Rover – Dreadful Hippies

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est toujours un immense plaisir pour moi que de pouvoir faire la chronique du disque d’un groupe français. Après Hangman’s Chair et son EP Bus De Nuit en novembre dernier dans ces mêmes pages, c’est aujourd’hui un album complet que j’ai l’honneur de vous présenter avec Rover des Parisiens de Dreadful Hippies. La formation est jeune puisque formée en 2015. Les membres du groupe l’expriment eux-mêmes sur leurs réseaux sociaux : ils nous proposent une alternative à l’ennui occasionnel de la vie de tous les jours en nous balançant leur musique énergique, qu’on va prendre “droit dans la tête” appuyée par un son issu du milieu des années 90.

Je dois avouer m’être lancé totalement dans l’inconnu avec ce skeud, ne connaissant strictement rien des Dreadful Hippies. Une fois passée la petite intro Who ?, on se reçoit le premier vrai titre dans la poire : Minus. Et là, on se dit : “Ah oui, ça joue !”. La prod’ n’est pas mauvaise, loin de là, et le chant de Niko Green ma foi plutôt convainquant. Bref, ce Minus propose d’emblée un rock énervé (mais pas que) avec un riff central original, entraînant et groovy. Le break est plus ambiancé, avec une voix filtrée en mode radio et déclamante, tel un reporter. Something Nu qui suit m’a fait songer à un certain Incubus. D’ailleurs, je n’ai pas été surpris de retrouver le groupe américain cité dans les influences de nos Parisiens. C’est bien ficelé, extrêmement groovy (good job de Vivien, le batteur !). Le chant oscille entre un Brandon Boyd (Incubus) et un  Chris Cornell (Soundgarden, Audioslave), y’a tout de même pire comme références ! Untitled avec son intro à la basse, nous confirme définitivement que l’on a affaire avec Dreadful Hippies à des influences multiples et bien digérées. Du groove, beaucoup de groove ! On est loin d’un rock classique et sans saveur ou bien déjà entendu cent fois. La rondeur de la basse et les plans de batterie qui l’accompagnent : tout contribue à nous faire passer là encore un très bon moment. La signature rythmique est atypique et nous change du traditionnel 4/4. Ce sentiment se renforce avec #1 Standoff. Le groupe a levé le pied depuis les tous premiers titres de l’album. L’auditeur navigue à présent dans une atmosphère bluesy mais toujours appuyée par une prod’ épaisse où chaque instrument est très distinctement audible. Et effectivement, le son des guitares peut nous faire penser à ce qui se faisait de mieux dans les années 90 à ceci près que rien ne sonne daté. Passé l’intermède Enter The Blue, on prend Blue Velvet dans les feuilles. On pense immédiatement à Soundgarden. La signature rythmique de la batterie y est certes pour quelque chose mais pas seulement. Le jeu des guitares, cette façon d’attaquer les riffs et le chant de Niko nous y font songer également. Ce n’est pas non plus une copie conforme du groupe de Seattle, loin de là. Les influences sont digérées et le groupe a su en concocter une certaine alchimie pour forger sa propre identité. En cela, le titre suivant (The Other 99) ne nous fait plus du tout penser au groupe de Chris Cornell. Le rock proposé est de nouveau plus traditionnel. Mais il y a toujours en filigrane une certaine originalité qui vient pointer le bout de son nez comme ce break et son plan de batterie en plein milieu qui relance totalement le morceau. Avec The Other 99, on se sent davantage proche d’un Foo Fighters par exemple (autre influence citée par Dreadful Hippies). Depuis le début de ce Rover aucune chanson, AUCUNE, n’est ennuyante ou ne manque d’originalité. Voilà qui représente déjà un certain challenge. Le travail des arrangements est bien épaulé par un chant de Niko tantôt énervé, tantôt plus spleen (attention, ça reste du rock tout de même !). Excellente compo que The Other 99, malgré une fin en fade out. Une autre facette de Dreadful Hippies effectue son apparition avec U’re M1ne (Rover) et ce chant à la Zack de la Rocha (Rage Against The Machine). Les couplets sont comme scandés par Niko. Les refrains se veulent plus conventionnels dans le phrasé et la diction. Musicalement il en est de même, la guitare d’Eric étant plus frénétique dans les couplets que dans les refrains à l’exemple de ce riff principal que n’aurait pas renié un certain Tom Morello (Rage Against The Machine). Rover est déjà bientôt terminé et l’avant dernier morceau s’intitule purement et simplement Dreadful Hippies. Plus droit dans la gueule, c’est difficile ! Pêchu et groovy à souhait, c’est l’exemple même du morceau qui se “contente” d’envoyer le bois. Très sûrement un malheur en live ! Ceci étant, subsiste toujours ce groove qui suinte de la musique de nos Parisiens, telle cette bonne basse bien rondouillarde en plein centre du titre. Ça envoie du costaud, certes, mais sans pour autant en oublier la musicalité. On aime ! Pour terminer, nous avons droit à un concentré de rock, de groove, de puissance, bref de tout ce qui constitue un titre d’excellente facture avec le bien nommé Not Enough For You. La voix de Niko s’envole quelque peu vers des notes plus aigües sur les refrains et nous prouve si besoin était qu’il SAIT chanter. Musicalement, impossible de ne pas taper du pied sur un tel morceau à moins d’avoir des oreilles en carton. Ce Rover se termine en fanfare !

Voilà un album qui fait du bien. La scène musicale underground française n’a vraiment de cesse de me surprendre de manière positive. Les groupes sont légion et la qualité proposée toujours meilleure. Il faut bien tenter de se démarquer des autres ! De nos jours, les groupes de musique dans l’Hexagone sont si nombreux que vouloir proposer un album juste moyen ou produit avec les pieds n’est tout simplement plus permis. Et cela, Dreadful Hippies l’a bien compris. La formation n’a beau avoir que 5 petites années d’existence, on sent derrière que les musiciens ont déjà accumulé une sacrée expérience. Le talent est là, c’est indéniable. Ce Rover est là pour nous le prouver et nous fait passer un bien agréable moment. Même si les influences sont indéniables et reconnaissables, elles sont digérées. Peut-être pas systématiquement, certes. Quoiqu’il en soit, Rover est un album de grande qualité et que je recommande à tout amateur de rock pêchu et groovy qui n’a qu’une seule envie : oublier la morosité de son quotidien en s’envoyant du bon son dans les oreilles. Et par les temps qui courent, c’est déjà beaucoup !

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