Embarquez avec Abel, Nathan, William et Rebecca sur un océan de poésie avec ce roman graphique écrit et dessiné à quatre mains par Teresa Radice et Stefano Turconi.
1807 au large du Siam un jeune homme est retrouvé sur une plage sans aucun souvenir. Tout chez lui fait penser qu’il s’agit d’un naufragé de la marine anglaise. William Roberts alors capitaine par intérim (le vrai capitaine ayant fui) décide de le prendre à son bord et tous les deux se lie rapidement d’amitié. Abel apprend que le véritable capitaine du navire a fui après avoir assassiné ses gardes du corps et volé le trésor du bord. C’est dans cette ambiance qu’une fois de retour en Angleterre Abel fait la connaissance des trois filles du capitaine qui se retrouvent payas de la société, ne voulant pas croire à la trahison de leur père. Abel va alors faire une rencontre qui va le bouleverser et lui donner un but supplémentaire à sa vie.
Ce roman graphique dans un style tout en crayonné est une pure beauté. Les différents traits des personnages les rendent tous sincères et vivants. Tandis que les arrières plans peuvent paraitre simples au premier abord, ils sont en réalité d’une très grande richesse. Certaines scènes sont tout simplement à couper le souffle que cela soit de par leur dessin et leur narration toute en finesse et en élégance.
Les différents personnages proposés par les auteurs sont d’une grande richesse et d’une profondeur rarement égalée. L’évolution d’Abel est particulièrement efficace au cours du roman et ses expressions sont en adéquation avec la situation qu’il vit. Le couple formé par Nathan et Rebecca est d’une grande sentimentalité et les différentes scènes de passion décrites sont tout simplement époustouflantes et surtout très touchantes. Le personnage de Nathan est sans doute celui qui m’a le plus touché avec son coté bourru au très grand cœur. Il s’agit d’un personnage torturé par ses sentiments et qui affronte toujours la situation de façon digne et sensible.
Le scénario est beaucoup plus complexe que ce à quoi je m’attendais de prime à bord. En 320 pages nous avons affaire à tellement de situations et de rebondissements dans l’histoire qu’il serait difficile d’en faire un résumé complet sans omettre des détails de grande importance. En plus de l’histoire touchante d’Abel, nous avons un reflet complet du monde de marins à cette époque, et nous en apprenons bien plus qu’il n’y parait sur la navigation. La partie que je qualifierais de fantastique dans ce roman est très épurée et est tout en finesse disséminée au fil de la narration. Même si certaines situations peuvent être attendues par moment, elles n’en restent pas moins intenses, et il est très intéressant de suivre le cheminement pour y arriver. L’histoire est écrite en quatre actes tous ayant une finalité différente et nous faisant progresser sur les chemins de cette grande histoire. Il est d’ailleurs intéressant après lecture de regarder comment les différents enjeux évoluent durant la seconde moitié du récit, modifiant complétement les objectifs de vie de certains personnages. L’épilogue est particulièrement touchant et efficace, petite larme garantie.
Ce roman graphique est donc une véritable réussite. Le style graphique plaira ou ne plaira pas c’est un fait. Le scénario n’est pas classique du tout et nous entraine dans un voyage entre l’Angleterre et le siam sur les pas de la marine marchande et des guerres maritimes de l’époque. Ces personnages portent l’histoire de manière attachante et émouvante. Il s’agit d’un roman à mettre entre toutes les mains et qui nous posent de nombreuses questions auxquelles nous n’aurions sans doute pas pensé.
Teresa Radice et Stefano Turconi
Glénat : treize étrange 22 €
