Les histoires de zombie sont plus qu’à la mode ces dernières années et finalement se ressemblent un peu toutes : survivre à l’apocalypse, tuer des zombies, vaincre les autres humains qui vous agressent, et recommencer le lendemain. Il y a un véritable côté lassant dans tout cela. Eh bien Daryl Gregory vient bousculer les clichés du genre pour le plus grand plaisir du lecteur qui va découvrir les zombies autrement…
La couverture d’Aurélien Police est absolument sublime et représente parfaitement bien ce roman atypique, le contraste des couleurs ressemblant énormément aux contrastes au cœur du roman. De l’excellent travail de la part d’un illustrateur au talent de plus en plus reconnu, fort justement. La présentation de l’éditeur est un petit peu longue mais nous place bien dans l’univers proposé par l’auteur.
« En général, ça finit avec la Dernière Fille, l’unique survivante : une jeune femme en débardeur éclaboussé de sang. Elle lâche sa tronçonneuse, son fusil à canon scié, son pied-de-biche […] et sort en titubant d’une vieille maison. […] L’aube rougeoie sur l’horizon et les goules ont été vaincues (pour le moment, parce que les happy ends ne durent jamais). Peut-être que d’autres survivants finissent par la retrouver et l’emmènent dans une enclave, une forteresse grouillant de soldats, ou à tout le moins de civils bardés de flingues, lesquels la protégeront jusqu’au deuxième volet. Peut-être que cette enclave est située à Easterly, Iowa, à environ cent kilomètres au nord-ouest des ruines de Des Moines. Peut-être que la fille s’appelle Ruby… »
Stony a trois sœurs : Alice, Chelsea, Junie. Et sa mère Wanda, qui l’aime plus que tout. Sans oublier Kwang, son copain de toujours, persuadé que Stony possède un superpouvoir. Parce que Stony est insensible aux flèches que son ami lui plante dans le ventre histoire de rigoler… Il faut dire que Stony ne respire pas. Ne mange pas vraiment. Ne dort jamais. Et pourtant il grandit. Stony ignore ce qu’il est. Il n’a pas pris la mesure de son réel pouvoir. Ça viendra. Reste une interrogation : y en a-t-il d’autres comme lui ? La réponse à cette question emportera tout dans son sillage…
Comme dans tout roman de zombies il faut un zombie. Eh bien Stony, trouvé par une glaciale nuit d’hiver, va être notre zombie, à une détail près : il grandit et forcit. Sans pour autant se gorger de cerveaux humains il continue d’évoluer, de s’affirmer, de devenir un homme. Rien que ce fait là m’a interloqué et m’a donné envie de lire comment l’auteur allait s’en sortir avec ce pré-requis initial. Eh bien la réponse est : merveilleusement bien ! Hors de question de vous spoiler ici l’histoire de ce roman mais à chaque chapitre un coup de pied était balancé dans les stéréotypes du genre. Chaque chapitre marquait une nouvelle surprise. Car Daryl Gregory ouvre finalement une voix que je n’avais vue empruntée qu’une fois (et sans grand succès d’ailleurs) par Vivants de Jonathan Levine : le zombie vivant, pensant. Eh bien dans le cas présent le zombie va même aller plus loin que ce que l’on aurait pu penser initialement.
L’ensemble du roman raconte la vie de celui qui deviendra une sorte de dieu pour les autres MV (Morts-Vivants), de sa « naissance » à sa mort. Chaque moment de cette vie va finalement nous montrer une critique virulente de la société, de la religion, de notre crainte des différences. A la fois roman d’imaginaire et roman social, L’Education de Stony Mayhall est particulièrement bien écrit et la traduction de Laurent Philibert-Caillat est d’excellente qualité.
L’Education de Stony Mayhall est un de ces romans qui restent dans les esprits même bien après avoir cessé de le lire. J’ai réellement été impressionné à la fois par la qualité littéraire et la qualité scénaristique d’une ensemble finalement assez fabuleuse créé par un auteur qui promet énormément pour l’avenir…
L’Education de Stony Mayhall
Daryl Gregory
Le Bélial
23 € en papier / 12,99€ en numérique