Le Thrill Seeker Metalfest n’est pas encore ouvert quand on arrive en ce samedi pluvieux. On récupère les pass et sur les conseils d’une personne du staff, on va se poser dans un restaurant japonais charmant. Une fois le ventre bien rempli, on part d’un bon pied pour se remplir la tête de bons sons.
C’est Child of Waste qui ouvre le festival. C’est un groupe de métal extrême qui nous vient de Paris. Le set commence avec une guitare en moins à cause d’un problème d’ampli. Le chanteur (Omer Leray) interagit avec le public à la fin du morceau le temps que le souci soit réglé. Les guitaristes (Charlotte Riemann et Jolan Normand) et le bassiste (Thibault Tadjer) se démènent pour relancer le public. À l’image d’un Marty Friedman, les jambes écartées ça headbang à un rythme effréné en s’agitant sur les cordes. Le batteur (Anthony Feynman) harcèle son instrument pour notre plus grand bonheur. Omer chauffe la salle à coup de : “Foutez le bordel !” et “Faites du bruit !”. Un morceau récent du groupe, “Promises”, est joué pendant le set. Il introduit le premier circle pit de la journée. Le set se termine avec un pogo effréné avec quelques chutes. Malgré tout Child of Waste a du mal à s’imposer. Il fait une photo de fin de set sans en parler au public, qui est déjà parti au bar. Mais le plus gros souci se trouve du côté de l’ingénieur lumière qui nous a assassiné avec des effets épileptiques pendant tout le set.
On profite de la pause pour aller fumer un coup et on sympathise avec l’un des vigiles qui se gère des entrées. Il va nous tenir la porte toute la soirée. Un stand de photo est installé dans le hall d’entrée, mais le photographe sera invisible toute la journée. Daturha monte maintenant sur scène. Le chanteur (Max) et le seul guitariste présent occupent la scène. Ils n’oublient pas le batteur (Mathieu) en se plaçant devant lui de temps à autre. Eddy jongle bien entre grawl et voix claire. La foule encore peu présente est prise par le flot. Dès le deuxième morceau ça headbang dans toute la foule, le bassiste (Vincent) montre l’exemple. Le public se tient par les épaules, ça pogote de partout au troisième morceau. Ça chute même. Un des spectateurs grawl si bien que Vincent le complimente. Max communique bien à coups de : “Vous êtes toujours là ?!” “Crosne, avec nous !” “Merci, vous êtes super.” “Crosne, tu veux bouger ?!”. La fin set du arrive, l’ingénieur lumière se réveille et nous assomme de nouveaux effets épileptiques. Le groupe fait la photo de fin de concert en le disant au public qui s’amasse dans un bruit de tous les dieux.
Le public accueille Pay to Die dans un headbang endiablé. Ça se tient par les épaules. Ça pogote. Ça bouge dans tous les sens. Ça tombe. Le chanteur (Maxime Tabaka) et la bassiste (Clément Mostefai) pousse la salle à l’abandon total à coup de : “Je veux que ça se tape.” “Rentrez-vous dedans.” “Doutez-vous sur la gueule.” Au cœur de la mêlée on aperçoit un chapeau de Stitch qui rentre dans tout ce qui bouge. Quand on connaît le héros de Disney, on ne veut pas se trouver sur son passage. Le public en vient à réclamer de lui-même les walls of death et les circles pit. Maxime lance le premier wall of death du set. Ensuite c’est l’enchaînement, à chaque morceau suivant on a le droit à un cricle pit ou un wall of death. La salle est en ébullition. On a un joueur de guitare air dans le public qui se laisse glisser sur les genoux à la fin d’une note. La dernière chanson a un taux de 100% de wall of death selon le groupe et ce chiffre ne bougera pas aujourd’hui. C’est donc sur ce wall of death que Pay to Die clôt son set.
On en arrive à la première déception de la journée. Sound of Memories bouge beaucoup sur scène. Le chanteur (Flo) interagit un maximum avec le public, il lui demande de se rapprocher de la scène. Mais la température monte difficilement. Le troisième morceau du set, “Amenaa” de l’album To Delivrance, voit enfin apparaître un pogo. Musicalement c’est maîtrisé mais c’est au niveau de la cohésion du groupe qu’il y a de vrais problèmes. Flo a manqué plusieurs fois de recevoir des coups de basse malgré la taille de la scène. Le set se finit avec une salle plutôt refroidie.
Notre déception s’estompe vite quand on voit ce qui arrive. Atlantis Chronicles n’est pas encore sur scène que l’on se sent déjà happé dans leur univers. En effet, c’est le premier groupe de la journée à avoir une scénographie. Deux kakemonos de chaque côté de la scène et une bannière géante reprennent la pochette du dernier album, Barton’s Odyssey. On commence doucement notre plongée vingt mille lieux sous les mers. D’autant plus qu’à l’arrivée des membres du groupe, une voix off introduit le set : “The sea is everything.” L’ingénieur lumière met ses lumières au service du groupe, on est plongé pendant tout le set dans une ambiance bleutée qui nous enfonce plus profondément dans les océans. Le public est pris par la vague musicale du groupe. La foule est déchaînée, Stitch n’épargne personne. Au quatrième morceau, les slams s’enchaînent. Au milieu du set, le chanteur (Antoine Bibent) fait une courte pause pour remercier l’orga et le public. Puis la deuxième vague de la tempête arrive. Les pogos ne sont plus de gentils coups entre copains, on cherche à se faire tomber de partout. On aperçoit les membres de Dathura dans la foule. Si l’Atlantide est effectivement dévastée, on est sûr de trouver les membres d’Atlantis Chronicles au milieu de la cité et des décombres, à jouer les mystères du fond des océans.
Arcania arrive et ouvre son set avec un morceau orienté speed metal. L’énergie dégagée est plaisante. Le bassiste (Guillaume Rossard) fait des grimaces aux photographes. Le groupe a une bonne cohésion et se déplace bien sur la scène. Le chanteur (Cyril Peglion) essaye de motiver le public : “Vous êtes un peu mou ce soir.” Malgré tout, rien n’y fait. La salle ne décolle pas. Si la cohésion est présente c’est dans la musicalité que ça pêche. Les premiers morceaux rappellent trop un Gojira sans la même puissance. On entend presque une reprise maladroite de “Flying Whales” de l’album From Mars to Sirius. On entend ensuite un Metallica sans punch. On revient à du Gojira avant de partir sur du son “sidilarsenesque”. Une intro d’un morceau reprend “Des Milliards” de l’album Chatterbox. C’est donc la deuxième déception de la journée. Après un rapide merci, le groupe s’empresse de libérer la scène.
À partir de ce moment, la foule commence à quitter le lieu. Ce qui est dommage vu qu’on arrive aux deux têtes d’affiche de la journée. Surtout qu’Otargos est le second groupe du jour à avoir une scénographie, et quelle scénographie ! H.R. Giger serait fier de voir son héritage à l’œuvre. Le micro du chanteur (Ulrich “Dagoth” Wegrich) est parsemé de crânes et de câbles, le haut rappelle la colonne vertébrale d’un humain. Deux kakemonos remplis de crânes siègent aux extrêmes de la scène. Les membres de groupes sont maquillés et mettent à l’honneur “Ghost of Mars” de John Carpenter, leur tenue rappelle les bandits du deuxième volet du “Mad Max” de George Miller. C’est une véritable ambiance post-apocalyptique que les bordelais nous offrent pour accompagner leur son puissant. Ulrich chauffe bien la salle et le public se réveille à nouveau. Les headbangs se standardisent et la tension ne cesse de s’élever pendant tout le set. Le groupe finit par de chaleureux remerciements à l’orga et au public. Le seul souci vient encore de l’ingénieur lumière qui n’en finit pas avec ses effets.
Gorod est le dernier groupe à monter sur scène aujourd’hui. Le chanteur (Julien “Nutz” Deyrez) communique bien avec le public. Il présente le groupe avant de lancer un morceau. La salle est prise par l’énergie du set. Il scande le nom du groupe, n’attendant que de pouvoir lâcher totalement prise. Ça pogote dès le début et ça ne va pas se calmer de tout le set. Toute la discographie du groupe est jouée ce soir, de Neurotripsicks à A Maze of Recycled Creeds. On assiste à un show d’une variété propre à Gorod, le death n’étant pas la seule corde aux guitares du groupe. Le public n’en finit plus de s’enflammer face à un groupe plus qu’heureux de jouer ce soir et qui n’hésite pas à le faire savoir. Cette énergie positive gonfle d’autant plus l’énergie brutale dégagée pour clôturer ce festival.
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Au final, on a assisté à une belle première édition du Thrill Seeker Metalfest. On quitte Crosne avec pleins de sons dans la tête et de tee-shirts dans le sac.