Game of thrones et le plan drague de l’été : le Dothraki facile – David J. Peterson

Les passions communes unissent, c’est bien connu. C’est la théorie immémoriale des atomes crochus. Trouvez la personne avec qui vous avez le plus en commun et vous trouverez l’âme sœur, que ce soit celle d’une vie ou celle d’un soir. Vous êtes fan de Game of Thrones ? Vous pensez pouvoir établir le contact parce que vous connaissez les grandes lignes de la saga ou les noms des personnages ? Banal. Trop facile. Et surtout, ça prouve quoi ? Que vous faites partie des millions d’individus régulièrement effondrés dans un canapé en face d’un écran ? La belle affaire ! Du has been, tout ça. Les vrais fondus de Game oh Thrones, eux, pratiquent chaque jour le dothraki.

Le dothraki, c’est quoi ? La déclinaison tchèque de l’origami ? Une variante moderne du macramé ? Un nouvel art martial ? Ben non, c’est la langue des dothrakis, pauvres béotiens. Et voilà : un cycle de fantasy, et une langue qui va avec. Tiens donc. Une fois de plus, il est difficile de ne pas penser à Tolkien à ses légions d’imitateurs. Tolkien dont tout le monde singe la fameuse trilogie sans peut-être savoir que le seigneur des anneaux est composé de cinq livres et que ceux-ci ont été regroupés en trois tomes uniquement pour des raisons mercantiles. Tolkien qui était (voir le passionnant essai de Shippey publié aux éditions Bragelonne) un véritable linguiste et faisait passer la langue avant l’histoire. Alors certes, Tolkien était un précurseur. Mais, comme dirait Robert Jordan, la roue du temps tourne. Et même si la langue dothraki a été créée bien après les fondements de la saga, ceux qui se sont acharnés des années durant à apprendre sindarin (ou gris-elfique) et ses variantes quenya et telerin vont désormais devoir se mettre au dothraki. C’est comme ça. Il faut vivre avec son époque. Et puis, comme devoirs de vacances, on a vu pire.

Or, donc, l’humanité est désormais divisée en deux types d’êtres humains. Les vrais, ceux qui causent le dothraki, et les autres, les sous-hommes, les gnomes, les gollums, les losers, bref, tous les pauvres diables qui ne connaissent pas cette langue, de vulgaires figurants à peine dignes de servir de toile de fond aux chroniques. Pour tirer son épingle du jeu, donc, le petit livre intitulé « Le Dothraki facile, guide de conversation crée par David J. Peterson et inspirée de la série de HBO : Game of thrones ». Fourni, sous coffret, avec son complément indispensable, le CD qui vous dira tout sur les prononciations, les intonations, et les erreurs à éviter. Le tout pour même pas vingt boules. Moins cher que le piercing à la mode qui vous fera passer pour une suiveuse, moins cher que le tatouage en vogue le lundi et ringard le mardi, moins crétin que le tout dernier hand-spinner ou la dernière coque de téléphone, moins coûteux que les ray-ban démodées depuis trois générations. L’heure est venue de laisser tomber les fariboles. Soyez « in », soyez dothraki.

Que l’on se rassure, apprendre le dothraki n’a rien de très difficile. Sur le plan de la grammaire, « Le Dothraki facile, guide de conversation crée par David J. Peterson et inspirée de la série de HBO : Game of thrones », est considérablement plus facile à assimiler que le Bescherelle. Et pour ce qui est du vocabulaire, c’est tout de même plus sommaire et moins épais que le Larousse. Tout ça est assez fun, et assez simple. Et plutôt bien conçu : l’auteur, David J. Peterson, est titulaire d’un master de linguistique, il sait de quoi il parle et quelle langue il parle – du moins, on l’espère. La notule biographique précise même qu’il invente des langues depuis maintenant dix-sept ans. À croire qu’il n’a vraiment rien d’autre à faire. Ça doit être ça, l’Amérique.

Bref, au bout de quelques heures, grâce au manuel intitulé « Le Dothraki facile, guide de conversation crée par David J. Peterson et inspirée de la série de HBO : Game of thrones », vous en saurez rapidement assez pour le plan drague de l’été.  Nous vous conseillerons bien entendu en tout premier deux chapitres essentiels : « Marques de courtoisie » et « Expressions courantes », qui condensent l’indispensable en la matière. Un peu de grammaire élémentaire pour faire du liant, n’oubliez pas les cinq leçons du CD (ici encore : « expressions courantes », mais aussi « prononciation », « grammaire », « vocabulaire » et « conversation ») et vous voilà fin prêt(e) pour passer des vacances de tout premier choix.

Dès lors, tout roule, tout s’enchaîne. Une jeune fille vous plait, n’hésitez pas à l’interpeller par « Yer zheanae ». Si en réponse elle vous regarde avec de gros yeux de vache ou de merlan frit, même si elle a des mensurations de rêve, laissez-tomber : elle ne comprend pas le dothraki, c’est une sous humaine, elle n’est pas faite pour vous. Par contre si elle se rengorge et vous répond par un sourire torride, c’est qu’elle a compris la formule qui ne signifie rien d’autre que « vous êtes superbe ». Il se peut même qu’elle vous réponde « Yer allayaffi anna » (vous me plaisez). Bientôt, sans doute, elle et vous échangerez des secrets en dothraki sur l’oreiller.

N’hésitez pas à être romantique. Car, oui, les dothrakis sont féroces, mais ils ne passent pas (tout) leur temps à massacrer leurs ennemis. Pour preuve, leur langue recèle des formules particulièrement tendres, qu’il vous faudra absolument connaître : « yer jalan atthirari anni » (vous êtes ma bien aimée, littéralement « vous êtes la lune de ma vie ») ou son pendant féminin « yer shekh ma shieraki anni » (vous êtes mon bien aimé, littéralement « vous êtes mon soleil et mon firmament ») Qui a dit que l’amour courtois n’existait plus ?

Quelques leçons très simples, donc mais que l’on n’aille pas croire que les finesses de la langue sont pour autant oubliées, et qu’il ne sera jamais possible de pratiquer les double sens. Ainsi, au matin, à la jeune fille qui a passé la nuit avec votre meilleur ami, n’hésitez pas à demander « Hash yer dothrae chek » : elle appréciera forcément l’ambiguïté de la formule qui signifie à la fois « comment allez-vous ? et « avez-vous bien chevauché ? ». Les lecteurs attentifs trouveront sans aucun doute dans ce guide d’autres délicatesses. On le voit : avec « Le dothraki facile », tout devient amusant et tout devient possible. Aux lectrices et aux lecteurs, donc, à partir du vocabulaire et des règles de grammaire fournies, d’inventer les astuces et les combinaisons pour passer des vacances idéales.

Le Dothraki facile, guide de conversation crée inspiré de la série de HBO : Game of thrones
David J. Peterson
Editions J’ai Lu
Collection Nouveaux Millénaires

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