Ce jeudi 15 août, alors que la France se repose pour ce jour férié, j’effectue comme beaucoup d’autres ma transhumance annuelle vers Saint Nolff dans le Morbihan. Pourquoi donc ? Mais pour le Motocultor Festival pardi ! La douzième édition de celui que certains appellent le petit frère du Hellfest est ma septième, et ce festival est vraiment devenu au fil des années mon rendez-vous estival préféré, même s’il a eu des hauts et des bas.
Et si cette année, je suis là dès le jeudi, c’est que l’organisation a profité de l’emplacement idéal du jour férié pour rallonger le festival et le doter d’une journée à thème : aujourd’hui c’est folk rock !
Enfin… pas tout de suite apparemment. Me voilà bloqué en voiture 2km avant d’arriver sur le site de Kerboulard. Assez rageant quand on sait que Corvus Corax va commencer sous peu ! Premier groupe à entrer en scène sur ce long weekend, les allemands m’intéressent énormément, d’autant que je ne les ai toujours jamais vu en live. Mais le temps passe, les voitures n’avancent pas et au loin j’entends les basses du set qui commence.
Les années précédentes l’accès aux parkings était parfois compliqué mais pas au point de rester une demi-heure à l’arrêt ! Finalement des festivaliers ayant fait remonter l’information depuis le rond-point nous apprennent qu’il y a eu un accident, et nous apprendrons plus tard qu’il s’agissait même d’un accident mortel à la sortie de la voie rapide. Un peu refroidi, je patiente en m’estimant heureux de n’avoir pas été impliqué dedans. Et puisque je ne peux pas voir Corvus Corax en live, je les écoute dans la voiture !
Après au final un peu plus d’une heure d’attente, je peux me garer et courir jusqu’au site du festival. J’y trouve assez ébahi une queue immense pour le camping, et je me dis que certains doivent attendre quasiment une heure pour aller s’installer. La queue d’entrée sur le site est également assez massive. Une heure après le début du premier concert c’est assez étonnant, d’autant que bon nombre de festivaliers sont arrivés la veille.
On apprendra d’ailleurs plus tard que la soirée et la matinée ont été compliquées pour eux : la buvette/restauration du camping n’a pas été ouverte le mercredi soir (alors qu’elle était ouverte le jeudi lors des éditions sur 3 jours) mais surtout seules deux cabines de toilettes étaient disponibles ! Un peu beaucoup compliqué pour les festivaliers venus en avance pour le coup.
J’arrive donc en courant devant la Dave Mustage, la main stage, pour voir les occitans de Stille Volk qui ont déjà commencé leur set. Mais parlons de la Mustage cette année : je la découvre complètement transformée, avec une avancée d’une bonne douzaine de mètres de long qui vient crever le public. J’apprends très vite que cette configuration spéciale ne restera qu’aujourd’hui et servira au passage d’Excalibur pour leur show spécial mais je ne peux que regretter que les membres de Stille Volk n’en profitent pas : ils se retrouvent loooooiiing du public, excepté pour les quelques festivaliers qui sont à l’avant sur les côtés. Et pour photographier ça n’aide pas non plus mais ça reste une considération plus personnelle.
Côté musical, le groupe nous offre une performance sympathique, assez calme mais entraînante. L’intérêt selon moi est de voir les membres du groupe évoluer en changeant d’instrument au cours de leur prestation, par exemple le guitariste passe à la flûte.
Un peu plus tard, sur la Massey Ferguscène, une légende vivante est attendue : Alan Stivell, l’un des pères sinon LE père du rock celtique débarque à St Nolff à l’occasion de cette journée spéciale folk. Le moment est intergénérationnel : on retrouve dans le public une frange plus âgée que ce que le Motocultor a l’habitude d’accueillir, et également moins axée metal qui partage l’espace avec une jeunesse plus bourrine venue découvrir ce monument de la musique moderne. Alan Stivell, accompagné de sa harpe, d’un percussionniste multi-instrumentiste, de deux guitaristes, d’une violoniste et d’un claviériste, revisite sa prolifique carrière avec douceur et force à la fois. Toujours défenseur de la préservation et du rayonnement de la culture celtique, il nous dit son bonheur d’être là et de partager ce moment. Petit moment humoristique lorsqu’il nous introduit la fameuse Tri Martolod dont son instrumentalisation moderne est une référence : il rappelle que la tête d’affiche du soir (Eluveitie) l’a reprise également.
L’homme est chaleureux, l’ambiance est excellente lors de ce concert et on regrette qu’il doit s’arrêter au bout de 7 morceaux.
En allant voir le merchandising du festival je découvre donc la nuée de t-shirts de l’année : ce ne sont pas moins de 6 motifs différents qui nous sont présentés ! Avec plus d’informations que justes les motifs avant qui nous avaient été teasés sur les réseaux, je comprends qu’il y a un t-shirt pour la journée spéciale folk, un pour les 3 jours standard, et deux pour les 4 jours, dont un seul comportant l’affiche complète étrangement écrite en vrac sous le motif et non pas dans le dos comme traditionnellement (et ça en a rebuté pas mal). Personnellement mon choix se porte sur le motif dédié à ce 15 août, bien plus proche de l’esprit du festival depuis des années à mes yeux que les motifs bizarro-futuristes lisses qui font plutôt t-shirts du Graspop. Comme les bûcherons et les tracteurs me manquent, je me rabats sur les squelettes médiévaux… avec un petit détail : la date inscrite est le 15 août 1019 et non pas 2019. Blague ou faute de frappe ? Le mystère reste pour l’instant entier…
L’autre mystère est celui des préventes pour l’année prochaine : Pass 4 jours 99 €. 4 jours ? J’avais comme beaucoup compris que cette journée supplémentaire était exceptionnelle et profitait de l’emplacement du 15 août… Si les 4 jours deviennent le format standard du festival, c’est tout de même moins sympa…
Retour sur la Dave Mustage déformée pour le grand show du jour : les 20 ans de l’opéra rock Excalibur. L’événement prend d’ailleurs deux places dans le running order et au total durera plus de 3 heures !
Le show démarre avec la célébration des 20 ans jour pour jour de la première représentation du Celtic Opera Rock, avec Alan Simon en maître de cérémonie, Yann le Baraillec (le fondateur et dirigeant du Motocultor), ainsi que deux Bigouden africaines, bretonnes d’adoption qui apportent un gros gâteau et nous font chanter « Joyeux anniversaire » en Breton.
C’est là qu’on découvre le problème pour les photographes : nous sommes cantonnés au pit habituel au pied de la scène mais ne pouvons pas parcourir le long de l’avancée. Traduction : ce report sera composé de photos prises depuis le public si je ne veux pas vous fournir des visuels de l’arrière train des artistes.
Le Bagad d’Elven prend place en fond de scène et le show commence, mené par un genre d’Highlander torse-nu en kilt qui parcourt l’avant-scène bordée de petites flammèches. Il y sera parfois rejoint par Alan Simon lui-même.
Au cours de la performance fleuve, de nombreux invités feront leur apparition, tel Michael Sadler de Saga assez rayonnant seul en scène, John Helliwell de Supertramp ou Martin Barre pour ne citer qu’eux, ainsi que Dan Ar Braz, fondateur de Malicorne mais aussi compagnon historique d’Alan Stivell. Des danseuses et danseurs se joignent également aux festivités tout au long du show, mais également une chorale locale d’enfants.
Sur le papier, ce show fait rêver. Mais hélas il y a un mais : à vouloir tout faire et parcourir les 20 ans et cinq itérations d’Excalibur, la performance se prend les pieds dans son ambitieux programme. Si les morceaux sont tous excellents, le fait de vouloir alterner toutes les phases musicales traversées par l’Opéra et de toutes les représenter mélangées donne un résultat assez décousu. Par exemple certains morceaux qui tirent vers le heavy sont très impressionnants et donnent la pêche mais ne collent pas avec ceux qui sont interprétés de manière plus douce et plus tournés vers les instruments traditionnels. A fourmiller dans tous les sens et faire tourner les invités, l’anniversaire d’un show historique et intergénérationnel finit par donner l’impression d’une grande kermesse d’école avec un casting 5 étoiles.
Et pour couronner le tout, le format étalé sur trois heures et parsemé de lentes et monotones phases de narration finit par sembler bien long. Petit à petit le public devient plus clairsemé et pendant la troisième heure on n’a aucun mal à traverser le chapiteau qui s’est beaucoup vidé de sa population.
C’est dommage, on était à pas grand-chose d’un moment vraiment épique.
Eluveitie au Motocultor, dingue non ? Non. Les Eluveitie sont des habitués du Motocultor, on ne peut pas le dire autrement : depuis que le festival est à St Nolff, ils sont là toutes les années impaires. Pour moi en 7 éditions c’est donc la quatrième fois que je les y vois.
Mais en même temps, chaque fois leur performance est très sympa, le public est au rendez-vous et l’ambiance est festive. On ne va pas se plaindre !
2017 était la première fois que j les voyais avec le nouveau line-up balbutiant et j’avais eu du mal à me défaire de l’image que j’avais du groupe avant. Depuis l’eau a coulé sous les ponts et je les ai vus au Download 2018 plus matures et soudés dans cette nouvelle formation.
Avant même que les musiciens soient là on voit deux slammeurs passer au-dessus du public : l’ambiance est au rendez-vous ! Tout le monde prend place sur scène, la harpiste et chanteuse Fabienne Erni en avant, bientôt rejointe par Chrigel le fondateur et frontman du groupe.
Si le set démarre sur Ategnatos, titre éponyme du dernier album des Helvètes, il nous ramène très vite en arrière avec deux titres d’Origins dont la version française de Call of the Mountains, un « Appel des Montagnes » … qui sonne faux. Aïe. Bon je suis dur, c’est le seul vrai couac de la prestation à mes yeux mais sur le coup ça a piqué quand même. Globalement le set fait la part belle à Ategnatos, avec des morceaux plus anciens disséminés ça et là pour ne pas perdre les fans historiques du groupe, notamment Havoc qui porte bien son nom puisque c’est le moment explosif de la soirée, tout explosif que puisse être un concert d’Eluveitie.
La soirée finit en apothéose sur Inis Mona, précédemment évoquée par Alan Stivell. Eluveitie reste une valeur sure, ils nous l’ont encore prouvé ce soir.