Spiritus Mundi – Mahrk Gotié

Dès les premières pages, vous êtes transportés dans une histoire à la Alice au pays des merveilles où l’absurde côtoie le génie, où les apparences vous éloignent de la réalité et où la réalité semble désespérément et méticuleusement vous échapper. En d’autres termes, Spiritus Mundi s’est révélé être une lecture complètement déroutante, du moins, pour moi qui ne suis pas coutumière de ce genre de récit. Je me suis d’ailleurs empressée d’aller sur le net pour découvrir la définition du terme en espérant être quelque peu éclairée sur l’histoire qui prenait vie sous mes yeux…

Le roman suscite chez le lecteur autant de questions, ou presque, que chez Sarah, notre héroïne qui a perdu la mémoire et qui se retrouve dans un monde étrange qu’elle ne pourra quitter qu’après avoir affronté différentes épreuves. Comme elle, vous aurez très vite cette sensation de nager en plein brouillard et de devoir vous accrocher à la moindre parcelle de lumière, un peu comme à l’image de la couverture du roman où un visage semble se détacher du noir, de l’obscurité pour entrer dans le blanc, dans la lumière et la vérité. Happés par l’histoire et curieux d’en connaître le dénouement, vous n’aurez alors pas d’autre choix que de faire le voyage aux côtés de cette femme qui lutte avec acharnement pour retrouver ses souvenirs et se réapproprier son passé.

Pour atteindre cet objectif indispensable à sa santé mentale, et à la nôtre par la même occasion, elle sera fort heureusement aidée par des personnages qui, comme vous le découvrirez, sont étroitement liés à sa personne. Je ne peux pas vous en dire plus sur ce point sans vous gâcher le plaisir de la découverte, mais j’ai aimé l’inventivité dont a su faire preuve l’auteur quant à ses personnages et à leur personnalité bien marquée. Bien que parfois horripilants dans leur manière de trop en dire ou pas assez sans oublier leur tendance aux réponses sibyllines, ils n’en demeurent pas moins une pièce maîtresse de l’aventure. Sans eux, point de quête !

Quant à Sarah, de prime abord, ce n’est pas une personne à laquelle il est aisé de s’attacher. Mais rien de surprenant à cela : comment apprécier quelqu’un qui ne se connaît même pas lui-même ?  Sans passé ni souvenirs à partager, elle se présente un peu comme une page vierge sur laquelle s’inscrivent, petit à petit, des lettres, puis des mots et enfin des phrases. On apprend donc à la connaître en même temps qu’elle se (re)découvre. Un phénomène intéressant finit cependant par se produire puisqu’au cours de ce voyage éprouvant à travers le temps et l’espace, vous finirez par ne plus avoir l’impression de suivre Sarah, mais d’être cette femme en quête de son passé. Vous ressentirez alors, avec force, les émotions et les différentes pensées qui l’assaillent : confusion, agacement, espoir, désespoir, franche colère, anxiété, excitation… Un maelström d’émotions qui met les nerfs des lecteurs à rude épreuve !

Plongés dans une certaine confusion, les lecteurs devraient toutefois être comblés de retrouver des créatures que l’on connaît tous plus ou moins : dragon, centaure, phénix, licorne… Quelques éléments de fantasy classique dans un récit qui se détache quelque peu du genre par sa dimension philosophique voire métaphysique. J’ai, pour ma part, apprécié de retrouver ces créatures familières qui m’ont donné l’impression d’être en terrain connu quand mon esprit commençait à se perdre dans un flot ininterrompu de questions. A noter également quelques scènes de combat qui apportent un souffle nouveau au récit d’autant que la plume de l’auteur fait des merveilles pour nous plonger au cœur des affrontements. Et puis, après avoir fait chauffer nos neurones, avouons que des scènes plus physiques, et donc facilement compréhensibles, sont plutôt bien accueillies.

Enfin, au-delà de l’histoire et de cette aura de mystère qu’elle dégage, j’ai été séduite par la plume de l’auteur qui, sans être lyrique, a un petit côté poétique et une élégance naturelle qui devraient ravir les amateurs de belles plumes. Mahrk Gotié s’appuie d’ailleurs sur sa maîtrise des mots pour vous embarquer dans son voyage malgré les zones d’ombre qui l’entourent. Même si vous ne comprenez pas tout, vous finirez par vous abandonner totalement, acceptant d’être parfois dans le flou, et vous vous laisserez porter par l’imagination plus que fertile de l’auteur. Cela ne vous empêchera pas d’attraper, par-ci par-là, des informations avec la ferme intention d’emboîter les différentes pièces du puzzle comme Sarah désire rassembler les différentes parties de son émeraude. Y arriverez-vous ou non, vous serez les seuls capables de répondre à cette question, mais ce qui est certain, c’est le plaisir que vous prendrez à essayer de résoudre ce casse-tête et de faire la lumière sur cette histoire « de fou ». Et dans le processus, vous comprendrez qu’avec Spiritus Mundi, la célèbre citation « L’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage » atteint ses limites. Car pour Sarah, si le voyage est nécessaire, la destination est vitale !

En conclusion, si l’histoire m’a parfois déroutée, j’ai apprécié la prise de risque de l’auteur qui signe ici une histoire qui vous pousse dans vos retranchements, vous invite à réfléchir et à accepter, pour certains lecteurs dont je fais partie, de ne pas tout comprendre. Roman de fantasy, conte philosophique avec une large place accordée au symbolisme ou roman d’apprentissage, voire un peu de tout ça, Spiritus Mundi est un livre sur lequel il est difficile de mettre une étiquette. Mais nous pouvons néanmoins nous accorder sur une chose, c’est qu’il marquera l’esprit de ses lecteurs.

Spiritus Mundi
Mahrk Gotié
Sudarènes Éditions
170 pages
19€

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