Colossal – Nacho Vigalondo

Une jeune femme américaine un peu paumée, fraîchement larguée par son mec, réalise par hasard qu’un lien étrange la lie physiquement à un kaiju monstrueux détruisant la ville de Séoul.

Ça vous paraît chelou ? Ça l’est.

Amour, conflits et bestioles géantes.

Colossal commence comme une comédie romantique. Gloria est une fêtarde au chômage, vivant aux crochets de son mec qui n’en peut plus de la voir rentrer bourrée à l’heure où il part bosser. Il la vire de chez lui, elle retourne pleurnicher seule dans la petite ville où elle est née, elle retrouve un copain d’école au physique de bûcheron qui lui propose un job dans son bar.
Gloria va-t-elle réussir à vaincre ses démons et l’alcool ? Qui du bûcheron ou de son ex va-t-elle choisir ?

Là, vous grommelez que vous n’avez pas signé pour mater Coup de Foudre à Notting Hill et que c’est abusé, quand tout à coup, paf, pastèque. Ha non, Kaiju.
QUOI ?
Oui. Un lézard géant sorti de Men in Black piétine gaiement Séoul, et personne ne sait pourquoi. Par le plus grand des hasards et quelques tribulations, Gloria comprend que ce monstre est lié à elle, et réalise les mêmes gestes qu’elle, la nuit, quand elle déambule alcoolisée dans le petit parc du village.

Pourquoi le petit parc est-il une faille à travers les dimensions? Pourquoi le monstre est-il conduit comme une marionnette par les gestes irréfléchis de Gloria ?
On ne sait.

Elle en parle à ses amis, et il s’avère que le beau gosse bûcheron est en fait un énorme taré, puisque de cette découverte, il va faire un jeu malsain. Fi des millions de morts à l’autre bout de la planète, lui aussi (qui apparaît à Séoul sous les traits d’un robot géant) va aller sautiller sur des passants et jouer à qui a la plus grosse, faisant le buzz sur les réseaux sociaux, dans un infini et désespéré besoin d’attention.

Un film qui aurait pu s’appeler “Kaijus et pervers narcissiques”, ça ne court pas les rues.
Un ovni complet, entre la vraie comédie sentimentale (“Elle va devoir remettre de l’ordre dans sa vie et faire des choix hihihi”), le film de SF (des monstres géants, putain!) … et le drame. Car si ça commençait de façon légère, le comportement taré du héros est parfois suffisamment gênant pour qu’on ne puisse plus vraiment considérer l’intrigue sentimentale comme légère ou comique. On pense à Une Nuit en Enfer dans le genre plot twist ou même un Rubber pour son côté étrange et parfois gênant.

En ce qui me concerne, j’ai bien accroché. Il faut dire que j’ai une certaine tendresse pour Anne Hathaway, que je trouve malheureusement sous-estimée. Même si elle a fait ses armes dans des comédies à l’eau de rose, elle a tenté des rôles bien plus expérimentaux, des Misérables à Alice de Burton, en général avec beaucoup de classe. Je l’ai trouvé sous-exploitée et mal gérée en Catwoman : un rôle qui physiquement ne lui va pas vraiment (Selina Kyle, ultra-féminine petit visage et yeux immenses, face à Anne Hathaway, trop grande, trop mince, une bouche immense… ), et qui est plutôt torché, au final. Il faut dire que je n’ai vraiment pas aimé la trilogie Nolan. Envoyez les tomates, j’assume. Bref…

Drôle, parfois grinçant, bien foutu, Colossal est un film intéressant. Mais tenter un tel mélange des genres a pas mal rebuté un certain public. Si vous aimez sortir des sentiers battus, si vous aimez le cinéma au sens large sans coller à un seul type de film, vous pouvez tenter l’expérience. Une sacrée surprise, loin d’être mauvaise, mais qui laisse un petit goût de pourquoi.

Colossal

de Nacho Vigalondo

avec Anne Hathaway, Jason Sudeikis

Brightlight Pictures

disponible sur NETFLIX

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