La Ligue des Justiciers – Bruce Timm

Une mission exploratoire sur Mars découvre un antique portail qui pourrait bien cacher une terrible menace. Deux années plus tard, des astéroïdes s’écrasent dans les principales villes de la Terre, libérant des hordes d’armées extra-terrestres. Pour les combattre, Batman et Superman vont s’allier à plusieurs super-héros afin de repousser l’invasion.

Dix ans après le début de Batman la série animée, qui marque le début du DC animated universe, Bruce Timm lance le projet de la Ligue des justiciers (Justice League en VO) qui réunit les principaux personnages introduit dans la série Batman, mais également dans celle de Superman ou les séries parallèles lancées au début des années 2000 (Static Choc, Gotham Girls, le Projet Zeta et Batman, la relève).

L’objectif est d’adapter la série de Comics du même nom, où une équipe de personnages aux superpouvoirs, autour de personnages reconnus de l’univers DC, combattent le mal sous toutes ses formes. Le résultat ? 91 épisodes répartis sur cinq années où vont apparaître plus de soixante héros, sans compter leurs alliés ! Ce projet dingue est toujours porté par Bruce Timm, dont le character-design est de retour, qui joue les rôles de producteur, parfois de réalisateur ou scénariste. Il est épaulé par Stan Berkowitz, Rich Fogel, Dwayne McDuffie et compte des histoires de grands noms comme Geoff Johns et Paul Dini.

Commençons par ce qui dérange : contrairement à Batman, la série animée, la Ligue des Justiciers souffre d’un générique aussi kitsch que gênant. La 3D est à la mode au début des années 2000, mais le visuel et l’animation qui présentent la Ligue ne valent pas mieux qu’une cinématique Playstation (pour reprendre une comparaison vieillotte).

C’est donc un peu craintif qu’on lance un épisode. Pourtant, on retrouve vite le style Timm dans un univers graphiquement plus proche de Superman, la série animée. L’animation reste de grande qualité et la fluidité d’ensemble fait plaisir à voir. Autre surprise, les intrigues font parfois deux à trois épisodes, soit presque une heure de temps consacrée à de longs développements.

C’est là que l’on découvre l’ambition de l’ensemble du projet, qui le distingue de ses prédécesseurs.

D’abord, une ambition narrative très forte se fait sentir. L’idée est de continuer à toucher la mythologie DC Comics, sur des intrigues transverses. L’exemple coup de poing est bien entendu l’origin story sur le couple Steve Trevor/Wonder Woman, ici associée à l’histoire de Vandal Savage (intitulé le Règne de Savage). Le scénariste Stan Berkowitz mêle ainsi l’histoire d’amour avec Steve Trevor et l’uchronie débridée d’un nazisme emmenée par Savage et sa technologie futuriste,  qui va faire face à la Ligue. En soixante minutes, il cerne les personnages principaux et propose une écriture redoutable avec de vrais morceaux de bravoure. Une belle réussite.

Ensuite, il y a une ouverture forte de la Ligue, à la fois vers l’espace (à travers notamment le corps des Green Lantern ou les méchants type Darkseid), mais aussi vers une foule de super-héros.

L’équipe originale de la Ligue des Justiciers est composée de Wonder Woman, Batman, Superman, Green Lantern, Flash, J’oonz le Martian Mannhunter et Hawkgirl. À partir de la saison trois, ils sont complétés alors par une cinquantaine de héros, connus (Green Arrow, Supergirl, Aquaman, Huntress, Vixen) comme inconnus du grand public (The Ray, Dove…).

Dans ce contexte, il y a également une foule de méchants, de la Ligue de l’Injustice à l’anonyme Volcana. Ce déferlement rend certains épisodes plus inégaux, voir ennuyeux. Il faudra attendre quasi une saison avant de sentir que la série maîtrise l’exercice de jongler entre les personnages d’un court épisode à l’autre.

La conclusion apportée en saison 5 par l’épisode final, Le Destructeur, est aussi une belle ouverture sur le futur et l’existence des super-héros. On y retrouve une trentaine de héros, mais surtout l’équipe originale, ciment de la Ligue, obligée de s’allier à Luthor et ses sbires. L’épisode se termine avec le logo de Batman, un renvoi aux débuts de la bande à Timm. Ce clin d’œil à Batman, la série animée est également fortement présent dans le dernier épisode de la saison quatre, Épilogue.

Enfin, il y a toujours ce ton, sans complaisance, qui fait merveille et rend la série totalement fréquentable par les adultes. Le souvenir le plus évident de ce traitement est le double épisode consacré à Aquaman : La Menace des Abysses. Alors que Le roi d’Atlantis menace l’humanité, il est gravement blessé par Deadshot. Son royaume en profite pour déclarer la guerre, alors qu’Aquaman doit faire face au coup d’état mené par son frère Orm. Cet affrontement shakespearien se terminera en duel à mort, quand Aquaman est obligé de sacrifier sa main afin d’abattre Orm et de récupérer son fils, kidnappé. L’écriture dramatique est alors gérée frontalement avec une intensité qui va crescendo. C’est surtout sombre sans en avoir l’aspect visuel, ce qui permet bien une double lecture à même de ne pas choquer le jeune public.

Conclusion

Il y a eu une volonté de construire, tout au long des années, un ensemble cohérent qui a pris plus ou moins fin avec la Ligue des Justiciers. Ce DC animated universe a été pleinement incarné par Bruce Timm. C’est une dimension à part entière qui a su assimiler et retranscrire les Comics dans une version différente, mais qui a aussi créé des personnages (Harley Quinn en est le plus frappant exemple) ou des nouveaux chapitres (toute la partie Batman, la Relève qui est déclinée aujourd’hui en Comics). On ne peut qu’espérer que sa version cinématographique sera aussi réussie.

La Ligue des Justiciers

Crée par Bruce Timm

Diffusée sur France Télévisions et Cartoon Network

Disponible en DVD seulement pour certains épisodes et films (il n’y a eu aucune édition complète pour le moment)

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