Une affaire privée – Diana Gabaldon

Londres, 1757 Un matin de juin, Lord John Grey émerge de son club de gentlemen, le Beefsteak, l’esprit tourmenté. Aristocrate à la lignée impeccable et officier supérieur de l’armée de Sa Majesté, il vient d’être témoin d’un fait bouleversant dont les implications pourraient détruire sa famille. Ses efforts pour éviter le scandale sont toutefois interrompus par une affaire plus urgente encore : la Couronne le charge d’enquêter sur le meurtre brutal d’un camarade d’armes soupçonné d’espionnage. Contraint de poursuivre ses recherches tout en s’occupant de ses obligations familiales, le major Grey se trouve malgré lui pris au piège d’un intrigant jeu de trahison…

Pour celles et ceux qui ne la connaîtraient pas, Diana Gabaldon est l’autrice de la saga fantastique à succès Le Chardon et le Tartan, adaptée en série télévisée sous le titre Outlander et disponible sur Netflix. Depuis la fin des années 1990, Diana Gabaldon s’est également attelée à l’écriture d’un spin off centré sur le personnage de Lord John Grey, un officier anglais secrètement homosexuel, et sur différentes enquêtes qu’il va devoir mener dans le cadre de sa fonction ou pour son propre compte. À l’heure actuelle, cette série compte 6 novellas et 3 romans. Une affaire privée est le premier roman suivant les aventures de Lord John.

Avant toute chose, sachez que j’ai lu ce roman en ne connaissant rien du personnage principal (je n’ai vu qu’une saison d’Outlander pour l’heure : il n’y apparaît pas) et sans avoir lu la première novella, Le club Hellfire, et je peux vous rassurer tout de suite : Une affaire privée se lit très bien sans rien connaître à l’univers originel, tout en comportant quelques références bienvenues pour les afficionados. Sachez également que si l’élément déclencheur de la série originale est basé sur un élément fantastique, le voyage dans le temps, ici point de surnaturel sous quelque forme que ce soit.

L’autrice nous entraîne grâce à une écriture fluide et une intrigue rondement menée, agrémentée de personnages hauts en couleur aux descriptions truculentes, dans deux enquêtes parallèles aux relents quelque peu sordides au cœur du Londres du XVIIIè siècle. L’atmosphère retranscrite, le soin apporté aux détails, les descriptions fines, efficaces et jamais inutilement chargées font de la ville de Londres un véritable personnage de ce roman. Derrière la vie homosexuelle cachée en son sein, les clubs de gentlemans et autres quartiers plus ou moins recommandables, on sent un grand travail de l’autrice pour nous amener au plus proche d’une vérité historique. Et ce ne sont pas ses Notes et Références en fin d’ouvrage qui vont me contredire : Diana Gabaldon sait quand elle s’éloigne de cette vérité, et elle le justifie.

Avec le portrait de cette ville, c’est également un portrait de la société anglaise que l’autrice nous dépeint adroitement. Ses bonnes mœurs, ses scandales, ses injustices sociales et la difficulté d’être homosexuel quelle que soit sa position (le risque est tout simplement d’être pendu). À fortiori quand on est un officier de l’armée, membre d’une famille éminente avec pour grand frère un officier encore plus haut placé. Mais si certains sujets traités en fond sont plutôt graves, n’allez pas croire que ce roman donne dans le misérabilisme, bien au contraire ! Le ton est enlevé, les scènes nous décrivant les repas ou encore les inconforts physiques des personnages sont tantôt cocasses, tantôt franchement peu ragoutantes et il s’agit avant tout d’un bon roman policier.

Coupables, innocents, motifs des uns et des autres réservent des surprises au lecteur jusque dans les dernières pages. L’autrice est pleinement maîtresse de l’intrigue, qui comporte son lot d’impasses, fausses pistes et retournements de situation bien vus et bien amenés. Mais un roman policier n’est rien sans de bons personnages, et ils le sont tous ici : surprenants, quelquefois drôles et toujours intéressants. Le lecteur se prend vite d’affection pour Lord John, un personnage sensible, intelligent et éclairé, plutôt du genre droit dans ses bottes et profondément aimant envers sa famille et ses pairs, forcé de vivre constamment dans le secret pour protéger sa vie. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et l’impression de les voir, d’entendre leurs façons de parler, d’observer leurs moindres gestes est saisissante. C’est en tout cas avec plaisir que je les retrouverai dans la suite de cette série que les éditions J’ai Lu nous font le plaisir de rééditer.

Ma conclusion :

-Un bon policier situé dans l’univers du Londres du XVIIIè siècle
-Une écriture fine, fluide, riche en petits détails qui donnent le ton juste sans ennuyer le lecteur
-Plusieurs couches de récits et d’analyses possibles traduisant la profondeur de cet univers

Une affaire privée
Diana Gabaldon
Couverture d’après Bruno Monico/Shutterstock et Dmytro Yashchuk/Shutterstock
Traduit de l’anglais par Philippe Safavi
Éditions J’ai lu
2019

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