Motocultor – Jour 2 – 16/08/2019

Le jour est déjà levé sur le site de Kerboulard depuis longtemps et le Motocultor grouille de festivaliers. Le deuxième jour s’apprête à démarrer mais pour beaucoup c’est le premier : la journée à thème folk d’hier était une parenthèse au format standard et nombre d’habitués ont préféré prendre un pass 3 jours.
La queue d’entrée au camping commence déjà à s’étendre, faisant craindre un bouchon comme celui de la veille. Pour certains le dilemme va se répéter : s’installer dès maintenant ou voir les premiers concerts ? Un questionnement qu’on aimerait ne pas avoir…

Les festivités sont ouvertes par Mars Red Sky même si pour eux ce n’est pas exactement le démarrage du festival puisqu’ils ont déjà joué hier sur la scène du camping. Le trio français nous offre un set à la fois planant et puissant mais qui malheureusement ne communique pas énormément d’énergie au public pourtant déjà bien présent pour un démarrage. On regrettera le côté un peu statique des membres en avant-scène, le plus expressif du groupe étant le batteur peu visible au fond, caché par la hauteur de la scène.

J’en profite pour aller boire un coup. Et comme on ne peut pas passer à côté il va falloir parler de ce qui a cristallisé pas mal d’énervement chez les festivaliers : le bar, en général. (Petit détail : les autres critiques viennent des queues immenses pour le camping et le site du festival ainsi que du manque de toilettes sur le camping, deux problèmes toujours présents ce deuxième jour)
Pour payer au bar il faut le cashless. Cet outil déjà éprouvé sur d’autres festivals comme le Hellfest ou le Download était demandée depuis quelques temps par les habitués du Motoc’ et l’annonce a d’abord été très bien accueillie. Mais une carte cashless de la même taille qu’une carte bancaire, qu’on galère à ranger ou qu’on doit mettre dans son portefeuille, ça ne casse pas un peu l’utilité ? Certains se sont plaints du tarif d’activation de 1€ mais il faut rappeler que cet argent ne va pas à l’organisation du festival mais à Weezevent qui fournit le service. Par rapport aux galères causées par les tickets restauration les années précédentes et vue la possibilité de se faire rembourser le reste, je trouve que ça vaut le coup.
Par contre là où je rejoins les plaintes de certains, c’est au niveau des gobelets, pour lesquels on apprend qu’ils ne sont pas consignés cette année. Ça, c’est bel et bien un frais incompressible imposé puisqu’à moins de faire partie des très rares venant avec leurs propres gobelets on se retrouve à devoir en acheter un sans possibilité de le retourner. Ceci contredit totalement les arguments écologiques présentés les années précédentes, avec en sus un détail : ces gobelets ne sont même pas intéressants cette année pour ceux qui aiment les garder puisqu’ils ne reprennent pas la liste des groupes comme avant, remplacée par un grand logo du partenaire 8.6. Bad move Motoc’, bad move… d’autant qu’on observera plus tard que des gobelets traînent partout sur le festival, les gens n’ayant même plus en tête de les garder pour les ramener.

Quand au bar en lui-même… la carte suffit à comprendre la déception. Déjà, exit Coreff, le partenaire habituel, place à 8.6 ! Et si la marque souffre d’une image de bière de merde qu’on exagère trop, ce n’est tout de même pas une bière de consommation standard qu’on aimerait forcément prendre pour se désaltérer entre ou pendant les concerts… Surtout à 8€ la pinte, un prix que je qualifierais simplement de prohibitif qui a poussé beaucoup de festivaliers à simplement faire des réserves dans leurs voitures, ce qui induit des allers-retours qui blindent les queues…
Et ne pensez pas à la « Motok », la pills vendue moins cher a un indice dans son nom : le K de « Kro » annonçait un truc insipide.
Par effet de ricochet, l’excellent cidre de « La Mordue » a énormément de succès cette année ! Les stocks tiendront-ils ?

Quittons ces considérations pour rejoindre la Massey Ferguscène qui accueille Oak’s Crown. C’est un trio qui ne se prend pas la tête qui débarque pour nous livrer un stoner efficace et agréable issu du cru local (le groupe est de Vannes, c’est difficile de faire plus proche à part St Nolff même). Ils sont motivés, expressifs et semblent bien s’amuser sur scène, une ambiance qui se transmet bien au public qui est finalement assez clairsemé pour une prestation de cette qualité.

La raison est simple : il y a du monde dans la descente qui mène à la Suppositor Stage où se produit Extermination Dismemberment. Et là c’est une toute autre ambiance à base de multiples pogos et circle pits parsemés de slammeurs. C’est du Brutal Death et Extermination Dismemberment nous rappelle bien pourquoi un tel nom ! Ça tape efficacement et le public de la Suppositor qui n’attendait que ça s’en donne à cœur joie pour ce premier défouloir du weekend, avec en prime un superbe premier wall of death bordélique à souhait. Mais malgré tout il y en a quand même qui regardent de loin sans se mêler à ce foutoir, voire s’allongent pour j’imagine bien ressentir les vibrations.
Le Motocultor comme je l’aime, assez proche de ce qu’on voyait avant que les chapiteaux ne recouvrent la Massey et la Dave Mustage (oui, je suis nostalgique)

Pas vraiment de répit, tout le monde converge vers la Dave Mustage pour le passage de Mustasch. Et à raison parce que les Suédois mettent tout le monde d’accord dès leur arrivée à l’aide d’un excellent heavy aux sonorités bien classiques, envoyé dans la gueule avec une énergie débordante de bonne humeur. Un régal ! C’est l’un de ces sets qu’on ne voit pas passer tellement on s’amuse dans le public. Le chanteur harangue la foule, le guitariste court dans tous les sens,assez explosif, tandis que le bassiste bien que plus calme en apparence semble n’oublier personne dans ses sourires et grimaces. Vu de l’extérieur le chapiteau semble être un aimant attirant les quelques festivaliers qui n’y étaient pas déjà, un succès mérité pour une prestation qui restera dans les mémoires.

Lorsqu’on migre vers la Massey pour y voir Au-Dessus, l’ambiance en prend un coup. On passe dans une sobriété scénique plus statique et de grandes capuches noires éliminent toute velléité d’expressivité. Mais ça n’est pas pour autant que le quatuor lituanien est mauvais sur scène, loin de là ! On a affaire à un post-black construit au poil, réussissant le pari d’une atmosphère dont on ne sait pas si elle est plombante ou aérienne. Ici c’est sûr que le public n’est pas dans le genre sautillant, et encore moins pogotant, on est plutôt dans l’appréciation silencieuse les yeux parfois clos et le rythme lent des morceaux s’imprègne dans des ondes qui parcourent les premiers rangs. Bref, le set dAu-Dessus est un plaisir qui se savoure plus individuellement que le reste, un peu hors du temps et de l’espace du festival.

Comme j’essaie de ne pas mourir de faim pendant le festival, je saute le passage de Not Scientists sur la Dave Mustage et me dirige vers le food truck japonais, pas très motivé par la loooongue queue de la buvette du festival. On a entendu dire que le Motocultor était particulièrement en manque de bénévoles cette année et il y a des moments où clairement ça se voit. Je ne peux que tirer mon chapeau à ceux présents qui bataillent pour que ça tourne. Un jour à force de tirer sur la corde ça va péter je pense.

Me voilà donc de retour face à la Massey après cet interlude gustatif alors que les Grecs de 1000Mods s’installent. Décidément cette année le Motocultor laisse la part belle au Stoner ! Mais celui ci est teinté de heavy et rend l’ensemble plus léger et dynamique.. A moins que ce soit l’inverse ? Du Heavy teinté de Stoner ? Selon les morceaux je ne sais pas trop mais 1000Mods sait bien imprimer un bon rythme et le coupler à quelque chose de parfois dansant. Par contre, contrairement à Au-Dessus, cette fois ci le manque de communication est à mon goût vraiment dommage ; parce qu’une telle musique mériterait d’être transmise un minimum physiquement des musiciens au public.

Pour me faire un peu plus secouer les tripes, je rejoins donc la Suppositor Stage qui accueille les Américains d’Iron Reagan et leur punk hardcore, autant dire que ce n’est pas la même ambiance ! Le public de la Suppositor nous offre de nouveau un magnifique foutoir de pogos survolés par un incessant flux de slammeurs. Comme précédemment la pente qui mène à la scène est remplie de festivaliers jusqu’en haut, si ça devient la norme il va falloir penser à agrandir la Suppositor et l’espace qui y est dédié les années suivantes parce qu’on commence à être serrés !

Cette foule compacte se retrouve sous le chapiteau de la Dave pour y voir Death Angel. Les Thrasheurs américains ne sont pas en tête d’affiche du festival mais on pourrait le penser en voyant comme le public les attend et le spectacle qui se lance. Death Angel c’est la puissance du Thrash, un show lumineux (littéralement, il y a 3 fois plus de spots et de couleurs que lors des sets précédents) et une foule en délire. Ce qui est plaisant c’est de voir un show qui est visiblement bien rôdé mais qui ne paraît pas effectué mécaniquement comme chez certains groupes de thrash en tournée perpétuelle. Il en résulte ce qu’on attend d’un festival : un set court certes mais explosif, où le public s’amuse et se défoule à la fois dans la bonne humeur. Ce n’est peut-être pas spécialement un moment d’anthologie mais c’est un vrai bon moment très plaisant, avec un bon échange entre le public et les membres de Death Angel qui communiquent beaucoup dans leur gestuelle mais parlent peu pour donner la priorité à une efficacité scénique et musicale.

Un dilemme se présente à moi : vais-je voir Ange, OVNI musical Français et expérience à avoir une fois dans sa vie, ou Tribulation qu’on m’a chaudement recommandé de toutes parts ? Je vais tenter de voir un peu des deux.

Ange prend place sur la Massey Ferguscène devant un public une fois de plus intergénérationnel. Et effectivement c’est une expérience assez spéciale : Ange nous délivre un rock prog éthéré voire complètement barré complété par un chant qui peut aller dans toutes les directions. Une ambiance indescriptible où le guitariste s’en donne à cœur joie et où le chanteur, surmonté de son haut de forme, met toute son énergie et un grain de folie dans sa prestation. Pourquoi a-t-il une chouette empaillée dans la main ? Allez savoir ! Mais ce questionnement résume à lui seul la prestation de Ange.

Je quitte ce moment décalé pour courir à la Suppositor Stage y voir Tribulation. Et là je me prends la claque du jour, et même du fest je peux vous le dire a posteriori. Le quatuor suédois nous propose un black fort, puissant mais également mélodique et planant. Quelque chose qui prend aux tripes superbement transmis par une attitude scénique expressive à souhait. Tribulation nous fait entrer DANS les morceaux et on les sent vraiment vibrer en nous. Mention spéciale au guitariste Jonathan Hulten, vêtu de manière assez féminine et le visage couvert de voiles, qui semble danser avec sa guitare dans des mouvements éthérés ou aquatiques je ne saurais pas trop dire. Je ne vais pas vous mentir, Tribulation est mon coup de cœur du Motocultor 2019 et je regrette même un peu d’avoir vu un peu de Ange avant au lieu de vivre cette prestation de bout en bout.

Difficile après ce moment de revenir sur Terre pour aller voir Soilwork qui se produit sur la Dave Mustage. Décidément cette année le Motocultor se met à l’heure suédoise ! Mais pour un tout autre genre cette fois puisqu’il s’agit d’un death mélodique beaucoup plus explosif. Soilwork nous offre une ambiance proche de celle de Death Angel : un bon défouloir pas non plus extrêmement bourrin où le public profite bien. Pendant une heure, la bande de Bjorn parcourt la scène dans tous les sens et nous balance ses morceaux bien pêchus. On regrettera juste la qualité du son, la différence entre l’avant du public ou le milieu étant bien marquée sur ce set, peut-être un peu plus que le reste du temps même si c’est un problème récurrent.

Sous le chapiteau voisin, Kadavar prend la relève avec son rock un peu plus old school proche d’un stoner, posé et plus dans la puissance… Trop de puissance même : le volume sonore est vraiment trop haut sur ce concert et gâche le plaisir. Pourtant les allemands donnent beaucoup pour nous fournir un set de qualité : ils sont clairement à fond dedans, que ce soit le chanteur/guitariste qui semble souffler ses poumons entiers dans son micro, le bassiste tellement emporté qu’il en paraît fou ou le batteur complètement transporté dont la sur-expressivité se perd dans ses cheveux volants et sa barbe très fournie. Sur la durée le volume casse la tête et je quitte finalement le chapiteau de la Massey avant la fin.

Un festival est malheureusement une affaire de choix : celui des groupes que l’on va voir ou non. Comme pour moi la pause s’impose, je fais l’impasse sur Hypocrisy dans la foulée de la fin du set de Kadavar. Pour certains c’est une hérésie je sais mais le set de Gaahls Wyrd qui va suivre est bien plus tentant à mes yeux.
La pluie qui menaçait commence à vraiment s’installer et gagner en intensité, nous promettant pour demain la terreur du Motocultor : la BOUE !

C’est donc sous une pluie battante que je me rends à la Suppositor Stage. Malgré les conditions climatiques le public est bien présent pour voir Gaahls Wyrd. Les imperméables et autres ponchos ont poussé sur le festival, même s’ils semblent vite bien inutiles face aux intempéries.
Dans ce (relatif) chaos Gaahls Wyrd débarque sur scène et faisant fi des conditions nous délivre un set puissant et délicieux. Il faut avouer que la pluie ajoute quelque chose d’exceptionnel à l’événement, une atmosphère très spéciale qui change la manière de percevoir le set et nous coupe du reste du monde. Il y a une connexion entre tous les membres de Gaahls Wyrd qui continuent de jouer malgré les seaux qui leur tombent sur la tronche et le public qui reste devant, acclame le groupe, profite du son. Les premiers rangs entendent des grésillements dans la sono, annonciateurs de ce que l’on craignait : le set est finalement écourté pour préserver le matériel (et pour la sécurité des musiciens !) Qu’importe : ce moment magique restera dans les annales !

Je traverse donc le site du festival sous la pluie qui tombe sans discontinuer pour aller voir la fin de Magma sur la Massey Ferguscène. Mais évidemment tout le monde s’est massé sous le chapiteau pour s’abriter et il m’est donc impossible de m’approcher. Poussé sous le rideau de flotte qui borde la toile, je finis par écouter de loin depuis le chapiteau de la Dave Mustage. Difficile de profiter pleinement de l’inclassable prog psychédélique jazzy bourré de choeurs.

Je suis donc déjà placé pour NoFX et leur punk potache et débraillé. Mais comme lorsque je les avais vus au Download je trouve que leur prestation contient beaucoup trop de blabla : 50% musique, 50% transitions c’est un ratio que je ne comprends pas et que je n’arrive pas à apprécier, quelle que soit la bonne humeur ambiante !

Je suis bien plus convaincu par le Punk breton des Ramoneurs de Menhirs ! Lorsqu’ils envahissent la Massey Ferguscène ils écrasent tout sur leur passage dans un tourbillon de bonne humeur bordélique de tartans où la bombarde et le biniou côtoient les guitares et le chant explosé. Sous le chapiteau c’est le délire complet : les slams sont impossibles à compter, tout le monde sautille dans tous les sens et des micro circle pits se déclenchent et disparaissent un peu partout. ça, c’est un vrai joyeux bordel !

Et cette ambiance de bazar improbable et joyeux reste pour la tête d’affiche du soir : Turbonegro. Vêtus de tenues qu’on n’attend pas forcément sur une scène de metal, plutôt caricature de boys band des années 80, les membres de la formation britannico-scandinave nous délivrent un set final explosif et haut en couleur. C’est bien simple : ils s’amusent sur scène comme des petits fous, tout en gardant une excellente qualité dans l’exécution musicale. Turbonegro c’est le meilleur des deux mondes entre le metal et la joie de vivre, et rien à foutre de ceux qui n’aiment pas le rouge à lèvres et le mini short du chanteur !

Sur ce, bisous, bonne nuit, et rendez-vous au jour 3 ! (trempés, parce que la pluie ne s’est pas arrêtée)

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