Entretien avec Justine, Mattjö et Pierrick, chanteurs du groupe SKÁLD

SKÁLD c’est un projet musical à part : musique folk des temps anciens des vikings, projet récent et pourtant totalement immersif, trois chanteurs pour un retour à la vie de cette culture. Après un premier EP, Skald, fort réussi le groupe nous invite à nouveau à les découvrir avec Le Chant des Viking, un premier album fort réussi. Je ne pouvais donc pas me passer de leur poser quelques questions afin d’en savoir plus sur le projet, son futur et les aspirations de chacun des trois chanteurs ! Une interview sous une peau de bête au rythme saccadé des tambours, rien que pour vous !

Bonjour, et merci de prendre le temps de répondre à ces quelques questions. Est-ce que vous pourriez tout d’abord vous présenter et nous expliquer ce que vous faites dans le groupe ?

Matt : Je m’appelle Mattjö, je suis l’un des deux chanteurs masculins de SKÁLD. Je suis féru d’histoire médiévale et plus particulièrement de l’histoire des vikings depuis la plus tendre enfance jusqu’à faire de la reconstitution historique. En parallèle j’ai toujours été passionné de musique et j’ai commencé avec mon premier groupe à l’âge de 16 ans. J’ai toujours espéré travailler sur un projet où je pourrais mêler mes deux passions. Je crois au destin. J’ai rencontré Christophe Voisin-Boisvinet au bon moment pour travailler sur ce projet ambitieux, épique et nordique.

Justine : Bonjour, tout d’abord merci à vous également de votre intérêt pour le groupe. Je suis une passionnée de musique, d’histoire, des pays nordiques. J’ai baigné dans la musique metal et la musique du monde, surtout de l’Est. Mon intérêt pour l’ésotérisme et la nature m’a amené à connecter ma voix. Je me suis imprégnée de tous ces genres pour construire ma propre personnalité.

Pierrick : Bonjour ! Je suis un des chanteurs de SKÁLD. Je suis souvent celui qui chante le plus grave. Je joue de plusieurs instruments, comme la lyre, la talharpa, la citra ou les guimbardes.

Skald est au final un projet assez récent. Comment s’est-il monté ? D’où est venue l’idée initiale derrière le groupe ?

Pierrick : Tout a commencé l’année dernière, lorsque j’ai rencontré Christophe Voisin Boisvinet dans un festival. Christophe est un réalisateur très réputé, un véritable puits de connaissance. Il m’a tout de suite séduit par ses idées et son approche. On a échangé sur nos envies communes de travailler sur un projet viking, avec comme fantasme de mettre en musique des mythes issus de la culture nordique. Il avait déjà réfléchi au concept, il voulait créer un ensemble vocal à base de timbres atypiques. De mon côté je rêvais de rencontrer des musiciens passionnés par la Scandinavie du Moyen-Âge, des chanteurs qui voudraient faire revivre la tradition scaldique.

Matt : On avait tous en tête de monter un projet comme celui-ci. Mais il faut les bonnes personnes si on veut être sincère dans sa démarche et partager correctement ces vibrations qui nous animent. Aussi pour mutualiser nos connaissances et nos compétences. Christophe, le compositeur principal et réalisateur de l’album a rencontré Pierrick qui lui a présenté Justine. Christophe m’a proposé ensuite d’intégrer le groupe.

Justine : L’idée initiale est venue de Christophe Voisin Boisvinet (notre compositeur) et Pierrick  lors de leur rencontre sur un festival,  ils ont échangé sur la culture scandinave ancienne et au fil des conversations, ont eu envie de concrétiser tout cela dans un projet de Skáld racontant les mythes nordiques, avec des harmonies de voix et des timbres atypiques différents. C’est à ce moment là que Pierrick que je connaissais depuis quelques temps, m’a proposé de rencontrer Christophe et ainsi rejoindre le projet. Mathieu a ensuite rencontré Christophe et c’est la que le projet au complet était né.

Un premier EP est sorti en 2018, permettant de présenter le projet au public. Comment s’est passée la composition de ces premiers morceaux ? Comment avez-vous travaillé dessus ?

Matt : On s’est enfermé en studio pour mettre en commun nos inspirations et nos envies. Christophe avait déjà pas mal de matière en termes de composition qui a été soutenue par les apports de Pierrick. On a travaillé tous ensemble sur les thèmes, les textes, la prononciation, les lignes vocales…. On a essayé d’être digne, en tant que scaldes modernes, de nos homologues de la Scandinavie médiévale.

Justine : Pour la composition et l’instrumentation, nous avons travaillé en équipe avec Christophe Voisin-Boisvinet.

Pierrick, Mathieu et moi avons trois timbres de voix bien complémentaires et nous utilisons beaucoup de techniques vocales différentes comme le guttural ou le kulning.

Musicalement on s’est inspiré des quelques traces existantes en y ajoutant une part de modernité; chacun a pu amener et partager ses connaissances. On a coloré le tout avec beaucoup de percussions et des instruments médiévaux scandinaves comme les tambours chamaniques, les vièles, la talharpa.

Pierrick : Nous nous sommes très vite mis au travail. Dans un premier temps, nous nous sommes plongés dans un travail de lecture et de traduction, avec pour référence principale l’Edda qui est un recueil de mythologie nordique écrit au XIIIème siècle. Nous avons extrait des textes, des poèmes, et avons créé un univers musical autour des thèmes évoqués. Ces morceaux ont tous des valeurs symboliques fortes, il fallait composer avec et choisir les instruments et les modes appropriés.

 

Le Chant des Vikings va sortir prochainement et fait partie des albums attendus de ce début d’année. Quel a été le processus de création dessus ? Le même que pour l’EP ?

Pierrick : Tout à fait. Notre répertoire est issu d’une longue période de création, inspirée par la même envie : mettre en musique des mythes nordiques, avec des voix atypiques. Ce qui implique beaucoup de recherche dans l’instrumentation, les couleurs à trouver, les atmosphères à invoquer…

Justine : Les titres de l’EP ont été enregistrés à la même période et de la même manière, alors oui, le processus a été le même que dis précédemment.

Matt : Nous avons travaillé avec cette même ambition et ligne de conduite.

L’ensemble des morceaux de SKÁLD sont en vieux norrois, la langue viking. Est-ce complexe de chanter dans une langue finalement morte ? Comment retrouve-t-on les éléments de ce langage aujourd’hui ?

Matt : Pour un francophone, cela demande un petit effort supplémentaire. Mais avec des coachs, des recherches sur les langues modernes qui descendent du norrois (Islandais, Suédois etc…), on arrive à retrouver une diction crédible.

Pierrick : Le vieux norrois se rapproche beaucoup de l’islandais, et de certains dialectes scandinaves. Le chanter demande un travail de recherche, ce n’est pas facile, mais on a des sources pour le travailler. Le plus compliqué est de traduire la poésie scaldique. SKÁLD, en vieux norrois, veut dire poète. Son art, la poésie scaldique, est d’une beauté sans pareil. Le scalde transforme sa langue en la rendant musicale, peut importe l’ordre des mots ni la syntaxe. Cela rend parfois la traduction difficile. On a pensé à vous traduire les textes dans le livre disque, donc tout ça n’aura bientôt plus aucun secret pour vous !

Justine : Le vieux-norrois était la langue parlée pendant la période viking. C’est une langue morte effectivement, et l’Islandais actuel en est la langue vivante la plus proche.

C’est un travail de tous les jours et il y a toujours de nouvelles choses à apprendre.

Est-ce que le fait de chanter dans cette langue demande une préparation spécifique ?

Matt : Il faut juste s’adapter à certains phonèmes qui n’existent pas dans notre langue.

Justine : Comme dit précédemment cela demande une préparation spécifique mais aussi un entraînement et nous nous sommes tous intéressés à la langue avant même la naissance de SKÁLD.

Pierrick : Il faut savoir rouler les « r » ! Et maîtriser certaines lettres que nous n’avons pas dans notre alphabet, qui ressemblent à des runes.

 

Quels sont les prochains clips prévus autour de l’univers de Skáld ?

Matt : Surprises… !

Justine : Nous avons encore beaucoup de surprises pour l’année qui arrive… patience !

Pierrick : Désolé, mais nous aimons les surprises… Et les secrets !

La première date du groupe est programmée en février à rien de moins que La Cigale. Stressés à cette idée ? Comment vous préparez-vous pour ce show ?

Matt : Nous sommes surexcités à l’idée de partager avec le public notre univers. Pouvoir les inviter en live dans cette grande aventure est un immense honneur.

Justine : Nous sommes surtout impatient !!
Le processus de création, le clip, chaque chose en son temps. Maintenant nous avons hâte de monter sur scène et partager ce moment avec notre public. Nous mettons la barre haut pour vous faire découvrir notre univers dans un show à la hauteur de l’album. Nous travaillons tous beaucoup depuis des mois et les répétitions s’intensifient.

Pierrick : C’est assez incroyable de se dire qu’on va bientôt pouvoir faire vivre notre musique sur scène, et de plus dans une salle magnifique et prestigieuse qu’est La Cigale ! Une date qu’on n’oubliera pas, beaucoup de gens viennent de loin pour assister à cette grande première…

A quoi Skald sur scène va-t-il ressembler au final ? On retrouvera des instruments anciens en votre compagnie ?

Pierrick : Nous voulons que nos concerts soient des moments puissants et apaisants. Nous cherchons à connecter notre audience à une sagesse ancestrale, loin du monde moderne dans lequel nous nous perdons au quotidien. Nous chantons dans une langue morte, certes, mais à travers notre musique elle revit et les mythes qu’elle dépeint sont de retour aussi. Les vièles, les lyres, les percussions, tout un tas d’instruments seront là sur scène !

Matt : respect avec l’ambition du groupe, il faut que ce moment épique et nordique soit un voyage dans la mythologie et la sagesse nordique.

Justine : Nous aurons évidement des musiciens qui nous accompagneront sur scène. Pour savoir à quoi ressemblera le show, je vous invite à vite prendre une place et venir découvrir cela avec vos yeux et vos oreilles !

Seconde date annoncée : le Hellfest, rien que ça. De nouveau une grosse scène. N’est-ce pas inquiétant en tant que groupe de débuter uniquement sur des grosses scènes ?

Pierrick : C’est sûr que le trac nous agite régulièrement, mais c’est une bonne drogue, on y devient vite accroc. Les Nornes seules savent de quoi demain sera fait, alors pourquoi se poser trop de questions ?

Matt : C’est plutôt excitant et il faut profiter qu’Odin soit de notre côté 😊

Justine : Inquiétant, non. On est super excités et on a vraiment hâte de jouer sur toutes ces scènes mythiques.

A l’heure actuelle il y a une résurgence des univers nordiques dans la musique. A quoi cela es-t-il dû selon vous ?

Pierrick : Comme je l’évoquais précédemment, je pense que ce que nous vivons à l’heure actuelle est assez perturbant. Le réchauffement climatique, l’état catastrophique de la planète, tout ça nous met face à un constat accablant. Peut être que nous avons besoin de nous tourner vers une spiritualité plus ancienne, déconnectée de toute technologie. Peut être que les anciennes coutumes et les mythes liés aux rythmes des saisons, aux éléments de la Nature sont de bonnes pistes pour améliorer notre quotidien… La culture Nordique est assez méconnue, elle est riche, elle offre une littérature exceptionnelle permettant de vraiment s’imprégner de l’état d’esprit des vikings. Il y a de bonnes choses à apprendre chez les anciens scandinaves.

Matt : Je ne pense pas que ça soit si nouveau que ça. Ça progresse vers la forme que l’on connait depuis la musique folk et celtique. Aujourd’hui il y a par contre un réel intérêt pour les vikings, par-delà les clichés. Peut-être par ce que « Viking » est le fait de partir en expédition. Dans les conditions de l’époque, en équipage au milieu d’une nature sauvage. Ça fait rêver de plus en plus de monde qui souhaite davantage se reconnecter avec la nature plutôt que son téléphone portable.

Justine : La mode, le cinéma, la musique, tout est en perpétuel mouvement. Au tour de la culture nordique d’être mise en avant et c’est un régal pour nous ! Je pense que la série « Vikings » a évidement aidé à développer cette scène dernièrement et à faire découvrir cette culture à un plus large public.

La culture nordique est au final très proche de la nature. Est-ce quelque chose qui vous correspond également ?

Matt : Complètement, puisque cette culture s’inspire de la nature, et que nous inspirons de cette culture. Un respect presque sacré de la vie en général m’anime.

Justine : Oui, je viens personnellement des montagnes des Hautes Vosges et j’ai toujours été de ce fait,  proche de la nature. C’est quelque chose qui rythme nos vies au quotidien, nous avons besoin de cet échappatoire surtout aujourd’hui dans le monde actuel où tout va beaucoup trop vite. Et je pense qu’on aurait tous à gagner en se reconnectant à des valeurs plus ancestrales. Nos vies et notre intérêt pour les valeurs traditionnelles et la nature sont à l’image de notre musique, mystique et hors du temps.

Pierrick : Je suis nostalgique d’une époque où la ruralité était reine. Le monde moderne se connecte au virtuel, et regarde le monde à travers un écran. Il n’est plus du tout en osmose avec la nature. SKÁLD a pour vocation de rétablir ce lien.

En dehors de cet album et des deux grosses dates dont nous venons de parler, quels sont les prochains projets du groupe ?

Pierrick : Nous avons beaucoup de projets, mais il est encore trop tôt pour en parler ! Notre premier album sort le 25 Janvier, nous allons le faire vivre sur scène et ailleurs, cela va nous occuper pendant un bon moment !

Matt : On sera à Istres le 29/03 et à Colmar le 30/04 !

Justine : Comme dis plus haut, nous avons encore pleins de surprises, musicales, visuelles et live pour cette année alors… tout ce qu’on peut dire c’est de rester connectés et suivre notre actualité !

Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et à bientôt à La Cigale !

Þǫkk !!!

 

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