Entretien avec Christelle Dabos, auteure de la série La Passe-Miroir

Crédit photo : Gallimard

Christelle Dabos fait partie de ces auteures dont la plume transcende les genres pour rendre son imaginaire accessible à tous les publics. Après avoir chroniqué Les Fiancés de l’Hiver, je voulais lui poser quelques questions alors que son nouveau roman approche à grands pas !

La Passe-Miroir est une série connue (et reconnue) dans la communauté des lecteurs de l’imaginaire jeunesse. Mais, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore, pourrais-tu nous la présenter brièvement ?

Brièvement ? Présenter cette histoire a toujours été pour moi un casse-tête que je cède généralement (et lâchement) aux autres. La Passe-miroir, c’est une petite femme maladroite qui se retrouve fiancée à un grand homme glacial dans un monde où les apparences sont trompeuses. Vous y trouverez des ambiances désuètes, des romances improbables, des énigmes à tiroirs et des objets qui s’animent.

Cette série est un joyeux mélange ; pour ma part j’y retrouve une dose de steampunk, pas mal de fantastique et même un petit côté post-apo. Dans quel (s) genre (s) la classerais-tu ?

Je ne me suis jamais posé la question du genre en écrivant La Passe-miroir, mais oui, j’adore mélanger ! J’ignorais que je faisais du « steampunk » puisque je ne connaissais pas ce mot à mes débuts et si je me suis en effet inspirée d’une atmosphère à la Jules Verne, j’ai aussi librement puisé dans la Cour versaillaise de Louis XIV, les années folles, les débuts de l’informatique et la Rome Antique. En ce qui concerne le « fantastique », il est essentiellement présent à travers les pouvoirs familiaux des personnages (animer les objets, créer des illusions, remodeler l’espace). Quant au « post-apo », c’est tout à fait vrai, encore que le terme « post-pré-apo » serait plus adapté encore. Mais de vous à moi, c’est l’auteur-illustrateur Boulet (@Bouletcorp) qui a apposé à la Passe-miroir la plus belle étiquette du monde en la qualifiant de « poético-bordélique ».

Les personnages de sont pas forcément faciles à aimer : Ophélie semble de prime abord montrer une passivité qui peut agacer et Thorn passe pour un psychorigide prétentieux, pour ne citer qu’eux. Il faut apprendre à les connaître pour les aimer. Comment as-tu bâti des psychologies aussi complexes ?

Je suis tout simplement partie du principe que pour chaque personnage, la première impression ne serait jamais la bonne. La deuxième non plus, d’ailleurs. Ce qui m’intéresse, quand je raconte cette histoire, c’est de voir comment des personnages incomplets, voire franchement abîmés, se font mutuellement évoluer au fur et à mesure de leurs interactions. Je suis partie sur l’idée de deux personnages en hibernation. Ils se sont chacun construit une petite routine en circuit fermé qui les a figés pendant des années. Ils se bousculent l’un et l’autre, et se révèlent par la même occasion.

On dit souvent que toutes les histoires ont déjà été écrites, et c’est une impression que j’ai régulièrement. Pourtant, quand je lis Les Fiancés de l’hiver, l’histoire me semble assez inédite (en fait la seule comparaison qui me vienne à l’esprit est Angélique Marquise des anges…). Pourrais-tu nous parler de tes sources d’inspiration ? Tu évoques souvent Miyazaki quand on te pose la question…

C’est amusant, car je n’ai pas l’impression d’être très originale. Je vois toutes les œuvres et tous les événements qui m’ont influencée dans l’écriture ; et j’en découvre sans cesse de nouveaux qui m’ont inspirée sans même que je m’en aperçoive ! Je cite en effet Miyazaki, car j’ai été frappée par la continuelle fluctuation des apparences dans ses œuvres. Dans La Passe-miroir, je m’amuse aussi énormément à jouer sur les apparences ; et ce jusqu’à la fin. Il y a aussi l’univers de Philip Pullman (A la Croisée des mondes) qui m’a profondément marquée. Et les grandes qualités narratives de J. K. Rowling. Et Alice au Pays des merveilles, même si je ne m’en suis rendue compte qu’après coup. Et Marcel Aymé. Et Maurice Leblanc. Et Barjavel. Et l’ancien testament. Et les contes. Et les dessins animés. Plein, plein de dessins animés.

J’imagine que le sujet est top secret, mais pourrais-tu nous donner quelques indices sur le quatrième (et dernier?) tome de La Passe-Miroir ?

(Oui, oui, c’est le dernier.) Je suis une tombe quand il s’agit de mon histoire, car j’estime que c’est à elle de se raconter. Je peux toutefois divulguer le titre que j’ai donné au quatrième tome : Les terres inconnues. Il est possible que mon éditeur me propose de le changer, comme cela a été le cas pour les trois autres tomes. Mais je l’aime.

Certains auteurs ont des “rituels d’écriture”, ont besoin d’un certain environnement pour travailler. Est-ce ton cas ?

Un canapé et une tasse de Nesquik. Sans eux, je perds tous mes repères et je n’arrive à rien.

Si tu devais vivre sur une Arche, ce serait laquelle et pourquoi ?

Anima, bien sûr ! Sans les Doyennes, de préférence. Pour créer cette arche, je me suis inspirée de la Wallonie, ma terre d’adoption. Des maisons qui ont sale caractère, mais des occupants qui ont du cœur… et qui ne se prennent pas trop au sérieux !

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