Artiste du mois : Adrian Smith

adrian_0Maître d’une Dark Fantasy flamboyante et affirmée, Adrian Smith fait régner sur l’Imaginaire une lumière ténébreuse reconnaissable entre toutes.

Né en Angleterre, patrie des plus mythiques explorateurs de la Fantasy, Adrian Smith ne s’étend pas beaucoup sur sa jeunesse en dehors de ses maigres affinités scolaires expliquant un désir créatif de vivre de son coup de crayon. A quel âge cette passion a t-elle pris le dessus sur les raisonnables espoirs de ses parents ? Mystère. Mais le bonhomme avoue plus aisément dans une interview donnée à l‘Atelier Phoenix (voir Youtube) que sa première oeuvre payée attendit ses 20 printemps et qu’il ne connaissait alors rien au fonctionnement même théorique du milieu professionnel de l’illustration. Il travaillait dans un recoin à l’extérieur de la demeure familiale, les fesses bien au froid mais soutenu au quotidien par la passion et l’ambition. A cette époque démunie de moyens hi-tech et d’internet pour communiquer et surtout toucher les éditeurs, Adrian Smith photocopiait ses travaux et les envoyait un peu partout. Un beau jour, ce fut le gros lot auprès de Games Workshop, une société anglaise de Nottingham spécialisée dans la conception et la vente de figurines, de jeux de cartes, et autres jeux de rôles. Adrian Smith leur vendit une première oeuvre pour l’illustration d’un ouvrage et obtint une place dans leur studio.

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Au fil des années, il aiguisa son style propre, s’engagea définitivement sur la voie de la Dark Fantasy dont il saisit toutes les nuances et imposa son nom dans l’univers Warhammer, étendant son champ d’action à la réalisation de couvertures et d’illustrations pour des romans, notamment pour Black Library.

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Poursuivant son exploration ténébreuse de la Fantasy, Adrian Smith travailla ensuite comme designer et illustrateur concept en freelance pour divers clients, essentiellement liés au jeu vidéo : EA, THQ, EA Mythic, Ubisoft, Vivendi, Blizzard, Wizards of the Coast, Jeux de Poussière… Peu à peu, des jeux vidéo, des jeux de société, des jeux de cartes de tous genres inondèrent le monde entier de la vision d’Adrian Smith (notamment Magic : The Gathering ou plus récemment Zombicide).

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Dans les années 2000, il participe à des expositions, au Comic’On à l’occasion duquel un double recueil consacré aux artistes participant est publié et met en images les aventures du guerrier Broz et de la jolie voleuse Roza d’après un scénario de Patt Mills (Broz). Comptant déjà deux tomes, cette bande dessinée invite le lecteur à parcourir les terres d’un Empire en proie aux révoltes de ses royaumes, emmenés par ces deux héros dont le destin est de lutter de concert pour obtenir justice. L’empreinte d’Adrian Smith y est puissante, tant dans les traits des personnages qu’à travers le choix d’aplats de couleurs vibrantes qui accentuent encore la bestialité mêlée de magie et de grâce de cet univers d’héroic fantasy.

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C’est aussi durant cette période que l’artiste prête son art à la réalisation d’un autre artbook baptisé Dark Fantasy, l’univers d’Adrian Smith où l’on croise morts-vivants, guerriers, elfes, nains, trolls, sorciers, centaures et autres créatures fantastiques présentés par les mots de Laurent et Olivier Souillé (éditions Daniel Maghen, 2008). Un ouvrage qui rend hommage à la qualité du travail et la prolifique imagination d’Adrian Smith, dans la lignée du catalogue d’exposition du Comic’On et contrairement à un premier recueil édité sans son aval par Games Workshop / Black Library en 2003 (et donc décrié par l’artiste).

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Le travail sur ordinateur ou avec les outils actuels n’est pas son truc. Il a appris, s’est formé et a gagner sa réputation en travaillant sa main et son art de manière traditionnelle, il continue de travailler ainsi, sans critiquer les artistes qui oeuvrent autrement. Crayons, fusain, papier, gouache, aquarelle, acrylique… Tout est révélateur d’un univers dévoué aux apparitions fantomatiques de géants en armure lourde souillée de ténèbres, hache en main, prêt à trancher la lumière ; de guerriers à la peau tannée par les rudes années de combats, aux cicatrices évidentes et à la mine patibulaire ; d’orques armés jusqu’aux dents et aux faces lourdes de grimaces accentuées par des dizaines d’anneaux ; de sorciers morts-vivants affichant leur squelette sous de longues tuniques chargées de broderies et des couronnes d’os ; de nains fumant leur tabac sous leur barbes infinies fixant le spectateur de leurs yeux brillants ; d’elfes effilés de toutes parts à l’élégance glaciale et menaçante…

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Lorsque l’on demande à Adrian Smith sa recette du succès, la simplicité et évidente vérité de sa réponse donne confiance à ceux qui aspirent à la reconnaissance et pourraient penser qu’ils manquent une étape. De la persévérance, l’exercice de son trait, multiplier les travaux sans s’attarder inconsidérément sur les précédents en quête du défaut, l’amour de son art, de ce que l’on fait et accepter de dormir moins que la plupart des gens. “Le talent pour faire une illustration s’apprend aussi longtemps qu’on peut y travailler soi-même, cela ne s’apprend pas forcément dans une école ou auprès de professeurs, il faut aimer ce que l’on fait, s’entraîner et ainsi progresser. Le maître mot est persévérer quoi qu’il arrive malgré les refus et les critiques, il faut le faire pour soi pas seulement pour le commanditaire ou l’auteur du roman que l’on illustre, être patient, […], travailler, encore et encore jusqu’à ce que le travail soit terminé, […] difficile d’en vivre, moi-même j’en ai bavé, […] ne suis vraiment à l’aise que depuis peu d’années, il faut se préparer à ce genre de difficultés”.

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Dans un futur proche, Adrian Smith annonce travailler autant que possible, explorer encore de nouveaux horizons, voir son travail publié, bref, avoir beaucoup de choses de prévues.

Merci à Atelierphoenix.com (surtout interview sur Youtube 20 mai 2014) et au site personnel d’Adrian Smith qui est remarquablement bien conçu !

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