Un roman d’aventure au scénario très bien mené !

« Un bouffon est en dessous du peuple mais au-dessus du roi. Amuse le roi et tu amuseras la cour. Alors, tu seras l’être le mieux loti du château ». Il en faut des hasards du destin pour que Sebrain, jeune homme dédié à la religion du Triste, devienne Tirelangue, le bouffon du château de Belle-la-Ménure. Suite à une terrible maladresse lors d’un rendez-vous diplomatique, il se voit nommé « bouffon » par le roi afin d’éviter un désastre. Ce mensonge le propulse au cœur des intrigues de la cour, où il découvrira à ses dépens la règle d’or du métier : un bouffon qui ne fait pas rire est un bouffon en danger…
J’ai découvert avec beaucoup de plaisir ce premier tome des aventures de Sebrain.
Un scénario très bien pensé
L’intelligence du scénario : voilà ce qui ressort sans doute le plus de ce roman très bien mené. Thibaut Lafargue est scénariste de métier et ça se sent. Malgré un univers de fantasy médiévale somme toute assez classique, il nous happe immédiatement dans l’histoire. L’auteur y prend le parti du bouffon, personnage souvent moqué qui a pourtant accès aux plus hautes strates du pouvoir. On y découvre ainsi avec beaucoup d’intérêt les coulisses et les problématiques de la vie du château.
J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre les aventures de Sebrain, de la cour du château à la cour des miracles, dans un enchaînement de découvertes et d’actions au cours duquel je ne me suis pas ennuyée une minute !
Un personnage à l’évolution intéressante
Nous y suivons donc le parcours du très jeune Sebrain, un personnage qui passe du statut d’apprenti religieux à celui de bouffon du roi en très peu de temps. Son évolution personnelle, ses relations avec les différents protagonistes se développeront au fil des pages d’une façon intéressante. Bien des choses auront changé entre le début et la fin du roman de par le chemin parcouru. Ce rôle de bouffon qui semblait si humiliant à Sebrain devient de plus en plus étoffé, de plus en plus important au fil des pages. Sa conception change, et la nôtre également.
Une complaisance un peu dérangeante par moments
Le seul point négatif du roman tient selon moi à une complaisance un peu dérangeante quant à certains sujets qui me semblent importants.
D’une part, la violence envers les enfants / adolescents y est banalisée à travers la relation entre Sebrain et Jeanny La Folle. Sebrain n’est peut-être plus un enfant mais il n’en demeure pas moins très jeune. Son rôle de bouffon lui sera notamment enseigné par Jeanny, une femme extrêmement violente et humiliante vis à vis de son élève pourtant érigée en héroïne dans le livre. Cela m’a dérangée.
Par ailleurs, Sebrain a un point de vue sur les femmes qui le rend peu sympathique. Plusieurs réflexions de sa part révèlent qu’il les considère comme des objets de négociations politiques, devant obéissance aux hommes qui gouvernent pour le bien du pays, quoi qu’il leur en coûte. Cela entache un personnage qui aurait pourtant pu être très attachant autrement.
Ces deux éléments m’ont donc un peu dérangée au cours de la lecture.
Ceci mis à part, Le bouffon de la couronne reste un roman très agréable à lire, au scenario impeccable.