Un roman captivant, qui revient à une science-fiction plus classique.
Quand Cora revient à elle, seule et amnésique, dans une vallée cernée par quatre murs réfléchissants infranchissables, elle comprend qu’elle est prisonnière. Elle découvre bientôt que d’autres humains survivent dans ce terrarium, ignorants comme elle de la manière dont ils y sont arrivés.
Tandis que tous cherchent à comprendre leur situation, des souvenirs commencent à ressurgir. Les prisonniers du terrarium ont participé à une mission de validation de l’habitabilité d’une planète, Kerana, sur laquelle ils ont, par accident, déclenché un mécanisme alien extrêmement dangereux, et qui pourrait être lié à leur situation présente.
Les questions se multiplient : où sont-ils ? Qui les détient ? Et depuis combien de temps ? Pour Cora, une seule chose est sûre : des réponses l’attendent, hors du terrarium.
Des schémas narratifs qui se répètent
C’est avec plaisir que je me suis plongée dans ce nouveau roman de R. Benassaya. Et si ce volume peut se lire indépendamment de ses prédécesseurs, les initiés y reconnaîtront néanmoins certains schémas. Terrariums prend place dans le même univers que les récits précédents : un futur éloigné de plus d’un millénaire, où les voyages spatiaux à très grandes distances sont rendus possibles grâce à une découverte vieille de plusieurs siècles. On y retrouve notamment une alternance entre plusieurs arcs temporels, des personnages à la psychologie basique mais efficace qui s’éveillent au sein d’un milieu inconnu, un couple biologiste – combattant creusé par les désaccords, l’importance de la famille et enfin la présence d’artefacts inexpliqués. Autant d’éléments qui fonctionnaient très bien jusque-là, et qui continuent de faire mouche. En revanche, inutile de s’attendre à une éventuelle poursuite des aventures de Pyramides : il n’en sera ici pas du tout question.
Un scénario grandiose à la narration vertigineuse
Sur plus de 500 pages, l’auteur nous transporte à travers le temps et l’espace. On y voyage d’une époque à l’autre, de planète en planète, portés par un rythme qui ne laisse pas de temps morts. Les chapitres se dévorent, le lecteur semble constamment sur le point de faire une découverte fondamentale. Une fois de plus, ça fonctionne très bien. Benassaya y déploie la complexité d’un K. Dick et la démesure cinématographique d’un C. Nolan. La richesse de son univers est vertigineuse, le récit grandiose. Terrariums nous en met plein la tête.
Plus de fiction et moins de science
J’avais adoré Pyramides et La dernière arche. J’avais adoré le mystère, les incertitudes, les questions sans réponse. Les implications énormes soulevées par le scénario, et la frustration de ne pas en savoir davantage. J’avais adoré tout cela, cette science-fiction qui s’ignore et qui flirte avec le fantastique dans ce qu’il a de plus séduisant. Force est de constater cependant que je n’ai pas retrouvé ce qui, pour moi, contribuait grandement à cette originalité. Certes, le scénario est digne d’un film hollywoodien, il nous tient en haleine d’un bout à l’autre sans faillir ni décevoir. Mais c’était peut-être un peu trop pour moi, qui suis habituellement peu adepte d’une science-fiction plus classique. Ici, l’espace ne se mesure pas en planètes mais en galaxies ; le temps se compte en millénaires et la distance en années lumières. La fiction est inventive mais à mes yeux peu crédible sur un plan plus scientifique, là où les tomes précédents contournaient habilement cet écueil avec des explications moins techniques, plus mystérieuses, parfois laissées sans réponse. Tout y est trop expliqué, trop résolu, trop évident.
Alors que les récits précédents de l’auteur restaient pour moi dans le champ des possibles, je n’ai pas réussi à envisager ce futur de façon réaliste.
Je ne doute pas cependant que ce roman captive les véritables amateurs de science-fiction.