Romantasy efficace, addictive, avec une héroïne déterminée et un univers intrigant.

Jahi est la première femme du royaume de Khanuria à avoir accédé au pouvoir suprême en devenant reine.
Mais depuis qu’elle a aboli l’esclavage et rompu avec des siècles de tradition, elle doit lutter pour assurer sa position. Et l’hostilité des hommes n’est pas le seul obstacle. Un mystérieux fléau s’est abattu sur la capitale, et des monstres sanguinaires jaillissent des cryptes pour attaquer ses citoyens. Partout, la rumeur enfle : les dieux puniraient-ils le royaume pour avoir une reine à sa tête ?
Au même moment, Ramsès, l’ancien amant de Jahi, surgit des ombres après des années d’exil. Avec ses beaux yeux de jade, il provoque chez elle un désir brûlant autant qu’une colère incandescente. Pourtant, il semble vouloir mettre sa puissante magie à son service. Sa dévotion est-elle sincère ou cherche-t-il aussi à la manipuler ?
Avec La Tour des Immortels, Orlane Gray signe une romantasy ambitieuse et immersive. L’autrice s’empare de la mythologie égyptienne pour en faire le socle d’un univers fantasy dense, élégant et profondément envoûtant. Le monde de Khanuria est vivant. Il brûle d’un passé sacré, d’une tension politique permanente et d’un héritage religieux étouffant. Et c’est dans ce monde au bord du chaos qu’Orlane Gray place une femme seule sur un trône qu’on voudrait lui arracher.
L’univers de ce roman s’impose par sa richesse : une capitale bâtie sur les vestiges d’un pouvoir ancien, des cryptes souterraines scellées par des commandements divins, une Tour qui semble hors du temps, à la fois prison, sanctuaire et tombe.
Une fantasy incarnée, sensuelle, marquée par le sacré et le sable.
La dimension mythologique est omniprésente, et c’est ce qui fait la force de ce roman. La magie n’est pas une commodité, elle est redoutée. Elle puise dans les tréfonds des croyances.
La Tour des Immortels s’ouvre sur une tension politique forte : Jahi, première femme à accéder au trône de Khanuria, règne dans un climat d’hostilité généralisée.
Elle est une héroïne fascinante. Ce n’est pas une guerrière intrépide, ni une stratège froide. Elle est une femme politique, une reine humaine. Elle se tient droite dans une tempête qui la dépasse, entourée d’ennemis, trahie par son propre peuple, et pourtant elle avance. Elle doute, elle chute, mais elle décide.
Et puis, bien sûr, il y a Ramsès.
Ancien amant. Sorcier redouté. Leur relation est à couper le souffle, non pas parce qu’elle est flamboyante, mais parce qu’elle est inachevée. Elle vibre de tout ce qui a été et ne sera peut-être plus. Pas de coup de foudre ici : on est dans l’après. C’est une romance de silences lourds et de regards en coin. Une romance où chaque rapprochement est un risque, chaque mot un piège, chaque souvenir une lame retournée. Et pourtant, on sent que leurs chemins se croisent encore parce qu’ils ne peuvent faire autrement.
La force de cette romance, c’est qu’elle ne cherche jamais à éclipser le récit. Elle s’y insère comme un fils rouge, discrète mais vitale. Elle influence les décisions, fragilise les convictions, mais ne détourne jamais l’intrigue principale.
Le style d’Orlane Gray est fluide, ponctué de touches poétiques qui viennent enrichir la lecture. L’atmosphère lourde et mystérieuse est palpable pour le lecteur. Le roman est parfaitement rythmé, pas de temps mort ni de longueur. La montée en tension est constante avec une résolution satisfaisante.
C’est une œuvre qui ne sur-explique pas ses mystères, qui laisse des zones d’ombres, parfois frustrantes, mais juste pour l’intrigue.
Les personnages secondaires méritent aussi d’être soulignés, ils apportent chacun une teinte différente à l’intrigue. Certains auraient pu bénéficier d’un développement plus complet dans leur dilemmes personnels, mais dans l’ensemble, ils contribuent à offrir à l’histoire une épaisseur politique et émotionnelle convaincante.
La Tour des Immortels est un roman qui ne ressemble à aucun autre dans le paysage de la romantasy francophone. L’autrice y développe un univers riche, une ambiance mystique et une héroïne inoubliable. C’est une lecture qui marque, qui questionne, qui charme. Une œuvre aussi politique que poétique, aussi féminine que féroce.
Si vous aimez les univers mythologiques, les héroïnes puissantes sans être parfaites, les romances tendues et les royaumes qui vacillent sous le poids des traditions, ce roman mérite amplement sa place dans votre bibliothèque.
Moi qui ne suis pas super attiré par la mythologie égyptienne, la chronique m’a bien donné envie de lire le livre !
J’ajoute tout de suite à la TBR !!