Fantômes et assassins – Robert Barr

 Un court roman, trois nouvelles, un essai : « Fantômes et assassins » joue la carte de la diversité pour nous faire découvrir la plus grande partie des textes fantastiques de Robert Barr (1850-1912). On y découvrira des figures et des thèmes classiques comme le passager fantôme, l’objet hanté, l’occupation d’un corps par une âme qui n’en est pas originaire, ou encore une étonnante enquête où des morts traquent à grand-peine un assassin introuvable.

Car en effet, dans ce court roman de cent vingt-sept pages intitulé « Le Fantôme mène l’enquête », que l’on pourrait qualifier de récit spirite spéculaire – les morts y enquêtant sur les vivants et non l’inverse –  les détectives, qu’ils respirent encore ou soient authentiquement trépassés, ne sont pas loin de perdre leur latin. La victime elle-même, qui a bien du mal à accepter son nouveau statut et s’active dans l’au-delà pour y trouver des enquêteurs, est naïvement persuadée de l’innocence d’une jeune épouse que tout accuse. Les limiers de l’au-delà et ceux du monde vivant joindront en définitive leurs efforts pour trouver la solution du mystère, au terme d’un récit qui ne se prend qu’à moitié au sérieux et où l’auteur accumule à dessein les fausses pistes.

Dans une veine plus traditionnelle, « Un passager encombrant » vient prendre place dans le riche corpus des histoires de passagers spectraux, y compris dans les navires, à la manière de « La couchette fantôme » de Francis Marion Crawford, pour ne citer qu’un des classiques du genre. « Le sablier » s’inscrit également dans la grande tradition du conte fantastique, avec l’ambigüité propre à ce type de récit : objet hanté ou simple rêve ? Quant à « La Vengeance du mort », elle met en scène des figures traditionnelles, le fils perdu, l’héritier déchu, et transpose en définitive la lutte pour un château en lutte pour une enveloppe corporelle – mais le but final n’était peut-être pas celui auquel le lecteur croyait pouvoir s’attendre.

A la suite de ces quatre textes, Jean-Daniel Brèque a eu la belle idée d’ajouter un  court essai intitulé « Comment écrire une nouvelle », où Robert Barr fait preuve d’une touche de dédain pour la plume de ses prédécesseurs et défend une théorie de la concision qui, si elle explique et défend la construction de ses nouvelles, ne sera sans doute pas partagée par tous. On pourra en effet discuter quelques-unes de ses assertions et faire remarquer que certaines pages de « Fantômes et assassins » ou de la nouvelle « Un passager encombrant » ressemblent plus à des éléments de synopsis qu’à des récits soigneusement conçus et parfaitement équilibrés. Affaire de sensibilité avant tout, mais où l’on voit bien que ce qui, pour des auteurs classiques, apparaît nécessaire à la densité, à la cohérence et à l’ambiance – et donc à l’effet –  d’un conte fantastique, n’est considéré par Robert Barr que comme un simple amas de scories.

Avec ce sympathique volume, troisième de la collection « Baskerville », Jean-Daniel Brèque nous propose donc une série de textes plaisants, à la frontière entre les « ghost story » britanniques et leur déclinaison américaine à l’emporte-pièce. Les amateurs du genre trouveront leur compte dans ce recueil qui vient combler une carence hexagonale,  seuls deux de ces récits ayant jusqu’à présent été traduits en français.

Robert Barr : Fantômes et assassins

Introduction, traduction et bibliographie de Jean-Daniel Brèque

Illustration de couverture : Jean-Michel Ponzio

Collection « Baskerville », éditions Rivière Blanche, 190 pages, 17 euros

Titre :
Série :
N° du tome :
Auteur(s) :
Illustrateur(s) :
Traducteur(s) :
Format :
Editeur :
Collection :
Année de parution :
Nombre de pages :
Type d'ouvrage :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *