Phare 23 – Hugh Howey

howeyphare23L’homme seul face à l’univers. C’est bien là une thématique classique traitée en science-fiction. Souvent, elle l’est au travers d’un contact avec une vie extraterrestre. Au final, c’est toujours l’ignorance qu’à l’homme de sa propre espèce qui guide ce type de récit. Parfois, le thème est traité de façon moins banale et c’est réellement la solitude et l’apprentissage du soi d’un seul homme perdu dans l’espace qui est traité comme dans le Solaris de Stanislas Lem ou le plus récent Seul sur Mars d’Andy Weir. Ici, nous sommes dans un récit de cette trempe, même s’il s’agit plutôt d’un exil volontaire.

Imaginez que vous acceptiez de vivre deux ans loin de tout, dans un phare. Là, vous me rétorquerez que les phares et balises sont dorénavant presque tous automatisés et que d’autres systèmes de guidage existent. Oui, mais dans l’espace ? Le Phare 23 est une de ces balises disposées sur les routes commerciales, touristiques et militaires de l’espace et il guide des vaisseaux voyageant à vingt fois la vitesse de la lumière. Autant dire que la NASA n’est pas prête à laisser des ordinateurs faire le travail, alors qu’un humain est moins soumis aux erreurs de calcul minimes, mais destructrices.

C’est donc à la première personne que le héros nous compte son travail sur la balise. Il n’est pas vraiment solitaire, car il est en contact de loin en loin avec la NASA, et parfois fait des rencontres, plus ou moins agréables. Toujours est-il qu’il veille seul au bon fonctionnement de cette balise si essentielle à la sécurité des échanges et des transports. Et bien sûr, on dirait que toutes les emmerdes de l’univers ont décidé de débarquer dans son coin de la Voie lactée…

Hugh Howey, à qui nous devons la très remarquée trilogie Silo, récidive ici avec un one-shot tout aussi remarquable. En effet, on pourrait se lasser des détails techniques dont il nous inonde au début du récit, mais il faut s’accrocher pour ne pas passer à côté du cœur de ce récit. Ainsi, son héros est volontairement dans cette balise comme pour expier ce qu’il considère comme une faute et que d’autres regardent comme la bravoure absolue. Une guerre oppose l’humanité et ses alliés à une autre espèce – tout aussi stupide, rassurez-vous – depuis un petit moment.

De même, même seul, il sera confronté à des tas de contacts plus ou moins désirés, tels ces naufrageurs prêts à tout pour faire échouer des convois et dépouiller leurs victimes comme jadis en Terre de feu au Sud des Amériques ou en pays pagan au nord de la Bretagne. Il passera même par des phases de folies et d’extrême lucidité. En fait, sous le couvert de ce roman, Hugh Howey nous propose une SF politique et militante, comme il aime le faire, où il dénonce une société qui déshumanise l’homme et en fait un objet au service d’une société qui n’a plus de sens éthique. L’humour y est parfois féroce, parfois cruel, mais en tout cas, c’est une série de gifles que nous inflige cet auteur de talent, histoire de nous réveiller de notre torpeur virtuelle. Le seul point vraiment négatif serait la conclusion trop angélique à mon goût par rapport aux propos du reste de l’ouvrage, mais cela reste un bon moment de lecture.

Phare 23
Hugh Howey
Couverture illustrée par une protographie de la NASA
Traduction par Estelle Roudet
Actes Sud
2016

19,80 €

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