Welcome to Hellfest est une petite bande-dessinée humoristique, ou non, autour du plus grand festival de metal de France. Après trois tomes et des années de travail ils proposent au public de les aider à sortir une intégrale du projet, un beau bébé mais qui demande beaucoup de moyens. C’est pour cela que nous avons rencontré Sophie, co-auteure, qui nous explique la genèse de l’ensemble mais aussi les projets autour de cette intégrale.
Bonjour, et merci de prendre le temps de me répondre. Est-ce que tu peux tout d’abord te présenter, et nous expliquer ce qu’est le projet Welcome To Hellfest ?
Bonjour, je suis Sophie Van Kellen, journaliste musique et bande-dessinée, ancienne régisseuse de spectacle, conceptrice et éditrice de Welcome To Hellfest depuis 2012. Welcome to Hellfest est basé sur le principe de la BD-reportage, du carnet de voyage. J’ai eu cette idée alors que je bossais comme journaliste pour Abus dangereux, où j’allais couvrir le Hellfest chaque année et je me suis dit que ça serait marrant de faire ça en bande-dessinée. Donc au début j’ai appelé Johann Guyot qui est dessinateur et on a commencé à travailler sur le projet. On ne savait pas si on proposait 7-8 pages chaque année à Abus dangereux, ou si on partait sur un autre format. On est allé sur le festival, on a ramassé de la matière, et au bout de deux ans on s’est dit qu’on allait faire un bouquin. C’est pour ça que le premier tome, qui couvre trois ans, a été la période qu’il nous a fallu pour trouver notre voix. On a commencé comme ça et on ne s’est plus arrêtés.
Pourquoi ne pas être passé par un éditeur classique pour le publier ?
Parce que nous avions une maison d’édition, Corc-en-Jambes, qui publie principalement de la jeunesse et de l’autobiographie, et on a donc publié le tome 1 chez lui, mais sur une collection différente, Blouson Noir. Puis c’est devenu une maison d’édition indépendante avec le tome 2 suite au succès du premier. On a pensé pour l’intégrale s’adresser à des éditeurs. Mais si on passait chez un gros on aurait eu aucune maîtrise sur le projet.
Pourquoi sortir une intégrale ?
Parce que le tome 1 a été épuisé très vite, on avait fait un tirage à 1300 exemplaires et tout est parti. On est ensuite allé sur le 2 mais on ne pensait pas le faire, le 3 en édition limitée a été épuisé très vite aussi, et on a donc décidé de sortir une intégrale pour permettre aux gens qui ne l’avaient pas de tout avoir en une fois. Cela permettra de lisser le format, de reprendre les défauts d’impression que l’on a connus. Et on voulait clôturer l’aventure avec un beau bouquin, l’année des quinze ans du Hellfest avec un bel objet.
Et donc c’est pour cela que vous avez lancé un crowdfunding ?
Exactement car imprimer tout cela coûte très cher, et on s’est dit que lancer par ce biais des précommandes nous permettait à la fois de satisfaire les gens qui veulent le livre, amis aussi ceux qui ne sont pas très metal mais préfèrerons un t-shirt, un tote-bag, des trucs plus BD pure… Ce crowdfunding est capital car si il ne fonctionne pas on ne pourra pas mener le projet au bout. 12.000 € c’est la somme nécessaire pour l’impression, les frais de graphisme (pour les remises au format), la commission Ulule, les frais d’envoi.
D’un tome sur l’autre, est-ce que tu n’avais pas l’impression de te répéter ?
C’est justement pour cela qu’on arrête la série. On pensait qu’au bout de trois volumes on allait avoir des répétitions et pas vraiment… Le premier livre est très fourre-tout, on y parle de tout, de rien, le second est plus axé sur les groupes, tandis que le dernier vise à découvrir ce qu’il y a autour. On a eu trois positionnements au cours de la série. Au début j’étais encore là en tant que journaliste et Johann en tant que festivalier néophyte. Puis la période où on avait décidé le projet et on avait un point de vue d’auteur, et sur la fin on avait le point de vue du professionnel, de l’exposant puisque l’on avait notre stand au Metal Market. Là on a l’impression d’avoir un peu tout couvert. Dans l’intégrale on prévoit 40 pages de bonus où on parlera de années 2018 et 2019 même si beaucoup plus succinctement que dans les autres tomes, des petites surprises…
Et justement, quel est le positionnement que tu as préféré vis à vis du festival ?
J’ai bien aimé le positionnement de journaliste, celui de photographe beaucoup au début et beaucoup moins à la fin… Depuis qu’on a le stand j’aime bien le point de vue exposant car on a un lien avec les gens qui est vraiment différent, plus familial avec notre fanbase.
Dans le processus de création, qu’est-ce qui t’a paru le plus difficile ?
Au début choisir de quoi tu vas parler, parce que on ramène énormément de matière chaque année. J’ai toujours envie d’en mettre des pages et des pages. Et ensuite d’apprendre à être éditrice, à gérer la communication, la distribution… J’ai appris tout ça à la dure mais je suis ravie de l’expérience.
Et est-ce que cela t’es arrivé que ton acolyte fasse des dessins qui ne te convenaient pas, ou qui ne collait pas au propos ?
En fait ce qui est bien c’est que l’on a la même éthique, la même manière de travailler donc cela n’est arrivé qu’une seule fois, dans le tome 1 avec une double page sur les stéréotypes de metalleux. Sur cette page il y a différent profils et la seule femme est nommée Ambitieuse, en mode bimbo soutif, et je lui en veux car il n’y avait aucune malice avec son premier Hellfest, mais étant féministe militante cela m’a choqué. Dans l’intégrale il y aura un petit mot d’excuse de Johann sur la question en tous cas. Sur le moment on était trop dans le speed du bouclage pour que je percute et je ne l’ai vu qu’après.
Et une fois que vous aurez bouclé cette intégrale, quels sont tes/vos projets ?
Nous on a un projet commun et deux projets séparés. Johann va sortir un bouquin d’illustrations sur les moments clés du rock : un moment – une image. Il va sortir aussi les illustrations d’un auteur bordelais sur les anecdotes occultes du rock. Je vais reprendre le concept pour parler de la naissance du heavy. Comment on est passés du Mississippi Blues au heavy. Et j’ai aussi en projet une biographie de Led Zeppelin avec un dessin réaliste. A côté de ça je continue le journalisme évidemment.
Merci en tous cas pour toutes tes réponses, j’espère vraiment que le crowdfunding fonctionnera et que l’intégrale verra le jour !