Argoat – Belenos

Alors que Belenos célébrera ses 25 ans d’existence fin 2020, Loïc Cellier, fondateur et unique membre permanent du groupe, continue son bonhomme de chemin avec le huitième album de la formation bretonne. Argoat, arrivé dans les bacs fin septembre, poursuit le voyage initié par Kornôg en 2016, au cœur d’un pays breton fort de ses mythes et légendes. L’album est d’ailleurs une nouvelle fois interprété entièrement en langue bretonne, accentuant ainsi l’impression de plonger dans un monde mystique pour qui n’en est pas familier.

Comme la pochette de l’album l’indique, Argoat explore le côté terrestre de la Bretagne, là où Kornôg favorisait des ambiances maritimes. Le terme peut d’ailleurs se traduire par “terre des bois”. Mais plutôt que de forcer ces créatures fantastiques au grand jour, Belenos préfère suggérer leur existence, et propose une ode aux paysages qui les abritent, avec des titres contemplatifs et mélodiques tels qu’on ne peut en trouver que dans le black metal pagan à tendance atmosphérique.

Musicalement, on retrouve la personnalité du groupe, avec des morceaux denses mais pas indigestes, et des riffs black alternant entre tremolo picking survolté et des passages plus posés, n’hésitant pas à casser le rythme. Aux cris de Loïc Cellier succèdent des chants graves, presque druidiques, qui évoquent tour à tour Cernunnos (Karv-Den, “homme-cerf”), le loup, animal familier des croyances celtiques et chamaniques (Bleizken) ou encore la commune de Huelgoat, donnant son nom à l’une des pistes de l’album, et bien connue des Finistériens pour son patrimoine sylvestre. Cette voix s’efface assez souvent au profit des instruments, et lorsqu’elle s’y joint,  elle les accompagne harmonieusement. Au final, on retrouve des ambiances assez proches des Norvégiens de Burzum ou de Kampfar, mais avec ce petit quelque chose indéfinissable qui donne au metal extrême français son identité si particulière. De façon aussi inattendue qu’étonnante, l’album se clôture sur une courte piste intitulée Arvestal (“observer”), que son interprète décrit en ces termes : “une interprétation metal d’un titre de John Barry”, à savoir le générique ô combien culte (kvlt ?) de la série Amicalement Vôtre.

Il y a peu à dire de plus de cet album, car aucun bloc de texte ne saurait vraiment rendre justice à ce voyage d’une petite heure dans les terres bretonnes. Le mieux à faire, c’est encore de s’y plonger, comme un marcheur s’enfoncerait seul dans la forêt de Brocéliande un jour d’automne, et découvrir par soi-même les lieux fascinants qu’il évoque.

Argoat
Belenos
Northern Silence Productions
2019

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