See you yesterday – Stefon Bristol

Les +:

  • intrigue simple, enjeux forts!
  • humour réussi
  • problèmes raciaux traités de façon très originale

Les -:

  • mon dieu, la fin, la fin!
  • petit ventre mou dans la dernière demi-heure

 

C.J. et Sebastian, deux lycéens passionnés de sciences, passent tout leur temps libre à travailler sur leur dernière invention : des sacs à dos permettant de voyager dans le temps. Quand le frère aîné de C.J. est tué par la police, les deux meilleurs amis décident de mettre leur technologie expérimentale à l’épreuve dans l’espoir fou de sauver Calvin.

Produit par Spike Lee et tiré du court-métrage éponyme du réalisateur, See you yesterday est un petit film sans prétention qui traite des problèmes raciaux aux Etats-Unis de façon originale et intelligente.

CJ (Claudette Josephine!) et Sebastian sont passionnés par la science. Ils ont prévu de présenter leur machine à remonter le temps lors de leur expo de fin d’année, mais quand le frère de Claudette est tué par la police, leur objectif change: comment ramener Calvin sans modifier le passé?

Evidemment, si les machines-sacs-à-dos ne marchent pas, il n’y a pas d’histoire. :-) Mais ce n’est pas là-dessus que se concentre Stefon Bristol qui réussit à introduire un cameo intelligent de… Michael J. Fox évidemment, en bon professeur de sciences qui ne croit pas au voyage dans le temps !

La petite blague passée, Bristol nous entraîne sur un chemin bien plus épineux: les problèmes raciaux dans les quartiers noirs américains; ici Brooklyn. Si le frère de CJ, Calvin, n’est pas une tête, c’est un jeune homme sans histoire qui fait la plonge pour gagner sa vie et évite de s’acoquiner avec les gangs du quartier. Mais apparemment ça ne suffit par, car lorsque deux voyous braquent une épicerie, les policiers pensent qu’il est coupable et lui tire dessus. Alors que la communauté vient déjà de perdre l’un des siens, ce second meurtre – car c’est bien de cela dont il s’agit – ravive les tensions entre noirs et policiers. CJ décide d’utiliser leurs machines pour changer le passé et faire revenir son frère, elle qui a déjà perdu son père (à la guerre, il semblerait). Mais peut-on altérer uniquement un élément du passé? Et si en sauvant Calvin d’autres problèmes survenaient? C’est ce que pense Sebastian qui, en soutien à son amie, accepte pourtant l’expérience.

Outre l’élément du continuum spatio-temporel à ne pas briser, certes divertissant, mais élément minime dans l’histoire, Bristol met brillamment en avant la lutte des noirs américains pour faire respecter leur vie auprès de la police. Car évidemment, Sebastian a raison et chaque nouvelle tentative provoquera une nouvelle catastrophe. Si le film a de nombreux éléments comiques avec de très jolis moments (on pense à la grand-mère jamaïcaine par exemple), le message reste très pessimiste: peu importe les tentatives de CJ, un noir ne sera jamais à l’abri ni des gangs ni de la police. Sous couvert d’un film SF léger, le sujet est complètement actuel et nous interroge gravement sur notre relation aux autres et surtout aux minorités pauvres.

Le film est surtout porté par Eden Duncan-Smith (CJ), drôle, touchante et pleine de volonté qui incarne son personnage à la perfection.

Vu le contexte actuel, See you yesterday est un film à voir non seulement, car il s’éloigne des clichés des jeunes noirs Américains, mais aussi, car il montre que même quand ils veulent bien faire, ces jeunes sont constamment dans le viseur de la police.

Mais il est vraiment dommage de voir que le réalisateur ne conclue pas son film (bonjour la fin ouverte!), car son message n’en est que plus amoindri: ce n’est pas aux spectateurs de décider si C.J sauve ou pas Calvin, c’était à Bristol de nous donner son point de vue, car il est forcément différent si Calvin vit ou pas. Cependant, la juste émotion qui s’en dégage et l’utilisation brillante d’un élément de SF pour dénoncer les problèmes raciaux, méritent le visionnage.

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