Motocultor 2018 – Jour 3

Arnold : TRANZAT (Metal progressif – Brest ) – Massey Ferguscène – Galaxie fort lointaine

Le sommeil ayant ses raisons que la raison ignore, nous loupons malheureusement Promethée, le premier groupe de la journée. Toutefois, nous vous invitons à aller jeter une oreille attentive à leur dernier opus en date, Convalescence, qui vaut largement le coup de tympan.

Ceci étant dit, c’est par l’équipage de Tranzat que nous débutons les festivités dominicales. Avec leurs polos bardés d’un écusson, le quatuor de Brest semble tout droit débouler du vaisseau Entreprise. Bien mal avisé sera celle ou celui qui ne se laissera pas envahir par le son brillant de ce metal prog à la croisée des chemins entre Devin Townsend Project et des riffs stoners. Merveilleusement chanté, le show de Tranzat se compose de longues phases musicales groovy, d’une énergie sincère de la part de ses musiciens – dont le bassiste qui n’hésite pas à user de l’estrade de batterie pour aller chercher le public – et de petites chorés aussi amusantes que rafraîchissantes. Alors que le chanteur demande au public comment il fait pour être debout si tôt, on annonce l’arrivée d’un solo d’amour autour duquel les autres musiciens s’attroupent façon Brazzers. Et entre ça et la petite reprise du Roi Lion façon Elton John avant de partir sur un titre totalement spatial, la décontraction est royale et la maîtrise totale. Un excellent moment de live pour ce qui est une des meilleures découvertes du festival.

Delora : IMPLORE (Grindcore/Death metal – Allemagne/Espagne/Autriche/Italie) Supositor Stage – Grind sans frontières

Le show de Tranzat est tellement cool que c’est difficile de les quitter pour aller découvrir Implore ! Mais dans eMaginarock, on fait les choses bien, on tient à vous parler d’un maximum de groupes ! Donc direction la Supositor pour assister à du bon grind death qui tâche.

Première chose notable, le batteur a un jeu très visuel et des plans de batterie à la fois chiadés et extrêmement rapides. Les bpm qu’il nous envoi en pleine tête pourraient décrocher les cervicales de bons nombres d’entre nous. Leurs morceaux me rappellent du bon Napalm Death, ou encore du Anal Cunt, avec une patte limite punk sur les bords, c’est violent, rapide, bien joué et efficace. Leur son est assez varié tout comme les origines du combo, étant donné que les musiciens viennent de 4 pays différents !

Delora : JINJER (Metalcore – Ukraine) Dave Mustage – Le Mosh préfère les brunes

Le show de Tranzat à peine terminé, la fosse se remplie de plus en plus devant la Dave Mustage pour accueillir le groupe phare du moment en Ukraine. J’aperçois d’ailleurs l’un des musiciens de Tranzat venu assister au concert. Avant même de monter sur scène, le public les acclame et frappe dans leur main en attendant impatiemment l’arrivée des musiciens et de leur frontwoman, Tatiana.

Tout de vinyle vêtu, elle nous offre une palette vocale riche et intéressante sur une musique à la fois technique et groovy. Tatiana occupe la scène aisément et n’a pas de mal à faire participer le public.

L’alternance entre le chant clair et le chant saturé est très bien maîtrisé. Petite remarque visuelle, le batteur a une disposition de cymbales particulières, aucunes ne le dépasse, elles sont toutes à sa hauteur. Aurait-il de petits bras ? Les morceaux ont quelques passages progressifs, et ont le mérite de surprendre l’assemblée avec  des changements radicaux de rythme ; mêlant un côté musical reggae/ska à une voix claire typée soul. Bien que son talent ne soit pas à débattre, il est dommage que Tatiana se sente obligée de minauder et de jouer de son apparence physique en se trémoussant plus que de raisons.

Arnold : CULT OF OCCULT (Occult black sludge – Lyon) – Massey Freguscène – Va bien te faire occulter

A peine les réjouissances débutée, on tient un sacré niveau : les quatre musiciens, dépouillés et encapuchonnés dans leurs sweats, débarquent chacun leur tour, sans un mot, balançant leurs canettes vides dans la fosse et présentent leurs majeurs à un public qui n’en demandait pas tant. La désinvolture ultime, en somme. A moins que ça ne soit que de la misanthropie ultra-travaillée ? On penche plus dans cette direction alors que Cult of Occult envoie ses riffs ultra lourds, saturés façon post, accompagné d’un chant black strident hyper éraillé. Dans le pit, ça sent la weed. Un titre, quatre notes. De quoi t’assommer à cette heure de l’après-midi. Que dire, si ce n’est que c’est un certain trip et que s’il a ses avides défenseurs – et comme nous les comprenons – il ne passe que moyennement à cette heure-ci en festival. A part être avachis sous le poids de la misère du monde, Cult of Occult gagnerait probablement à ajouter plus de spectacle à son set et se savoure certainement bien mieux en salle.

Delora: DEHUMAN (Death Metal – Belgique) Supositor Stage – Moisson humaine

Beaucoup de personnes sont allongées dans l’herbe à la cool pour assister au concert des belges. On est en plein soleil, avec du bon death qui tâche dans les oreilles, c’est plutôt sympathique. Les titres s’enchaînent, mais la fin de chaque morceaux semblent annoncées la fin de leur concert ce qui est un peu déroutant. On aura le droit à un mini circle pit sur le dernier morceau. Le quatuor nous a joué un death générique mais de bonne facture avec des soli techniques parsemés d’harmoniques artificielles.

Delora: WARBRINGER (Thrash metal – Etats Unis) Dave Mustage – Hommage to thrash

C’est le moment pour les warriors de sortir leurs blazons et d’aller guerroyer dans le pit.

D’entrée de jeu, les riffs rapides et thrashy, la bonne humeur des américains et les soli en tapping des gratteux nous mettent dans le bain pour des pogos endiablés. En milieu de set, le quintet nous réserve même une petite surprise en interprétant le morceau Power Unsurpassed issu de leur dernier album, sorti ce 7 Septembre 2018. Les ricains font du thrash à la sauce allemande et on peut dire qu’elle prend !

Delora : SADISTIC INTENT (Black Death – Etats Unis) Supositor Stage – Les vétérans

Si vous vouliez un vieux groupe bien old school, il ne fallait pas louper les américains de Sadistic Intent, cela fait quelques années qu’ils écument les scènes d’ici et d’ailleurs, vu qu’ils se sont formés en 198c7 ! Parmi ses rangs, le groupe compte deux frangins, les fondateurs, Rick à la guitare et Bay Cortez, bassiste chanteur.  Malheureusement la fosse est un peu déserte pour accueillir le brutal death teinté de thrash du quatuor. On sent bien les influences de Sodom, de Slayer ou encore de Kreator dans leur son, ça envoi, les soli sont bien exécutés, les riffs restent en tête (la mienne bougent d’ailleurs pas mal tellement leur son me parle). En même temps, on pouvait difficilement en attendre moins des anciens membres de Possessed !

Delora : Misery Index (Brutal Death – Etats Unis) Massey Ferguscène – A pas vu…

Nous n’avons pas eu l’occasion de les voir parce que nous nous sommes autorisés un petit apéro sur les trois jours du festival ! Nous avons pu profiter du cadre VIP et discuter avec la famille autour d’un bon verre de cidre.

Delora et Arnold : DEAD BONES BUNNY (Rockabilly Metal – France) Dave Mustage –  Quoi de neuf docteur ? – On aime lapine

Delora : Autre gagnant du regretté Headbang Contest : les Dead Bones Bunny qui mettent les pieds dans le plat avec un show à la fois festif et visuel. Une entrée sur scène avec un petit apéro entre zikos – ils se font d’ailleurs un plaisir de trinquer avec leur public. Une fois leurs verres terminés, les choses sérieuses peuvent commencer ! Dead Bones Bunny qu’est-ce que c’est : – Un véritable showman à la contrebasse, qui n’hésite pas à descendre de scène avec son instrument pour aller au milieu de la fosse afin d’être au cœur de l’action. Un circle pit se formera d’ailleurs tout autour de lui et il reviendra au devant de la scène en slammant (oui, oui, toujours avec sa contrebasse entre les mains, mais quel talent !) – Deux choristes à la tessiture vocale forte intéressante, habillées de façon rétro.  Les deux chanteuses interagissent aisément avec leurs musiciens en effectuant quelques petites chorégraphies tout au long du set. – Un guitar hero au charisme indéniable. – Un batteur au jeu très visuel, et un très bon frontman dont la voix nous fait automatiquement penser à notre Lemmy disparu. Mais ce n’est pas tout, le groupe a aussi dans ses rangs une mascotte « Bunny Bones» ! Qui fera quelques apparitions très appréciées sur scène ! Elle nous offrira un Air Carotte qui m’a particulièrement plu ! Tout le monde s’éclate sur les planches de la Dave Mustage sans parler de la fosse qui est littéralement déchaînée. C’est du rockab me direz-vous, vous ne vous attendez donc pas forcément à avoir un pit de malade, eh bien détrompez-vous, les pogos et les slammeurs étaient légions !  Les petites reprises ont forcément fait plaisir également, faut dire qu’un Cowboys from hell, ça fait toujours son effet ! C’est d’ailleurs sur ce titre que Gab, le contrebassiste surprendra les festivaliers en descendant dans la fosse avec son instrument créant une véritable folie dans le pit.

Les lapins morts nous ont offert un concert qui a mis tout le monde d’accord. Après leur passage, vous ne pouviez avoir que le smile aux lèvres.

Arnold : Avec Serenius, ils sont les autres gagnants du dernier Headbang Contest et ils sont d’une insolence aussi rare qu’inspirante. Dead Bones Bunny est une formation qui n’a pas un an d’existence et pourtant, les voilà, à la mode 50’s, carotte à la bouche, surgissant de leur terrier pour débouler directement sur la Main Stage du Motoc – un coup de poker pourrait-on dire. Un Ovni même, avec leur mélange de rockabilly et de metal – des univers pas si éloignés, finalement. Le résultat ? C’est un show in-té-gral, réfléchit de bout en bout : décors de scène, introduction en forme de décompte, une contrebasse, deux choristes et une figurante portant le costume de Bunny Bones, égérie fictive à tête de lapin mort qui aurait fondé le groupe. Dès les premières notes, le pit s’excite, les spectateurs sont ravis et les slammeurs s’enchaînent. Une festivalière en perd son serre-tête en forme d’oreilles de lapin, presque immédiatement récupérées par un vigile qui se les fiche droit sur la tête ! Sur scène, le ton est à la blague, spontané et décontracté, les musiciens chics et chocs dans leurs cravates et leurs robes vintage. Clou du spectacle : Gab, le contrebassiste, part en fosse avec son instrument (et on aime autant vous dire que ça pèse) et se voit immédiatement entouré par la foule qui effectue autour de lui un circle pit d’anthologie, soulevant un nuage de poussière chargé d’enthousiasme qui s’élève droit vers la canopée de la Dave Mustage. L’homme est porté en triomphe sur les épaules des gens et ramené sur scène pour finir un set dansant, inédit et ponctué d’une reprise de Cowboys From Hell de Pantera et d’un ultime détour par la mare aux canards avec une cover du générique de La Bande à Picsou. Brelan d’As. Tapis vert. Le public est réduit en civet et il est loin de s’être fait carroter !

Arnold: ORIGIN (Brutal death technic – U.S.A) – Suppositor Stage – Vous auriez vu ma bétonneuse ?

Si le public en a sucré des lapins, il sait manifestement où aller ensuite. La Suppositor est pleine à craquer pour receveoir les maîtres du death technique. Ce soir, Origin fête ses vingt ans et pour l’occasion, s’est déplacé sans bassiste – perdu à l’aéroport avec une partie du matériel retenu par la douane. Qu’à cela ne tienne, Jason Keyser demande à ce que le meilleur champion de air-bass monte sur scène. Vous êtes dix ? C’est pas grave, montez tous ! Suite à ça, on assiste à un déchainement surréaliste dans le pit et sur la scène, au son de la brutalité sans pitié du groupe venu du Kansas. Le batteur John Longstreth est une vraie machine de guerre et les invités se défoncent comme jamais pour imiter la basse. « Pas la bonne chanson ! Tu vas pas assez vite ». Keyser s’amuse, toujours souriant entre deux growls infernaux. « When there’s no room in hell, the dead shall rule the pit », cite-t-il en conjurant le public de faire un zombie pit sur leur titre le plus lent (qui ne doit pas non plus descendre en dessous des 220 BMP, faut pas déconner). Le pire, c’est qu’il l’obtient sans effort. En plus d’un degré de technicité hors du commun et d’un vraie osmose avec son public, le groupe annonce ses titres avec une voix normale, sans forcer le trait. Sérieux, chanteur de metal qui me lit : arrête de grogner les titres de tes chansons – on ne te comprend pas. Origin est un exemple à plus d’un titre et vous auriez eu tort de ne pas être là pour prendre votre leçon.

Delora : STONED JESUS (Stoner Doom – Ukraine) Massey Ferguscène – Première communion

Alors là, il était hors de question que je loupe mes petits ukrainiens favoris ! Je ne les avais jamais vu sur scène, mais ça fait une éternité que je m’écoute en boucle leurs albums, Seven Thunders Roar, First Communion ou encore les deux volumes de The Seeds – de vrais petits bijoux.

Donc déjà, un grand merci au Motocultor de les avoir programmé ! Et pour couronner le tout, en vue de la sortie de leur nouvel album, Pilgrims, nous avons eu le droit à un titre en avant-première sur les planches de la Massey: Thessalia ! A la fois groovy et transcendant, la basse est très présente, appuyée par une voix toujours aussi planante et efficace. Je n’étais évidemment pas la seule à les attendre de pieds ferme… En effet, la fosse était vraiment pleine à craquer. Le bassiste avait beau faire quelques back vocals, il se partageait le micro avec le frontman. Ce dernier fera l’effort d’adresser quelques mots en français à la foule, avec un « c’est trop bien » entre deux morceaux, ou encore un « vive la France ». Le trio a un smile jusqu’aux oreilles et une aisance scénique vraiment agréable à voir. Le show était carré, le son était excellent, bref un live jouissif. Pendant le dernier morceau, le leader, Ihor, a sorti son téléphone portable pour immortaliser ce moment en filmant la fosse. À la fin du set, chacun des musiciens remercia chaleureusement le public et Ihor balança sa chaussure dans la fosse (pourquoi me direz-vous ? Aucune idée, mais je peux vous dire que les gens se sont jetés dessus tels les oiseaux d’Hitchcock, comme s’il s’agissait d’un objet collector, l’un des festivaliers est donc parti avec une chaussure, normal quoi.)

Delora: COMEBACK KID (Punk Hardcore – Canada) Massey Ferguscène

Mine de rien, après deux jours et demi dans les pattes de festival à courir partout pour essayer de voir tous les groupes sur les trois scènes du Motocultor, il arrive forcément un moment où nous commençons à être fatigués. Nous avons donc opté pour quelques minutes de répit afin de profiter du bon cidre dans les canapés de l’accès VIP. Nous n’avons donc pas vu le show de Comeback Kid.

Delora: TOXIC HOLOCAUST (Thrash Metal – Etats Unis) Supositor Stage – In the air

D’entrée de jeu, le concert démarre sur les chapeaux de roue avec l’excellent titre War is Hell, morceau très apprécié par les fans du trio ! Une bonne moitié du set est dédié à l’album An Overdose of Death, excellent cru des américains, parfait pour la scène.

Toxic Holocaust vari entre un son thrash black, à la frontière du punk sur certains passages, c’est rapide, simple et très efficace. Leurs morceaux sont courts et brutaux, de quoi faire pogoter comme il se doit une fosse bien énervée.

Mister Grind, frontman au visage juvénile et à la chevelure blonde, remercie chaleureusement le public de la Supositor entre chaque morceaux, son sourire ne le quittera pas du set. Les slammeurs défilent et se bousculent au dessus de nos têtes. En fin de set, quelques initiés chanteront à l’unissions avec Joel Grind les refrains des titres Nuke the Cross et Bitch au plus grand plaisir du frontman.

Delora : POPA CHUBBY (Blues Rock – Etats Unis) Massey Ferguscène – Daddy Blues

En tant que grande amatrice de blues il était hors de question pour moi de louper Popa Chubby, une pointure du genre ! Nous retrouvons Popa assis tranquillement, guitare à la main, virtuose de la guitare, avec sa batteuse et son bassiste ! Les gens de la fosse ont tous la banane, la plupart d’entre eux dansent sur les rythmes des titres de Popa Chubby. Evidemment sur des covers telles que Hallelujah ou encore Hey Joe, la fosse chantera à l’unisson avec le frontman. Le public est conquis par la prestation bluesy du New Yorkais ! Ça joue divinement bien, l’ambiance est festive et dansante !

Delora : NASHVILLE PUSSY (Hard Rock – Etats Unis) Dave Mustage – Rock velu et décolletés

La musique de 2001 l’odyssée de l’espace se fait entendre sur la Mustage, réarrangée façon funky, pour accueillir Nashville Pussy, prêt à en découdre ! Dès les premières notes, la guitariste lead  Ruyter Suys, semble déjà possédée par sa guitare, le concert s’annonce rock’n’roll à souhait. Le frontman, Blaine Cartwright, est toujours aussi brut de décoffrage, avec son légendaire chapeau vissé sur le crâne, il arbore la foule d’une voix rocailleuse et se focalise sur son chant. De ce fait, c’est celui qui bouge le moins sur scène, dommage pour un frontman !

En revanche, il y a une très bonne synergie entre la bassiste et Ruyter. L’ingé light ne s’est par contre pas cassé la tête pour leur show, c’est même à se demander s’il était derrière son matos…  Côté visuel, heureusement que la guitariste fait le show, c’est d’ailleurs celle qui capte le plus d’attention, avec sa crinière blonde qui bouge dans tous les sens et ses coups de pieds dans le vide à répétition. Une vraie pile électrique, sans compter qu’elle gère à la guitare.

Hommage fort apprécié à Popa Chubby sur le titre Goodbye baby go to hell. Un show sympathique, mais pas transcendant en ce qui me concerne.

Delora: DYING FETUS (Death Metal – Etats Unis) Supositor Stage – Kill the pit

La nuit est tombée, la fosse est relativement pleine et semble bien décidée à foutre le bordel dans le pit pendant le show des américains. Arborant fièrement les roll up à l’effigie de l’album Wrong One to Fuck With, sorti en 2017, le trio fait son entrée sur la Supositor sur le titre éponyme de cet album.

La voix de John Gallagher est toujours aussi impressionnante comme issue des profondeurs abyssales, (plus grave, tu ne peux pas test), sans parler de son débit toujours aussi efficace.

Les américains n’ont beau être que trois sur scène, je m’étonnerai toujours de la puissance qu’ils dégagent. Parfois, lorsqu’il n’y a qu’une seule guitare, on peut éprouver comme un vide sur certains passages, trouver que ça manque de lourdeur ou de décibels, mais cette sensation est inexistante pendant les concerts du Dying Fetus. Histoire de clôturer le set sur un titre poétique, Dying Fetus lance le morceau Kill Your Mother, Rape Your Dog.

Delora : PHIL CAMPBELL (Heavy Metal – Angleterre) Massey Ferguscène – Histoire de famille

Phil, ancien membre de Motorhead et ses fils montent sur les planches de la Massey pour nous offrir du rock’n’roll en barre.

A l’ancienne, reprenant évidement quelques titres de Motorhead, cette petite famille de rockeurs s’éclatent avec leur public. Le groupe reprendra le titre Sliver Machine et sera rejoint par Andreas Kisser, de Sepultura pour chanter les refrains à l’unissons avec les anglais. Suite à cela, Phil clashera avec humour le groupe des brésiliens, sur le coup, je l’ai entendu de loin et je n’avais pas compris la raison d’un tel discours (j’ai compris par la suite que c’était par taquinerie). Le chanteur plein d’énergie incitera la fosse à faire quelques jumps pendant certains titres du set. Un concert bon enfant et plein d’entrain.

Delora: LES TAMBOURS DU BRONX (Percussions industrielles – France) Dave Mustage – Loin d’être bidon

Très attendu par la faune du Motocultor, moi y compris bien entendu, les Tambours du Bronx s’apprêtent à monter sur les planches de la mainstage.

Les 13 percussionnistes arrivent sur scène avec leurs bidons sur le dos, s’installent et dans la foulée commencent à frapper de toutes leurs forces dessus.

Stéphane Buriez de Loudblast et Reuno de Lofofora s’occuperont du chant pendant le set bien urbain du groupe. Et nous avons la chance de retrouver également Franky Costanza derrière la batterie. Bref, une véritable horde sur scène ! La puissance tribale des percussions prend vraiment au corps, les vibrations boostent la fosse en délire. Visuellement, la synchronisation des musiciens est à la fois impressionnante et belle à voir. Franky est un peu plus en retrait par rapport à son habitude, mais nous fera part de plans de batteries simples et efficaces, n’empiétant pas sur les parties des 13 percussionnistes. Cependant il nous offrira tout de même un bon tapis de double pédale sur le morceau Jour de colère. Le groupe nous jouera également une reprise de Prodigy The day is my enemy. Une véritable réussite, un show qui fait non seulement plaisir pour les yeux mais aussi pour les oreilles ! Nous les retrouverons à la fin du festival, en featuring avec Sepultura !

Arnold : PERTURBATOR (Retro wave – U.S.A) – Massey Ferguscène – Fauteur de trouble(s)

S’il est bien une formation qu’on qualifiera d’ovniesque pour ce Motocultor, c’est définitivement Perturbator. Un batteur, un clavier et des panneaux de lights ahurissants sont les seules composantes de ce projet retro-wave (comprenez de l’électro influencée par les B.O des années 80), genre dont Perturbator se dispute la tête de podium avec les français de Carpenter Brut. Loin des poncifs du metal donc, avec lequel il n’entretient qu’un rapport lointain. Et pourtant, les concerts de retro-wave sont majoritairement fréquentés par des metalleux, preuve s’il en est, que le genre peine à se renouveler. En tout cas, sur scène, c’est le grand show son et lumière. Jean-Michel Jarre peut aller se rhabiller. Le public est hypnotisé par les nappes de claviers hyper marquées et les rythmes binaires qui nous ramènent au bon temps des vidéo-clubs d’antan. Les curieux et fans se sont amoncelés en masse comme dans une gigantesque boîte de nuit en plein air, peut-être le pré-concert idéal avant la guerre que prépare Sepultura. Autour de la Massey, les commentaires désobligeants vont bon train sur la place que mérite ou pas Perturbator dans les rangs d’un festival de ce type, mais mauvaise langue ne saurait faire jouir.

Delora: MUNICIPAL WASTE (Crossover Thrash – Etats Unis) Supositor Stage – Shark in the pit

Le combo de crossover américain est d’attaque pour nous faire passer un bon moment.

C’est « cheveux au vent » que la section corde nous balance leurs riffs rapides et efficaces.

Des titres courts, simples et sans concessions. Les morceaux de Municipal Waste semblent conquérir la fosse de la Supositor. Celle-ci est réactive et les gens sont nombreux dans le pit. Bien évidemment le légendaire requin gonflable se promène au-dessus de nos têtes. Eh oui, pour celles et ceux qui ne le savent pas, à chaque concert de Municipal Waste, vous pouvez être sûrs de retrouver un requin gonflable dans le pit ! La setlist du quintet américain se concentre essentiellement sur les albums Slime and Punishment et The Art of Partying, deux albums d’excellente qualité, qui feront mouche sur scène. Dommage que la voix de Guardrail soit un peu trop en retrait dans le mix.

Arnold : SEPULTURA – (Death Metal – Brésil) – Dave Mustage– Messie des favelas

Le grand final est sur nous tandis que la tête d’affiche du festival se présente sur scène. Attendus comme les messies qu’ils sont, le groupe culte venu du Brésil va tatanner à grand renforts d’hymnes chiadés et de nouveautés un public toujours entièrement acquis à sa cause. Ce soir, Sepultura célèbre les vingt ans de présence dans le groupe de Derrik Green, le golgoth frontman du groupe qui ce soir encore, est d’une sympathie sans commune mesure. Notre impatience est redoublée, car la programmation du Motocultor communique depuis des mois sur la présence des Tambours du Bronx dans le set, un duo culte que nous avons hâte de découvrir. Mais les titres s’enchaînent une heure durant, même les plus cultes : Kairos, Territory, Against, Choke, le superbe Machine Messiah issu du dernier album… puis arrivent Arise, Refuse / Resist, Ratamahata, le plaisir et la communion sont à leur comble et pourtant… toujours pas de Tambours du Bronx. Ce n’est que sur le dernier titre, Roots Bloody Roots, que ces derniers rejoignent le quatuor sur scène pour un duo tant promis, mais si mal vendu. Un scandale, mal markété par le Motoc et dont on était en droit d’attendre plus qu’un maigre rappel. Certes, Sepultura ont fait leur travail, annihilé une stage qui n’en demandait pas tant et confirmé leur place de leaders. Mais le final de cette journée a tout de même un goût amer en bouche.

BILAN DE LA JOURNEE DU DIMANCHE :

La claque cuisante :

– Dead Bones Bunny (Delora)

– Origin / Perturbator / Dead Bones Bunny (Arnold)

Le groupe dont il FAUT acheter l’album :

–  Stoned Jesus et Tranzat (Delora)

– Tranzat (Arnold)

La découverte qui fait plaisir :

– Tranzat et Perturbator (Delora)

– Tranzat / Dead Bones Bunny (Arnold)

La déception :

– Cult of Occult (Delora et Arnold)

Une affiche riche et variée…

Cette année, la programmation du Motocultor a été presque en tout point exemplaire. Que l’on apprécie ou pas telle ou telle sous-étiquette du metal, ils sont tous là, de toute origine. De quoi satisfaire le plus exigeant. Si l’on note une bonne tendance au black metal et surtout au post (on en reparlera), c’est aussi par ses trente à quarante pourcent de groupes français que le Motocultor excelle. Rares sont les festivals de cette ampleur à faire reposer aussi massivement son affiche sur des groupes bleu-blanc-rouge qui ont besoin de se faire connaître, de s’exprimer et de clamer haut et fort leurs divers talents. C’est malheureusement la dernière année que le festival fera monter sur scène des gagnants du tremplin Headbang Contest, organisé par Access Live, cette suprême manifestation ayant tiré sa révérence non sans avoir offert aux groupes Serenius et Dead Bones Bunny le grand luxe de monter se produire sur la gigantesque Dave Mustage en guise d’ultime cadeau.

De même, l’affiche du fest ne compte pas d’immenses crowd-pleasers indigestes et parvient à fédérer son public autour de trois grandes valeurs que sont Alestorm, Behemoth et les vétérans de Sepultura. Un équilibre qu’on lui sera gré de conserver le plus possible à l’avenir, car il renforce indéniablement l’aspect humain et convivial du Motocultor que l’on reproche de plus en plus au Hellfest d’avoir perdu (un festivalier arborera un t-shirt R.I.P Hellfest – 2006 / 2015 qui résume bien ce que certains en pensent.) Tout comme il est hautement appréciable d’avoir incrusté certains intrus rafraichissants tels que Trisomie 21, Rendez-vous ou le combo de retrowave culte Perturbator, et conservé une place privilégiée au punk avec Maid of Ace et les attendus Tagada Jones.

Photos : Eladan Elraïr Photography

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