Sorcières et Sortilèges – Les Enfants de Walpurgis (Coll.)

Aujourd’hui, je vous propose une anthologie un peu atypique puisqu’il ne s’agit ni plus ni moins que celle d’un collectif qui a décidé de proposer leurs textes sur une thématique imposée : Les Enfants de Walpurgis. Cette nuit du 30 avril au 1er mai était considérée comme la nuit du Sabbat pour les sorcières et donc le fait retrouver une anthologie intitulée Sorcières & Sortilèges issue du collectif Les Enfants de Walpurgis est assez sympathique. Cela dénote que les auteurs sont pour le moins dans leur thème et cela promet de bonnes heures de lecture.

Une fois n’est pas coutume, et pour une anthologie telle que celle-ci la coutume devient vite un rituel… commençons avec la couverture. Elle est signée par Cécile Guillot, l’une des auteures, et représente assez bien l’ensemble de l’anthologie : une femme encapuchonnée de noir avec des yeux particulièrement effrayants qui vous regardent avec insistance… Personnellement, je trouve que l’illustration est trop numérique, mais cela reste à mon goût. Malgré tout, je persiste en disant qu’elle a le mérite de nous emmener bien loin, c’est-à-dire au centre même du sujet : les sorcières.

N’étant pas un grand fan des préfaces longues et soporifiques j’ai été ravi de voir que Peggy van Peteghem proposait une présentation relativement courte de cette anthologie. Mais cette brièveté est-elle signe d’efficacité ? Dans le cas présent oui. Présentant le collectif, mais aussi nous parlant individuellement des nouvelles et de leurs auteurs, elle place tout le monde dans l’ordre et c’est avec grand plaisir que je l’ai lue, ne ressentant aucun ennui, tant s’en faut…

Mais le cœur du sujet sont les nouvelles de cette anthologie. Et pour cela ce ne sont pas moins de neuf auteurs qui vous proposent leur vision de la sorcière : Ambre Dubois, Angélique Ferreira, Marianne Gellon, Céline Guillaume, Alexis Lorens, Bettina Nordet, Stéphane Soutoul, Vanessa Terral. Voici le quatrième de couverture pour vous mettre en jambes avant le marathon décisif :

L’imagination s’envole au murmure du mot « sorcière », que l’on y songe en belles et sages fiancées des dieux anciens ou en vieilles acariâtres à l’âme ratatinée par la marque du Diable. Elles ont accompagné nos premières peurs, trop immenses pour le placard à balais, notre adolescence aux fantasmes de filles de feu liées à la Grande Mère et l’émergence de l’adulte avec ces rumeurs émoustillantes de courses-poursuites en compagnie du Dieu cornu…
« Nos sorcières, celles du peuple et des poètes, ces femmes qui auront toujours une place dans le foyer de notre imaginaire, sont tout cela et bien plus encore. Neuf auteurs – neuf, triple nombre spirituel que l’on compte en prophétesses échevelées dans Macbeth, reflets décadents des Moires et autres Nornir sacrées – ont tissé pour vous des sortilèges d’encre et de mots, autant de talismans qui vous dévoileront le Mal pour mieux vous en protéger. Car celui-ci, insidieux par essence, ne se trouve pas toujours là où on le croit !
Ces neuf récits invoquent des monstres d’égoïsme et de puissance, des adolescentes émerveillées et naïves, des mondes où la magie, reconnue par tous, s’enseigne ou se combat, d’autres où elle se tait et ruisselle à l’ombre du quotidien.
Le verbe des sorcières est une parole envoûtante, qu’elles soient guérisseuses d’innocentes défuntes, dirigeante d’une agence d’escorte boys, danseuse de pluie éprise des forces tutélaires, fillette ingénue sous la coupe d’un adulte malfaisant, jeune apprentie en la cité de Camelot, dame seigneuriale à la beauté d’albâtre et à la volonté de fer, justicière vaudoue en mission à Bordeaux ou meurtrière de meuniers sans histoires.
Vous laisserez-vous conter leurs charmes et leurs merveilles, au risque de vous retrouver… ensorcelé ? »

Voici un petit commentaire sur chacun des textes afin que vous ayez une meilleure idée de ce que vous trouverez dans ces pages (dans l’ordre du sommaire, s’il vous plaît, ou presque…) :

Marianne Gellon avec La Demoiselle d’Oakwood enjôle le lecteur avec sa sorcière-sauveuse de l’homme. Cette vision de la thématique pouvant paraître surprenante n’en est pas moins fort sympathique et vient trancher avec d’autres plus attendues.

Bettina Nordet décroche la palme du texte le plus surprenant. J’ai été réellement désarçonné par son histoire d’entreprise de sorcières et son final particulièrement bien ficelé. Même si l’on peut aisément prédire la conclusion de la nouvelle, l’auteure parvient à nous épater par son sens du détail. Je n’en dirais pas plus pour ne pas déflorer sauvagement Sorceress’ Business.

Stéphane Soutoul et son texte intitulé Un deuil pour vengeance sont beaucoup plus naturels avec une histoire de danseuse lunaire au destin digne d’être vécu. La Forteresse de Nilhm d’Alexis Lorens est le texte le plus ancré dans la fantasy qui nous est proposé. Intéressant avec sa reine sorcière et tortionnaire, mais sans plus. En fait j’ai un peu été déçu par les auteurs masculins de cette anthologie, peut-être parce que je m’attendais plus à des visions de femmes sur ce thème. Ces deux textes restent malgré tout très bons.

Ambre Dubois avec Jeux d’enfants décroche ici le titre, très personnel, que je donne informellement de meilleure nouvelle de l’anthologie. Son histoire de pacte diabolique servi par son écriture fluide et clairement ancrée dans un style XIXème de bon aloi vous invitera à un voyage au danger très présent, en sortirez-vous intact ? Là est toute la question…

Mille et Une Senteurs d’Angélique Ferreira est une bonne nouvelle même si elle joue un peu trop sur les clichés. Je vous rassure de suite son texte ne perd pas en crédibilité, loin de là même, mais cela peut étonner le lecteur qui n’aurait pas été prévenu.

Vanessa Terral pour sa part nous propose une sorcière aux relents de soufre vaudou, empreinte de traditions ancestrales, décrite et rendue à la vie avec une plume sérieuse et agréable. Le Miroir au fond du puits est une nouvelle d’un excellent niveau que le lecteur serait bien idiot d’ignorer.

Le texte de Cécile Guillot renoue avec la tradition magique et sa transmission dans une nouvelle intitulée Cœur de cristal qui est particulièrement passionnante, mais où la fin m’a finalement peu surpris. J’ai donc passé un excellent moment en sa compagnie, mais la conclusion m’a légèrement gêné.

Céline Guillaume nous offre une sorcière « classique » à travers Le Mystérieux Chat du moulin. Ce texte aux fortes qualités littéraire fait partie des plus appréciables de cette anthologie. Avec son style très aérien et féérique, elle nous invite à suivre son héroïne dans son univers issu d’un lointain passé. Une excellente conclusion finalement assez classique pour cette anthologie.

Sorcières et Sortilèges est donc l’une des meilleures anthologies de 2010 et cela pour trois raisons : premièrement, c’est un collectif qui la publie et il faut un certain courage pour lancer une anthologie sans réelle structure éditoriale derrière, ce qui mérite un chapeau bas très sincère. En deuxième vient le fait que le niveau général des nouvelles est excellent et l’on n’est à aucun moment déçu de sa lecture. J’ai peut-être été surpris par les visions masculines de la sorcière, mais l’ensemble est très cohérent. C’est d’ailleurs le troisième point important puisque nous avons ici un spectre très large des visions que l’on peut avoir de la sorcière, le tout formant un agglomérat harmonieux aux images de la jeune femme de la couverture… Jetez-vous sur cette anthologie afin de soutenir le collectif des Enfants de Walpurgis, ils le méritent vraiment, le lien vers l’achat en ligne de l’ouvrage se trouvant au bas de cet article.

Sorcières et Sortilèges
Les Enfants de Walpurgis (Collectif)

16,20 €

Comme vous ne verrez que peu ce livre en librairie voici le lien pour l’acheter :

Sorcières et Sortilèges

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