High Rise – Ben Wheatley

1975. Le Dr Robert Laing, en quête d’anonymat, emménage près de Londres dans un nouvel appartement d’une tour tout juste achevée; mais il va vite découvrir que ses voisins, obsédés par une étrange rivalité, n’ont pas l’intention de le laisser en paix… Bientôt, il se prend à leur jeu. Et alors qu’il se démène pour faire respecter sa position sociale, ses bonnes manières et sa santé mentale commencent à se détériorer en même temps que l’immeuble : les éclairages et l’ascenseur ne fonctionnent plus mais la fête continue ! L’alcool est devenu la première monnaie d’échange et le sexe la panacée. Ce n’est que bien plus tard que le Dr Laing, assis sur son balcon en train de faire rôtir le chien de l’architecte du 40ème étage, se sent enfin chez lui.

High-Rise est un thriller de science-fiction britannique coécrit et réalisé par Ben Wheatley, sorti en 2015. Il s’agit de l’adaptation de la satire sociale I.G.H. écrite par J. G. Ballard en 1975.

1975. Dans cet univers parallèle rétro-futuriste sur fond de crise politique assez floue, le docteur Robert Lang emménage dans une immense tour à peine terminée, elle-même au cœur d’un immense chantier de construction. C’est l’habitat de l’avenir, loin des structures habituelles déclarées obsolètes. Interminable parking à perte de vue, loin, très loin du cœur de la ville : Robert cherche le calme.

Il fait très vite la connaissance de sa voisine du dessus, Charlotte, qui l’initie aux rites et codes déjà bien ancrés dans cette si nouvelle communauté : plus on habite haut, plus on s’élève socialement. Et tout en haut, dans un penthouse si délirant que son jardin accueille un cheval, l’Architecte. Peu à peu, entre pannes et erreurs de conception, enfle la colère des étages les moins favorisés pendant que dérivent les orgies des étages supérieurs. On assiste, impuissants, à la décadence de cette société utopique pourrie dans l’œuf, et au déclin de la bienséance et de la santé mentale des habitants.

Les gabegies des gens riches sont faites d’or et de dentelles, les pauvres sombrent dans la violence la plus primale. C’est la faim, le manque, qui finit par les réunir dans l’horreur, réduits à se battre pour des miettes ou à manger qui leur cheval, qui leur chien.

Devenus animaux, tuant, violant, se battant dans les décombres, les derniers habitants perdent peu à peu ce qui restait de leur humanité.

Si vous aimez l’anticipation rythmée, l’apocalypse guerrière, la fin de l’humanité dans le feu et la poudre, vous serez déçus.

Dans High Rise, la violence est esthétisée, feutrée, presque délicate. On pense à Kubrick et ses teintes orange, ici aussi très mécaniques. On pense à Aronofsky et son Requiem for a Dream. On ondule dans le kaléidoscope des seventies et d’un futur poudré, sec et froid, on se faufile dans la brume des orgies et du LSD.

Tom Hiddleston a visiblement envie de surprendre dans des rôles décalés depuis Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch. Peut-être est-ce pour ne pas se laisser noyer par les personnages de blockbusters qu’il tient à expérimenter un maximum de rôles tangeants. En tout cas il tape juste, avec son regard éternellement perdu dans un monde qu’il a arrêté d’essayer de comprendre. Jeremy Irons interprète avec brio un Architecte se complaisant dans une illusion de toute-puissance, déconnecté des problématiques tangibles d’un monde qu’il n’a jamais connu. Les acteurs sont bons, graves, tristes. On se laisse emporter par la spirale du malaise qui détruit ce monde qu’on aurait pu connaître, dont ne sommes finalement pas si loin. Garder l’époque du livre, et ainsi passer de l’anticipation au rétro-futur était un pari esthétiquement risqué, mais qui paye.

On se sent gêné dans cette époque passée qui nous fait miroiter un futur bien sombre.

Une uchronie bien menée, même si l’on peut être rebuté par une mise en scène déstructurée et psychédélique.

Première sortie : 14 avril 2016 (Russie)

Réalisateur : Ben Wheatley

Scénario : J. G. Ballard

Sélections : British Independent Film Award du meilleur acteur dans un second rôle, plus…

Montage : Ben Wheatley, Amy Jump

Disponible en DVD et blu-ray

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