L’encre est levée, l’océan vous attend.
Kyle, désormais aux commandes de la Vivacia, la vivenef récemment éveillée de la famille Vestrit, a décidé de l’utiliser pour transporter des esclaves. Et son impérieuse volonté ne saurait souffrir la moindre opposition. Son épouse, Keffria, en vient même à douter de son mari quand celui-ci veut débaucher leur fille, Malta, et obliger leur fils, Hiémain, à travailler à bord de l’embarcation, le forçant à abandonner l’apprentissage qui le destinait à la carrière de prêtre de Sa. De son côté, sa belle-sœur Althea se fait passer pour un jeune homme et se démène sur le Moissonneur, un navire abattoir. Elle doit prouver à Kyle qu’elle est un véritable marin pour récupérer la Vivacia…
Dans Le Navire aux esclaves, second tome des Aventuriers de la Mer, l’autrice Robin Hobb continue de nous offrir son art et son talent pour les grandes sagas. Dans ce tome nous continuons notre voyage dans les méandres subtils des émotions et aspirations des personnages que nous suivons. Nous retrouvons la richesse émotionnelle du premier tome qui se développe plus profondément devant nos yeux, la finesse d’écriture et la profondeur de l’univers semble sans limite.
Le Navire aux Esclaves nous plonge à nouveau avec brio dans la psychologie complexe et nuancée des personnages. Les possibilités d’évolution aperçues dans le premier roman de la saga, se font plus présentes tout en avançant assez doucement pour que le voyage initiatique de chaque personnage reste cohérent, appréciable et surtout nous laisse le temps, à nous lecteurs, de pouvoir les suivre. Les personnages sont toujours ni bons ni mauvais, car façonnés par leur éducation, leur vision du monde, mais ce tome nous laisse entrevoir leurs réelles motivations, et la moralité de chacun entre dans la balance : Où s’arrête l’influence des autres et où commence la prise de décision consciente.
Les personnages et points de vus, toujours nombreux, continuent tout de même à nous offrir des personnages bien distincts et différents et nous y retrouvons là, la force de plume de Robin Hobb.
Ce tome deux tend à être le réel instigateur des (mes)aventures de nos aventuriers. Si le premier tome avait semblé marquer le début d’une grande aventure, les personnages n’étaient pas tout à fait maîtres de leur choix et on suivit l’appel de la destinée. Dans celui-ci, ayant répondu à cet appel, nos personnages commencent réellement leur voyage initiatique ouvrant le chemin de leur développement personnel.
Entre doutes, certitudes, douleurs et nouvelles découvertes, j’ai vraiment hâte de voir évoluer et grandir ces personnages auxquels on s’attache très vite.
Les enjeux contemporains que l’autrice exposait déjà dans le précédent livre s’accentuent dans celui-ci. La plus marquante pour ce second tome est surement celle de l’esclavage, montré sans fard, sans romantisme et dans toute sa violence psychologique et les sequels que cela peut laisser. Sans chercher à choquer inutilement, Robin Hobb nous dépeint simplement la réalité de cette pratique : humiliation, perte d’identité, désensibilisation progressive des bourreaux …
Enjeu central de l’évolution d’une partie de nos personnages, elle interroge : adaptation obligatoire pour survivre ou trahison de soi?
En découle alors la question du libre arbitre : peut-on rester soi même dans un système qui nous contraint? Les dilemmes moraux qui accompagnent le récit promettent une évolution intéressante des arcs narratifs.
Comme souvent en Fantasy, et surtout dans les œuvres de Robin Hobb, le rythme est lent, toujours légèrement contemplatif. Bien que les décors soient posés, l’autrice continue de nous exposer son univers, de nous raconter l’histoire de son monde. Cependant il faut noter que le rythme s’intensifie légèrement, nous laissant présager un rythme un peu plus soutenu pour la suite.
Il faut également noter, que les trois premiers tomes de nos versions françaises au format poche, représentent l’intégralité du premier tome en version originale, ce qui peut expliquer les différences de rythme et son accélération.
Le Navires aux esclaves, est un second tome qui fait échos à son prédécesseur et qui continue son œuvre sans heurt, en restant tout aussi exigeant.
Une fois de plus Robin Hobb nous offre un canvas de son talent en approfondissant des personnages marquants, un univers riche qui semble sans fin au rythme d’une écriture fluide et poétique.
Ce tome deux, confirme le sentiment d’avoir entre les mains une saga inoubliable qui laissera un fort impact sur les lecteurs bien avant qu’il ne l’ait terminé dans son entièreté.
Je n’ai plus qu’à me jeter tête la première dans la suite des Aventuriers de la mer.
