Entretien avec les membres de Sanctuary à l’occasion de la sortie de Resilience

Le nouvel album de Santuary, Resilience, a su me convaincre que les parisiens étaient capables de proposer un black metal efficace, prenant et immersif. J’ai donc posé quelques questions au trio, afin d’en savoir plus sur la conception de l’album, leurs projets, mais également sur eux…

Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Est-ce que vous pouvez tout d’abord vous présenter et nous expliquer ce que vous faites dans Sanctuary ?

Antoine : Co-fondateur, guitariste et chanteur

Julien : Batteur, co-fondateur (et accessoirement frère d’Antoine)

Sonny : Bassiste

Comment en es-tu venu au metal, à la fois en tant que fan et en tant que musicien ? Et pourquoi plus particulièrement le Black ?

Antoine : J’ai commencé à écouter du rock/metal à l’adolescence. Avant j’écoutais plutôt du rap/r’n’b à la radio : Eminem, ce genre de choses… Mais je n’avais pas encore développé mes propres goûts, j’écoutais plutôt ce qu’on mettait à ma disposition. Puis, je suis entré dans le metal par Linkin Park, je crois, et je suis vite passé à l’aspect plus énervé de la scène neo metal avec Slipknot et Korn. Puis, de fil en aiguille, j’ai écouté des choses de plus en plus extrêmes : thrash (Metallica, Slayer), black mais pas vraiment du “true”, plutôt Dimmu Borgir, Children of Bodom et un peu Cradle, donc des groupes avec du clavier, essentiellement. Et plus tard, du groove (Pantera, Lamb of God…), du death et des trucs plus extrêmes comme Behemoth. J’apprenais à jouer les morceaux des groupes que j’aimais, donc mon évolution en tant que guitariste est assez corrélée à l’évolution de mes goûts en tant que fan.

Julien : Mon parcours musical est pareillement identique à Antoine, dans la mesure où je faisais tout comme mes grands frères, mais avec 6-7 ans de moins. C’était marrant d’évoquer Korn ou Children of Bodom à mes camarades de CE2 qui ne comprenaient vraiment pas le délire.

Sonny : J’ai commencé à écouter du rock/metal assez jeune grâce à mon père qui est un grand fan de Thrash et de Hard Rock et qui avait une grande collection de CDs dans laquelle je piochais. J’ai commencé avec du rock et du metal traditionnel (AC/DC, Metallica, Iron Maiden) avant d’écouter d’autres styles dans mon adolescence. C’est justement à cette période que j’ai commencé à développer mes propres goûts et à écouter beaucoup de punk, de metal progressif, puis d’autres genres de musique proches de ces deux styles. Comme Antoine, j’apprenais la musique que j’écoutais, donc mon parcours de bassiste est lié à l’évolution de mes goûts musicaux.

Resilience est le second album du groupe. Comment s’est passée sa composition ? Qui compose la musique et qui écrit les paroles ?

Antoine : L’écriture de Resilience s’est pas mal étalée dans le temps. Certains morceaux datent déjà un peu et ont été joués sur scène à plusieurs reprises (Mental Battlefield et Rise of The Unpossessed Self notamment), tandis que d’autres sont beaucoup plus récents (la composition de I, The Resilient s’est terminée début 2020). Le processus de composition a été impacté par l’évolution du groupe lui-même. En effet, François, ancien claviériste (qui est aussi notre frère et cofondateur de Sanctuary), a quitté le groupe en 2018. Les premiers morceaux de Resilience ont été écrits avec lui. Nous composions tous les deux et Julien apportait ses arrangements rythmiques. Suite au départ de François, je suis devenu le compositeur principal, mais Julien a apporté une contribution plus importante aux morceaux.

J’ai écrit l’intégralité des paroles de Resilience. C’est un album assez introspectif. Les textes sont inspirés de mes ressentis et d’expériences personnelles.

D’où viennent les idées pour les morceaux ?

Antoine : D’un point de vue instrumental, les idées viennent essentiellement de ce que j’écoute. Je trouve tel riff ou tel arrangement génial et parfois j’essaie de le retrouver d’oreille. Souvent, c’est approximatif, mais ça donne naissance à quelque chose de nouveau, ça fait émerger d’autres idées. Parfois, les idées viennent d’improvisation sur mon instrument.

Julien : Il arrive aussi que le processus s’inverse et que je compose d’abord une partie rythmique sur laquelle Antoine greffe les autres instruments.

Ce titre de Resilience est-il voulu comme évoquant le fait que le groupe persévère malgré les difficultés à se faire connaître pour les groupes français ?

Antoine : Non, pas du tout. Resilience est un concept album, et le mot (qui est utilisé dans divers domaines) est à entendre dans sa connotation psychologique. Dans cet album, il faut voir la résilience comme le processus par lequel l’individu parvient à refaire émerger un moi sain, après avoir combattu ses démons intérieurs, responsables d’une vision déformée et dégradée de sa personne.

Pourquoi avoir choisi une photo pour illustrer l’album ?

Antoine : J’ai assez naturellement eu envie de mettre le concept en photo. Comme l’album est introspectif, il apparaissait comme évident de nous mettre dessus. Cela apporte un côté organique, réel. L’idée a plu à tout le monde, alors on s’est lancés. J’ai beaucoup travaillé avec la photographe sur le concept. Elle m’a encouragé à faire de la photo pour l’ensemble de l’artwork, ce que je n’envisageais pas forcément au début. C’était une excellente idée. Derrière, notre graphiste nous a fait un super travail de mise en page, le résultat est top.

Quelle est ta piste préférée de l’album, et pourquoi ?

Antoine : Question extrêmement difficile. Je ne crois pas avoir de morceau préféré. Je trouve qu’ils se complètent par les ambiances qu’ils apportent. Mais pour ne pas totalement botter en touche, je dirais que je suis très fan des morceaux composés le plus récemment (From the Depths, I, The Resilient). Mais c’est plus l’aspect nouveauté qui prime. J’aimais beaucoup les autres au moment de les terminer aussi. Peut-être que From The Depths a une place particulière car c’est le seul morceau que j’ai composé en entier (musique et paroles) et seul. Mais c’est très subjectif, ça n’en fait pas pour autant un meilleur morceau que les autres. Bref, vous êtes durs avec vos questions… :p

Julien : Je ne vais pas beaucoup me démarquer de mon frère en répondant que, moi non plus, je n’ai pas de morceau favori, haha ! Les morceaux les plus récents sont possiblement ceux que j’ai le plus écoutés depuis la fin des mix, mais je prends autant de plaisir à jouer chacun d’entre eux. S’il ne fallait en retenir qu’un, ça dépendrait de mon humeur du jour ; aujourd’hui mon humeur me dicte Ghosts.

Sonny : Alors moi pour le coup, il y en a un que je préfère et c’est Mental Battlefield. Pas parce qu’il est meilleur que les autres mais parce que c’est le morceau qui m’a donné envie de rejoindre Sanctuary à l’époque.

Si on te proposait de faire la première partie d’un groupe demain, ça serait lequel ?

Antoine : Gojira. Je les trouve inspirants, tant musicalement qu’humainement, et je pense que partager la scène avec eux serait une expérience incroyable.

Julien : Je dirais Behemoth. C’est une de nos plus grandes sources d’inspiration, et ils manient l’art du show à la perfection. Et puis, ça ferait une affiche cohérente à mon sens. Mais c’est vrai que Gojira ça claquerait aussi !

Sonny : Comme Antoine. Gojira est une des références qu’on partage tous les trois et ça serait fou qu’on fasse leur première partie.

2020 a été riche en sorties d’albums. Quel serait ton album de l’année, hormis celui de Sanctuary bien évidemment ?

Antoine : alors, en ce qui me concerne, je suis assez déçu des sorties de 2020. J’en attendais plusieurs, qui ne m’ont pas satisfaites, en particulier le nouveau Pain of Salvation (Panther), que je trouve très inégal. J’attendais aussi un album non metal, c’est celui du pianiste de jazz Tigran Hamasyan, mais je n’ai pas accroché du tout. Un album qui tire son épingle du jeu cette année est peut-être celui de Carach Angren. Ce groupe a été une influence importante de Sanctuary, notamment à travers son premier album Lammendam, qui est une petite tuerie.

Julien : Le dernier album d’Avatar, Hunter Gatherer, a été une excellente surprise. Quelques prises de risque, des morceaux parfois imprévisibles et des bons riffs comme ils savent si bien en faire. Un joli cocktail donc ! Mais si toi lecteur, as entendu quelque chose de mieux cette année, je suis tout ouïe ; je suis certainement passé à côté d’excellentes galettes et suis toujours curieux de découvrir de nouvelles choses !

Sonny : La dernière grosse claque musicale que je me suis pris c’était LMF de Freeze Corleone.

Merci pour vos réponses et à bientôt au détour d’un concert !

Julien : Merci pour l’interview et à bientôt (en espérant que les concerts reprennent rapidement) !

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