Lamb – Valdimar Johannsson

LES + :

  • Une histoire audacieuse
  • Une très belle photographie
  • Une Noomi Rapace parfaite

LES – :

  • Pas forcément une œuvre grand public

Coupés du reste du monde, Maria (Noomi Rapace) et Ingvar (Hilmir Snaer Guônason) élèvent des moutons en pleine nature islandaise. Le couple doit vivre avec le traumatisme d’avoir perdu leur enfant. C’est alors que l’impossible se produit : une de leurs brebis donne naissance à un bien étrange agneau…

Lamb, sorti en 2021, est le premier long-métrage du réalisateur islandais, Valdimar Johannsson. Et pourtant ce dernier a un cv long comme son bras en tant que technicien caméra et effets spéciaux. Il a notamment travaillé sur de très gros bébés américains tels que Oblivion (2013) Rogue One (2016) ou plus récemment The Tomorrow War (2021). Le monsieur a même travaillé sur plusieurs épisodes de Game of Thrones, toujours en tant que technicien. Autant dire que Johannsson est un polyvalent, un touche-à-tout du cinéma, et que donc, logiquement, il a voulu s’essayer à la réalisation.

Pour ce faire, quoi de mieux que de retourner chez lui, en Islande, pour nous raconter une histoire où réalisme contemporain et conte folklorique très ancien, où, tout simplement, l’Homme et la Nature, doivent cohabiter ? Cette dernière est la vraie star du film d’ailleurs. Vastes, sublimes et un peu inquiétants, les paysages islandais soulignent la petitesse et l’insignifiance humaine. La rencontre entre modernité et mythes anciens est un thème qui revient d’ailleurs souvent dans le cinéma scandinave. On pense à des films tels que Border (2018), The Giant (2016) ou, dans une moindre mesure à Morse (2008). Toutefois Lamb se distingue des films cités ci-dessus en associant mythe nordique et symbolique chrétienne très marquée (l’agneau, Maria, la maternité etc..). L’affiche du film est très claire là-dessus.

Dans Lamb, l’élément fantastique est sobre, mais ô combien omniprésent ! Le cadre du film, extrêmement réaliste, naturaliste, austère, rend l’apparition du surnaturel encore plus déstabilisante. Et ce sentiment d’étrangeté est encore plus exacerbé par la réalisation contemplative de Valdimar Johannsson et par l’utilisation du silence. Car, oui, le film est taiseux. Ce qui est assez courant dans le cinéma nordique. Il faut y voir aussi peut-être, en ce qui concerne Lamb spécifiquement, l’influence de Bela Tarr (ici présent en tant que producteur) grande figure européenne du cinéma d’auteur pas bavard du tout.

Impossible de passer ici sous silence la prestation de Noomi Rapace. Outre sa connaissance de la langue islandaise, l’actrice suédoise se révèle très juste et magnétique dans ce rôle, et ce, même si son personnage ne mérite pas toujours l’empathie du public comme on aurait pu le penser initialement. À noter que Noomi n’en est pas à son premier personnage de mère traumatisée, puisqu’elle avait déjà joué dans Babycall, film suédois de 2011. Mais bon, outre ce point commun, les deux personnages ne sont pas vraiment comparables. Il est bon en tout cas de voir l’actrice revenir à des projets scandinaves.

CONCLUSION 

Qu’on le mérite ou non, la Nature donne généreusement et reprend parfois sans pitié. Voilà peut-être ce que nous dit le final surprenant et énigmatique (allez savoir !) de Lamb. L’Homme et la Femme ont beau avoir beaucoup souffert, ils ont beau s’efforcer courageusement à construire leur bonheur, rien ne leur sera pardonné s’ils ne sont pas humbles et respectueux envers la Nature. Amateurs de cinéma différent et mystique, ce film est taillé pour vous.

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