Les Jardins de la Lune – Le Livre des Martyrs T1 – Steven Erikson

Classique mondial de la fantasy, la série des Malazan Books of the Fallen, a connu deux tentatives éditoriales en France ces dernières décennies mais sans succès. Léha propose aujourd’hui de redécouvrir cette grande saga (dix tomes tout de même) dans une nouvelle traduction, et sort donc le premier opus, intitulé Les Jardins de la Lune. Étant de nature curieuse je ne pouvais pas passer à côté de cette série et me suis donc plongé dans les quelques six-cent pages de ce beau pavé.

La couverture de ce roman est confiée à Marc Simonetti, qui nous propose une illustration absolument magnifique reprenant la première grande bataille du roman, avec cette Lune planant au-dessus de la cité assiégée. Comme souvent le travail de Marc Simonetti est de toute beauté et permet de s’immerger sans difficulté dans l’univers qui va nous être proposé. Et justement, la présentation de l’éditeur vend clairement du rêve au fan de fantasy que je suis !

Dans un monde qui a vu naître et disparaître d’innombrables races et civilisations, l’empire malazéen étend implacablement sa domination, soumettant des continents entiers les uns après les autres, grâce à la discipline de ses armées et la supériorité de ses mages de guerre.
Mais la loyauté de ses soldats, abandonnés et trahis par leur impératrice, est mise à rude épreuve. Perdus, abandonnés et déchus, les fidèles de l’empire vont devoir tenter de survivre, entre sacrifices et dangers mortels.
Un complot bien plus vaste se joue en toile de fond. D’anciennes forces terrées dans l’ombre semblent se réveiller, prêtes à tout pour regagner leur splendeur passée. Regroupés sous la coupe du jeu des dragons, dieux et ascendants, sorciers et chamans, Eleints et changeurs de formes, tirent les ficelles d’un drame qui, transcendant les conflits des simples mortels, se joue à l’échelle du temps lui-même.
Avec un enjeu de taille : la suprématie totale.

Après une présentation telle que celle-ci, que dire de mieux ? Au final c’est assez difficile de rendre compte de ce roman tellement il propose une densité à la fois scénaristique et littéraire. Souvent les premiers tomes servent à poser l’univers créé par l’auteur, à amorcer l’aventure et à dévoiler les protagonistes. Ici tout est tellement dense et possède une dimension épique que l’on entre directement dans le bain sans prendre le temps de s’adapter à la température. C’est d’ailleurs un peu dommage car j’ai vraiment eu du mal à rentrer dans le roman tant la compréhension des tenants et aboutissants directs me semblait difficile. Mais au fil des pages Steven Erikson parvient parfaitement à nous faire vivre les aventures étranges des personnages et du monde qu’il a créé pour nous. L’histoire contée est elle aussi très dense, avec quelques ellipses temporelles, mais elle offre une véritable fresque d’entrée de jeu. En effet des éléments sont distillés au fil des pages, des pistes sont lancées, des personnages arrivent, sans que cela se résolve immédiatement. Mais toutefois leur impact à terme sur l’histoire sera indéniable. C’est au final vraiment avec son histoire que l’auteur se démarque de ce qui se fait actuellement et propose non pas un roman de fantasy classique, mais bel et bien une fresque aux multiples ramifications et où chaque action a des conséquences inattendues.

La galerie de personnages est elle aussi purement et simplement magnifique. Steven Erikson choisit de ne pas s’appuyer sur un seul protagoniste mais bel et bien sur une galerie complète qu’il va faire évoluer dans son univers comme des pions sur un échiquier gigantesque. Ce qui est le plus impressionnant c’est que aucun ne ressemble à un autre, il parvient à leur donner à chacun un caractère, une description, une vie absolument unique. Et parfois il n’hésite pas à la souffler d’un simple revers de la main. Petit conseil : avec Steven Erikson ne cherchez même pas à vous attacher à l’un d’entre eux, il a une espérance de vie réduite au bon vouloir de l’auteur !

Le jeu sur deux plans proposé ici notamment grâce au système de magie est vraiment intéressant et mérite que l’on s’y attarde. Le fonctionnement de ces garennes est au final assez complexe à comprendre et l’auteur distille tout au long du roman de petits indices concernant le fonctionnement global de son univers qui viennent s’ajouter à l’ensemble des pistes développées précédemment.

La traduction d’Emmanuel Chastellière est pour le coup d’excellente qualité et l’on sent qu’un soin tout particulier a été accordé à l’aspect stylistique du roman, cherchant visiblement autant que possible à respecter la plume assez particulière de l’auteur.

Avec Les Jardins de la Lune Léha frappe très très fort en proposant un roman d’une grande qualité, une fresque de fantasy à l’égal des plus grandes. On y retrouve la brutalité d’un Trône de Fer, l’aspect épique d’un Seigneur des Anneaux ou d’une Roue du Temps, le tout en conservant une qualité littéraire impressionnante et un intérêt qui dès la fin de ce tome se renouvelle pour la suite. Celle-ci est d’ailleurs d’ores et déjà planifiée, et si je ne me trompe totalement inédite en français, pour 2018 donc les lecteurs ne devraient pas trop attendre et c’est tant mieux !

Les Jardins de la Lune
Le Livre des Martyrs T1
Steven Erikson
Editions Léha
25 €

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