C’est le 29 mars dernier à 20h que la BMI – Bibliothèque Multimédia Intercommunale – d’Epinal-Golbey a reçu dans ses murs Jean-Philippe Jaworski. Après Pierre Pevel et Charlotte Bousquet, c’est au tour de l’auteur de Janua Vera, de Gagner la guerre et de nombreuses nouvelles de participer à une rencontre animée par Stéphanie Nicot, la directrice artistique des Imaginales. C’est bien dans le cadre de la préparation aux prochaines Imaginales que ces entretiens permettent à un auditoire local de vivre, gratuitement, entre deux éditions, la magie des Imaginales.
L’entretien commence par une brève présentation de l’auteur. Enseignant en lettres dans un grand lycée nancéien, Jean-Philippe Jaworski a commencé par la création de jeux de rôle. Il est édité ensuite par Les Moutons électriques pour son recueil de nouvelles, Janua Vera, repéré par le Cafard cosmique. Faute d’avoir reçu ce recueil, Stéphanie Nicot l’a découvert un an plus tard. Elle a trouvé ce recueil remarquable.
Il convient de préciser que Jean-François Ruaud, le directeur littéraire des éditions Moutons électriques, a pris un très gros risque en l’éditant. En effet, personne ne connaissait Jean-Philippe Jaworski et les recueils de nouvelles ne se vendent pas en France, alors il y en a très peu de publiés. Il a eu le nez creux, car ce fut un véritable succès.
Son premier roman, Gagner la guerre, est un livre d’une grande maturité pour un premier roman. Il a d’ailleurs reçu le Prix Imaginales du meilleur roman. Ces deux titres ont fait plus de 10.000 ventes, ce qui est remarquable pour un auteur qui débute.
D’où vient le Vieux Royaume ? Il a une origine ludique alors que Jean-Philippe Jaworski a commencé à écrire des scénarios pour Donjons et Dragons et c’est là qu’est né le Vieux Royaume. Un ami lui a alors dit qu’il y avait matière à en faire autre chose que du jeu de rôle. Il a ainsi gardé les décors et y a joué avec les archétypes du jeu de rôle.
Il aime jeter des passerelles entre fantasy et littérature générale, notamment au travers de ses choix en matière d’exergues. Ils sont nombreux les auteurs classiques à avoir écrit ce qu’on qualifierait alors de fantasy, notamment Julien Gracq.
Ses premières nouvelles étaient pour des appels à texte avec la contrainte qu’il s’était fixé de rester dans l’univers du Vieux Royaume. Jean-Philippe Jaworski évoque alors les différents refus, parfois cocasses, qu’il a reçus.
Dans ses récits, la description de la guerre est proche de la réalité. Il assure une grande précision dans l’horreur tant en terme de combat que d’odeur etc… L’horreur est propre à l’épopée comme dans l’Illiade d’Homère, et il a pu retrouver beaucoup de description dans les récits de soldats de la première guerre mondiale. La guerre est brutale et sale et il ne faut pas la traiter avec complaisance, ni l’idéaliser dans l’écriture.
Ses romans sont extrêmement politiques et traitent souvent de la conquête du pouvoir, du comment le conserver, etc… Que cela se passe du point de vue d’un second couteau que de celui de l’homme politique à proprement parler, comme il le fait actuellement en rédigeant un prochain texte. Il est fasciné par la politique. Il est passionné d’histoire et reconnaît une influence littéraire shakespearienne. Il nous parle d’un de ses principaux personnages, Benvenuto, comme d’un être qui a envahi sa vie, puis parfois sa personnalité telle une petite voix qui lui insufflait ce que lui ferait à sa place durant toute la durée de l’écriture de Gagner la guerre. Exceptionnellement, ce n’est pas Stéphanie Nicot qui lit les extraits, mais l’auteur lui-même.
Actuellement, il travaille sur une trilogie de fantasy historique. Cette histoire sera celle d’un roi analphabète qui vit à l’âge du fer et qui raconte sa vie à un visiteur. C’est aussi l’histoire d’une grande migration dans un monde très différent du nôtre. Cette trilogie devrait commencer à paraître en 2013 et s’intitulera Rois du monde. Il a ensuite prévu de revenir au Vieux Royaume, d’abord avec des nouvelles, puis avec un roman.
Il a bien sûr eu des offres d’autres éditeurs, mais il est loyal et une relation de confiance existe avec l’éditeur qui lui a donné, la première fois, sa chance. De plus, il est enseignant et il aime enseigner. Devenir professionnel de l’écriture ne le tente pas encore pour le moment, car il est passionné par sa profession.
Le prochain invité de la BMI sera Sire Cédric le 29 mai prochain à la BMI à 20h. L’entrée est toujours gratuite et cette rencontre sera encore passionnante lors de cette semaine de lancement des Imaginales. Vous trouverez toutes les informations sur le site de la BMI au http://www.bmi-epinalgolbey.fr/