Dernières fleurs avant la fin du monde – Nicolas Cartelet

Dernières fleurs avant la fin du monde nous présente le futur. Un des futurs qui nous attend. Et dans ce futur, il n’y a plus d’abeilles. Alors il faut que des pollinisateurs humains permettent aux quelques plantes vivrières qui survivent encore de se reproduire et donc de nourrir les hommes. Cerises, pommes de terre, betteraves, autant de cultures qui ont besoin de l’homme dorénavant.

Et parmi les pollinisateurs, Albert Villeneuve et ses journaliers. Chaque jour dans les champs de l’est, ils oeuvrent à cette tâche ingrate, dont la description et le contexte ne manquent pas de faire ressurgir des images des écrits de John Steinbeck. La puissance du texte de Nicolas Cartelet se trouve dans son aptitude à immerger le lecteur dans cet univers oppressant et dystopique.

Ce récit ne manque pas de poésie, de nostalgie d’un monde qui n’est plus et d’une humanité qui va, elle aussi, peu à peu s’étioler. Lorsqu’il est proposé à Albert de changer de travail, il voit là une promotion sociale, dans un premier temps. Ensuite, il va découvrir que la misère peut recouvrir bien des formes différentes. Le système est perverti et il va revenir à ses premières idées de révolte, quitte à se perdre.

Petits chefs imbus de leur maigre pouvoir, dictature d’une société qui a perdu toutes ses bases démocratiques au nom de la survie de l’espèce, peur de l’autre et du migrant, vision fantasmée d’un monde où l’abrutissement et l’absence de culture ne peuvent mener qu’à la violence, dernier caractère d’une humanité stérilisée, autant de thèmes évoqués par l’auteur.

Une lecture forte où on croise de multiples influences, sans jamais les copier, tant les thèmes sont universels et propres à la tragédie humaine qui défile chaque jour déjà sous nos yeux parfois ébahis et trop souvent blasés. Il faut de tels textes pour nous sortir de cette torpeur qui peut mener à la soumission, la passivité et la résignation. La psychologie des personnages y est explorée jusqu’au point d’en faire ressortir ce qu’ils y ont enfoui, dans un but d’oubli désespéré. Enfin un roman qui ne peut pas laisser indifférent.

Dernières fleurs avant la fin du monde
Nicolas Cartelet
Couverture illustrée par Jean-Emmanuel Aubert
Mü éditions
Collection Le labo de Mü
2018

18,00 €

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