Le seigneur des ténèbres – Robert SILVERBERG

 

Quand Andrew Battell s’embarque sur un navire corsaire en 1589 et quitte l’Angleterre élisabéthaine en quête de gloire et de fortune, il ne peut deviner qu’il restera vingt ans prisonniers des «  sombres terres d’Afrique  ». Capturé par les Portugais sur les côtes du Brésil, expédié en Angola, il va subir les pires coups du sort, mais aussi connaître les plus grandes joies. Amour, guerre, évasions, magie, dangers et trahisons en tout genre… son destin ressemblerait à la trame d’un roman de cape et d’épée s’il ne se doublait d’un étrange appel : dans cette région du monde vit un démon, Calandola, roi réputé immortel des guerriers jaqqas, des cannibales sanguinaires. Or Andrew Battell va devenir un des leurs. Et plonger dans le cœur sauvage du monde.
Un roman fascinant dans lequel Silverberg, en empruntant un destin authentique, nous offre à la fois le grand frisson de l’aventure et une puissante charge contre tous les colonialismes.

Il y a beaucoup à dire sur ce roman foisonnant à travers lequel nous suivons, sur plus de 1000 pages, les aventures d’Adrew Battel. Si certains aspects m’ont plu, d’autres m’ont paru moins convaincants.

L’un des aspects du livre qui m’a le plus dérangée est le racisme qui s’en dégage. Le personnage principal se montre pourtant très respectueux des peuples africains qu’il rencontrera (même si cette tolérance tend à s’effacer sur la fin), désireux de comprendre leurs coutumes et de ne pas juger les différences. Il exprime d’ailleurs tout au long de son périple un questionnement permanent sur la colonisation et l’esclavage qui ne peut que le rendre sympathique. Malheureusement son mépris pour les portugais (et dans une moindre mesure les espagnols) est tel qu’il en perd un peu en cohérence psychologique : la façon incessante dont il les rabaisse est difficilement conciliable avec ce respect qu’il montre vis à vis des africains. Ce racisme anti-portugais (toujours renforcé, bien sûr, par de fréquentes tirades sur la supériorité incontestable des anglais) m’a dérangée.

Il m’a également manqué quelques scènes d’action au cours de ma lecture. Le Seigneur des ténèbres est pourtant bien un roman d’aventures qui ne manque pas de romanesque, mais l’auteur a pris le parti de détailler longuement certains aspects assez descriptifs qui m’ont un peu ennuyée par moments, au détriment de scènes d’actions expédiées en quelques phrases, ce qui, sur un roman de plus de 1000 pages, m’a paru un peu frustrant (et explique en partie le temps qu’il m’a fallu pour en venir à bout).

Cependant d’autres aspects du livre m’ont plu davantage.

Andrew Battell a notamment un rapport aux femmes très égalitaire et, en plus d’être contre le colonialisme et l’esclavage, se montre très préoccupé par les conditions dans lesquelles vivent ces dernières à son époque.

J’ai également apprécié le côté historique de l’oeuvre. Je ne suis pourtant, habituellement, guère amatrice de ce genre de littérature mais le romanesque du livre rend ce côté bien plus attrayant. N’y connaissant rien en histoire, je ne peux pas en juger la pertinence mais j’ai bien aimé l’idée de découvrir le monde du XVIe siècle.

Enfin, et malgré le manque de quelques scènes d’action, Le seigneur des ténèbres reste un roman extrêmement riche et foisonnant, jalonné d’aventures et de rebondissements.

On y voyage beaucoup, ce qui m’a particulièrement plu. Au départ de l’Angleterre, le roman nous entraîne bien vite sur les mers du monde et nous fait découvrir de nombreux pays d’Amérique du Sud et du Brésil. Les descriptions précises et vivantes des paysages, de la faune et de la flore permettent de se représenter facilement les lieux.

Il y a également un aspect presque ethnologique dans la façon dont l’auteur explique les us et coutumes des différents peuples que son protagoniste trouvera sur sa route : car Le seigneur des ténèbres est avant tout un plaidoyer pour la différence et rappelle que quelle que soit notre couleur de peau, notre pays ou nos traditions, nous n’en sommes pas moins tous humains.

 

Le Seigneur des Ténèbres

Robert Silverberg

Le Livre de Poche

Novembre 2017

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