Japan Expo 2012

La Japan Expo, JE pour les habitués, est un évènement à ne pas manquer quand on est fan de manga et de japanimation. En place depuis 1999, ce festival dédié à la culture japonaise a su fidéliser ses visiteurs, d’autant plus que le phénomène manga prenait de l’ampleur en France.

Et oui, on se souvient du temps où être lecteur de manga ou fan de la « jap’culture » était regardé avec condescendance et franchement de travers. A présent que des éditeurs pionniers (Glénat, Tonkam, Pika, Delcourt) ont fait exploser ce genre littéraire pour lui offrir une place lui revenant de droit et un statut de choix, le festival de la Japan Expo affiche complet sur quatre jours et s’est même offert des déclinaisons dans le centre, le sud de la France et plus récemment en Belgique.

Tandis que l’opus 2011 était axé sur un soutien culturel et amical au Japon en crise depuis la catastrophe du mois de mars avec une belle part dédiée à une large promotion de la culture japonaise hors manga, ce qui est toujours attrayant et valorisant, la version de 2012 semble avoir bien oublié ces bonnes intentions. Pour faire clair et de l’avis d’une adepte de ce festival depuis… oups dix ans, nous sommes revenus à une version résolument tournée vers le « merchandising ». Certes, il y avait toujours les ateliers d’arts traditionnels (fabrication d’origami, calligraphie, port du kimono), les démonstrations d’arts martiaux et promotion des clubs français (kendo, karaté, judo), les mini spectacles de danses et de musique traditionnels japonais (tambours, danse, shamisen), une exposition d’art (« Wabi-Sabi », un projet de « présentation de l’esthétique japonaise » commencé en 2011 en partenariat avec Biken International) néanmoins, la pop culture japonaise était de nouveau majoritairement présente.

Mangavore depuis les années 90, je ne déplore pas cela mais je trouve que l’amorce de 2011, visant à présenter la culture japonaise dans un cadre plus large, était digne de la popularité de ce festival, but pédagogique qui ne semble pas voué à se poursuivre. Dommage…

Plaisir il y a toujours à visiter les stands des éditeurs, Glénat, Pika, Tonkam, Ki-oon, Kurokawa, Panini, Square Enix, Delcourt, Kana, Kazé, Casterman, Soleil, Doki-Doki, non seulement pour compléter une collection ou une série mais aussi pour découvrir de nouveaux titres, des expositions spécialement pensées et créées pour la Japan Expo (à ce titre, les éditions Ki-oon, Kazé et Kana sont particulièrement démonstratives depuis trois ans) et les différents aspects du travail des mangakas (planches originales, interviews écrites). Pourtant, prix du salon ou loi sur le prix unique du livre oblige, il ne faut pas espérer avoir une réduction sur vos achats de livres. Mais des petits cadeaux, goodies et autres attentions sont offerts aux acheteurs, preuve supplémentaires que le manga est un marché florissant sur la place littéraire mais aussi que les éditeurs font quelques efforts pour fidéliser les lecteurs à l’heure tragique du « scantrad » et de la piraterie internet visant le manga.

De petits éditeurs récemment arrivés sur le marché ont trouvé avec ce festival un vecteur idéal pour se faire connaître et présenter leur catalogue, je les salue car ils sont disponibles, souriants et affichent leur originalité, j’ai nommé Nobi Nobi ! et Booken Manga.

Un autre ovni a fait son apparition l’an passé et renouvelé l’expérience, la galerie d’art virtuelle Aoji qui propose des œuvres graphiques d’artistes japonais de toutes influences. Reproduites en quantités limitées et sur un choix de trois formats ou types de support, Aoji s’adresse aux gens qui ont le sens de l’image, de sa nature onirique et ce, quels que soient leurs moyens.

Pour les amateurs de fantastique, le monde du manga est un coffre aux trésors,  la preuve en est que cette année encore les titres mis en valeurs étaient à dominante du genre : Blue Exorcist, The Arms Peddler, One Piece, Vampire Knight

La répartition des stands sur la Japan Expo est, depuis des années, caractéristique de la classification des publics : un espace éditeurs, un espace jeux vidéo, un espace démonstrations et initiations (du judo au karaoké…), un espace exposants amateurs et professionnels français, un espace exposants professionnels nippons, des salles dédiées aux conférences thématiques, aux projections d’animés et aux évènements tels que l’incontournable défilé de cosplayeurs ou la cérémonie des Japan Expo Awards (sur vote des lecteurs internautes). Au milieu de cela, je peux vous assurer que la quantité ne manquant pas, il est bien fatigant de se frayer un chemin et de trouver ce qui nous intéresse, surtout que la foule étant plus dense chaque année, les plans ne sont plus distribués mais affichés ou consultables au point info. Inutile de vous dire que si vous êtes à l’opposé dudit point info, vous décidez de vous débrouiller seul. Heureusement, les panneaux suspendus au plafond fleurissent, des personnages populaires se plantent de toute leur taille promotionnelle (Naruto ou One Piece, les deux envahisseurs) et peuvent nous orienter jusqu’aux stands des éditeurs papier, jeux ou vidéo !

Quelques points purement positifs : cette année, la Japan Expo a accueilli Haruhiko Mikimoto, chara-designer de renom pour l’animation japonaise, Makoto Shinkai connu pour ses films d’animation graphiquement éblouissants, poétiques et aux scénarii profonds ainsi que le très reconnu et talentueux auteur de « Monster » et « Pluto », Naoki Urasawa.

Prix d’honneur pour l’ensemble de son travail, conférence publique, séance de dédicaces, exposition de planches grand format… Urasawa sensei a été le fer de lance de cette session 2012, même si rares étaient les chanceux à pouvoir assister tant à la conférence qu’aux dédicaces. Rappelons que pour l’un comme pour l’autre, il faut en passer par l’intraitable « premier arrivé premier servi » ou tirage au sort… Donc les festivaliers matinaux et possesseurs d’un Pass 4 jours ou Premium coûteux étaient évidemment favorisés. Ne vous avais-je pas dit « merchandising » ?

Alors s’il est toujours sympathique de se rendre à la Japan Expo pour un amateur comme pour un fana de manga, la note grimpant chaque année (les prix des billets en première ligne) et les surprises se raréfiant, il est dommageable de constater que ce festival, bien que gardant son aura, s’est transformé en gigantesque marché dont la mission première n’est plus seulement de valoriser un aspect important de la culture nippone mais bien de la réduire à une marchandise comme une autre.

Merci au site de la Japan Expo et au blog Bulles et Onomatopées pour les photographies.

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