The Hunt – Craig Zobel

LES + :

Un mélange action/thriller/gore détonant

Une critique sociétale d’actualité

Un côté imprévisible et du rythme

LES – :

Un film qui divise le public

Un message pas forcément clair

 

 

 

 

Parfois on tombe sur des films qui sont difficiles à chroniquer. Pourquoi ? Parce qu’il existe un genre de films qui s’apprécient d’autant plus quand le spectateur n’a pas trop d’informations au préalable sur ce qu’il va regarder. The Hunt fait clairement partie de cette catégorie. Toute la difficulté est là : donner envie au lecteur de voir le film sans pour autant trop le dévoiler. Allons-y.

The Hunt est un cocktail explosif d’action, de critique sociétale ( voire politique), de comédie noire saupoudré d’horreur psychologique et de gore. Tout cela emballé dans un esprit méchant ( assez jouissif) et ludique. Car oui, nous sommes ici en face d’une œuvre qui, certes aborde parfois des sujets sérieux, mais qui, tout de même ne se prend pas tout le temps au sérieux. Nuance !

Craig Zobel, surtout connu du grand public pour son travail dans des séries TV ( American Gods, Westworld, The Leftovers) s’était fait un peu remarquer en 2013 avec le très original et intéressant Compliance, petit film indé où le réalisateur nous proposait un bad guy d’un genre nouveau, d’un machiavélisme extrême. Déjà là, on sentait l’envie chez Craig Zobel d’explorer les fonds marécageux de l’esprit humain.

Avec The Hunt, le réalisateur américain monte sur un plus gros bateau, puisque le film est produit par Blumhouse, distribué par Universal, et écrit en partie par Damon Lindelof ( qui est tout de même un des scénaristes et showrunners les plus en vogue outre Atlantique). La présence de ce dernier se fait sentir dans le côté futé qu’a The Hunt, notamment via ses dialogues un brin décalés et teintés d’humour noir.

Outre par ses vertus de défouloir gore, The Hunt brille par son esprit sale gosse imprévisible, joueur et subversif. S’il est vrai que le concept initial peut paraître basique et déjà vu, le film ne manque pas pour autant d’ ambition. Il s’agit de revisiter Les Chasses du Comte Zaroff à l’ère des réseaux sociaux, des fake news et du complotisme, tout cela dans un contexte très contemporain de lutte des classes chauffée à blanc ( Orwell et sa Ferme des Animaux est ici plus d’une fois cité!).

Car The Hunt nous propose d’assister à l’impitoyable affrontement entre deux camps imprégnés par différentes formes de bêtise. La sempiternelle opposition entre les (soi-disant) élites et le « bas » peuple fait ici des étincelles, et ce, de manière très adaptée au contexte actuel ( notamment américain mais pas que). On pourra reprocher au film un message de fond pas forcément hyper clair mais il a au moins le mérite de distraire tout en critiquant sévèrement des deux côtés. Ici pas de manichéisme avec les méchants et les gentils. C’est déjà ça.

Sous ses allures bourrines, The Hunt nous interpelle sur ce qu’est la liberté d’expression de nos jours, avec le grand chamboulement qu’est internet. La parole est encore libre, bien sûr, mais il faut faire très attention à ce qu’on pense, à ce qu’on dit et surtout à ce qu’on devient. Dans une société malade et très divisée, un peu de retenue et de bon sens seraient les bienvenus. L’homme est un loup pour l’homme mais quand même…

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