’affaire Jonathan Harker

Krine  T2

Stéphane Tamaillon

Gründ romans, 2011

 17,14 €

 

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