Empty Power Parts – Flayed

Je ne connaissais pas Flayed, et au moment de me décider pour un album à écouter et chroniquer, une brève recherche Internet m’a mené sur leur bandcamp. Flayed est un groupe originaire de Vienne en Isère. Un groupe français, donc, ce qui ne s’entend pas dans la voix du chanteur, qui s’exprime en anglais. Cet album est leur troisième, et les précédents semblent plutôt bien appréciés par la critique. Il a été enregistré au Studio Cartellier à Salaise-sur-Sanne. Le mix et le mastering ont été effectués au Vamacara Studio à Clisson, haut-lieu des musiques métalliques. J’ai pris le parti d’écouter l’album comme si je souhaitais découvrir le groupe sans trop en savoir plus. On peut tomber sur une découverte de trois façons : on les voit en concert, en première partie – ça donne très vite une idée de la musique ; un pote ou une critique nous en parle, et on a un avis, souvent enthousiaste ; reste le hasard total (ou l’errance sur internet) : c’est dans cette situation que je me suis placé. Tout au plus ai-je vu que le groupe professe jouer du « Hard Hitting Rock’n’Roll Groove Machine » : pourquoi pas.

Le premier morceau, Homeland, a un son très organique et puissant : le son de batterie, au casque, interpelle positivement. Le style fait penser à du Gun’s & Roses, avec un bon chant, même si la voix me paraît manquer un peu de personnalité (ou est-ce son traitement ?). C’est une compo assez fluide, naturelle, mais avec quelques longueurs ou maladresses : le passage à 3mn notamment, qui met cependant bien en valeur le passage qui suit, avec un riff d’orgue, une voix qui décolle et un excellent solo. Middle Age a un bon riff de début, avec un tempo enlevé qui donne envie de secouer la tête. Les choeurs, comme dans le premier morceau, sont puissants ; la structure du morceau est organique, naturelle, tout en n’étant pas simpliste (on est dans le couplet/pont/refrain, mais les passages sont travaillés, les mélodies subtiles). Les passages instrumentaux sont superbes.

On enchaîne avec What is gonna happen, qui me déçoit un peu : moins prégnant que les deux premiers morceaux, parce que verbeux, aussi bien au chant qu’aux instruments (guitare et orgue en tête), c’est un morceau honnête, bien fait, mais qui m’a laissé assez indifférent. Serait-ce le tempo trop lent par rapport au riff ? Fairy tale est un morceau nerveux avec quelques riffs sympathiques. Le refrain est assez fluide, mais le chant atteint ses limites en termes de variété, on y retrouve une influence riffesque Guns’ n’Roses (que le groupe ne cite pas dans ses influences, préférant AC/DC – pas étonnant – Deep Purple – l’orgue ! Mais pas que – et les Foo Fighters – peut-être, je ne les écoute pas.) Liberate our enemies réveille un peu le disque. Bon riff (classique, mais bien exécuté et entraînant), le chant fait son office : on l’écoute, malgré un break curieux que le clavier vient densifier. Le morceau est assez efficace, c’est sans conteste l’un de ceux que j’ai envie de réécouter.

C’est par un petit début blues, classique mais bien exécuté, que s’ouvre Flooded and blind. Le son grossit peu à peu à partir du cri du chanteur : « Suicide ! ». On devine des paroles assez noires, mais je n’ai pas la pochette, et en bon auditeur franchouillard lambda, je ne comprends pas tout à la première écoute… Le chanteur est à l’aise, la variation hyper-mélodique est très bien pensée, et nous plonge pour de bon dans les profondeurs émotionnelles de la chanson. La variation autour de 5mn rajoute encore une pièce dans la machine. Un excellent morceau. Il faut vraiment noter que le son de basse est très bon sur tout l’album : sans parler de Metallica (avec leur And Justice For All… sec comme un coup de trique), c’est parfois un problème sur certaines productions trop peu moelleuses : ici, le son est chaud, mais je ne dirais pas organique, car on sent la modernité du matériel niveau guitares. Glad to leave est un bon morceau rock’n’roll, mais pas inoubliable malgré un certain sentiment d’urgence. Il faut reconnaître au moins qu’avec 3 mn au compteur, le groupe ne tente pas de trop délayer la sauce.

Suit Empty power parts : le morceau titre de l’album démarre bien : riff de guitare à la AC/DC, basse présente et voix expressive aux mélodies variées (mais le filtre du début m’a semblé de trop), on débouche sur un pré-refrain/refrain en question/réponse avec le chœur. Il me semble qu’il s’agit là d’un excellent manifeste de ce que Flayed est capable de faire en partant d’une base hard-rock qui peut sembler démodée, mais en y ajoutant quelques audaces de composition ou de mélodies (mais pas trop), tout ça avec un bon son. Waiting for the turning point est un très bon morceau, qui pourrait dérouter parce qu’il inverse les attentes entre le couplet et le refrain, et varie pas mal après 1 minute 30. Mais Rise of the kings m’a moins emballé, malgré de réjouissantes interventions de guitare : j’aime particulièrement à 2’15 et la façon dont le groupe et le guitariste font tous les deux évoluer le solo. Le morceau en lui-même m’a beaucoup moins marqué.

En résumé : un très bon disque, avec au moins six morceaux excellents sur dix (ce qui n’est pas si fréquent dans l’ensemble de la production musicale), et le reste n’a rien de raté ; un très bon son (même si l’écoute de l’ensemble est assez monolithique : certains diront qualité, d’autres défaut ; pour ma part, j’ai été biberonné à Queen et j’ai tendance à préférer la variété des arrangements au sein d’un album – et même Motörhead s’y mettait sur certains…) Une découverte en tous cas, qui donne envie d’écouter les autres disques. Je ne suis pas un grand fan du genre dans ses formes canoniques, mais on a ici un travail plus original qu’un banal disque de hard-rock, même moderne. A vrai dire, j’attendrais même que Flayed ose un peu plus de décalages…

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