Seuls – David Moreau

Les + :

  • une belle ambiance fantastique
  • une réalisation et des effets maîtrisés
  • des personnages attachants

Les – :

  • un point de vue absent
  • un “méchant” inutile
  • une fin bâclée

Leïla, seize ans, se réveille en retard comme tous les matins. Sauf qu’aujourd’hui, il n’y a personne pour la presser. Où sont ses parents ? Elle prend son vélo et traverse son quartier, vide. Tout le monde a disparu. Se pensant l’unique survivante d’une catastrophe inexpliquée, elle finit par croiser quatre autres jeunes : Dodji, Yvan, Camille et Terry. Ensemble, ils vont tenter de comprendre ce qui est arrivé, apprendre à survivre dans leur monde devenu hostile. Mais sont-ils vraiment seuls ?

Sorti en 2017 et adapté de la BD éponyme, le film de David Moreau, malgré de nombreux défauts, prouve cependant que le film de genre français existe bel et bien.

Si le début du film est un peu chaotique, notamment avec de jeunes acteurs qui ne jouent pas très bien, on est vite pris dans l’ambiance proposée par Moreau et notamment cette vision de la ville et de cités désertes. Les grands plans d’ensemble très réussis nous montrent la ville telle est qu’elle est réellement : sale, grise et bétonnée. Si ce n’est pas le sujet du film, on voit bien qu’il y a un décalage entre la vie insufflée par ceux qui (ne) l’habitent (plus) et la ville en elle-même (et notamment les cités) dénuée de tout charme.

On se prend rapidement d’attachement pour Leïla interprétée par Sofia Lesaffre qui d’ailleurs est celle qui joue le mieux. Le petit groupe qui se construit par la suite fonctionne bien et les séquences à l’hôtel permettent de mieux comprendre la personnalité de chacun tout en ajoutant des touches d’humour bien dosées.

On rit finalement pas mal dans un monde pourtant inhabité et envahi par un énorme nuage brûlant. Explosion d’une usine ? Bombe atomique ? Particules fines ? Le mystère est parfaitement entretenu et joue à merveille avec les codes du film catastrophe en maintenant un suspens très anxiogène.

Ce mélange bienvenu entre humour, “teens road movie” et film catastrophe est ce qui donne tout son sel à Seuls. D’autant plus que le twist final est vraiment bien trouvé !

Malheureusement, le film aurait pu être une réelle réussite si seulement la fin n’était pas aussi… catastrophique ! Toute cette histoire autour du Maître des Couteaux ne fonctionne absolument pas et vient gâcher la déambulation du groupe d’ados qui comprennent rapidement qu’ils ne peuvent pas sortir de la ville. Pourquoi avoir ajouté un psychopathe alors que le nuage était un ennemi suffisant (et bien plus effrayant, car inhumain et incompréhensible) ? La toute fin (après le twist) est incompréhensible et donne une tournure religieuse au film totalement malvenue : le réalisateur semble soudain oublier à qui s’adresse son film. Et c’est bien là tout le problème, car impossible de déterminer le point de vue de l’artiste ; la fin n’ayant aucun rapport avec le reste du film. On est un peu sonné, mais surtout déçu une fois passé le nuage…

A souligner également la bande-son très réussie de Robin « Rob » Coudert (à qui l’on doit notamment la musique originale de la série Le bureau des légendes).

CONCLUSION

Oui, Seuls a plein de défauts, le plus embêtant étant la fin du film qui casse complètement toute la mise en place. Le point de vue du réalisateur se perd dans gloubi-boulga de thématiques, mais la réalisation de Moreau, le travail esthétique et la musique réalisés pour ce long-métrage nous plonge dans une belle ambiance fantastique. Encore une fois, il serait dommage de dénigrer le film de genre français (Le Pacte des loups, Mutants, Dans la brume, Hostile), car les prises de risques existent, même si elles restent encore trop timides. Seuls est donc un bon exemple  de fantastique français pour un résultat en demi-teinte, mais pas aberrant.

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