X-Men : Dark Phoenix – Simon Kinberg

1992. Les X-Men sont au fait de leur puissance. Charles Xavier a l’oreille du président des États-Unis et les mutants sont acceptés. Mais quand l’équipe se porte au secours de la navette Endeavour en perdition, Jean Grey est touchée par un mystérieux rayon d’énergie. À son retour sur terre, elle commence à changer.

Quatrième film de cette génération de X-Men, Dark Phoenix arrive dans un contexte de fin de cycle pour la série de films : exit Bryan Singer après ses problèmes juridiques ; sortie programmée aussi pour la franchise, qui après le rachat de la Fox par Disney va intégrer le Marvel Cinematic Universe.

Cette itération des mutants a connu des réussites diverses : First Class a relancé l’univers avec brio, grâce à son dynamisme et son casting solide. Days of Future Past a enfoncé le clou avec talent en réussissant un brillant exercice de synthèse. Mais Apocalypse porte bien son nom tant le ratage est d’ampleur.

Qu’en est-il de ce Dark Phoenix ? C’est le producteur et scénariste Simon Kinberg qui hérite du poste de réalisateur. Ce sera sa première fois derrière la caméra. De manière un peu paradoxale, l’intrigue autour de Jean Grey est loin de lui être inconnue, car il avait déjà scénarisé X-Men 3, qui traitait du même thème. Pourra-t-il faire mieux ?

La réponse est non. Dark Phoenix se montre avare en développements, répétitif dans son intrigue, incapable de mettre en relief ses moments forts. Le personnage de Jean Grey (Sophie Turner monolithique) incarne tous ces problèmes. En effet, son écriture pose question : le Phoenix qui se déchaîne en elle pâtit d’une origine à peine exposée qui laisse des doutes sur ses motivations et semble contredire, par manque d’informations, ce qui était entrevu dans Apocalypse.

Son aventure est une boucle qui se répète sans nuance ni variation. Jean Grey est paisible, Jean Grey s’énerve, Jean Grey tue/détruit et Jean Grey s’en va. Ce script fade se répète quatre fois en deux heures avec une absence totale d’imagination.

Les scènes de tuerie/destruction de chaque boucle sont censées être à chaque fois un climax. Le manque d’intensité les transforme en produit standardisé, que Kinberg peine à rendre intéressant. Le pire exemple est le décès d’un des membres de l’équipe, traité sans passion, sans drame, ce qui rend la disparition de ce personnage historique totalement anecdotique.

Comme Apocalypse avant lui, Dark Phoenix a perdu de vue l’intérêt principal de cette génération de X-Men : l’opposition Xavier/Magneto. Dans la construction de cette relation d’amitié et de haine se bâtit tout l’intérêt dramatique de First Class, et certains des meilleurs moments de Days of Future Past.

Alors, parfois, ce Dark Phoenix y revient brièvement, comme dans la scène du parc ou le final, mais c’est tellement peu. C’est toutefois Érik Lehnsherr/Magneto qui garde les meilleures scènes d’action, avec ce côté démesuré dans la destruction : quand il arrache un métro du sous-sol ou broie un wagon de train comme une bouteille en plastique, on ressent toute sa puissance.

C’est bien le seul : les pouvoirs de Jean Grey ressemblent à ceux de Captain Marvel en moins bien intégrés visuellement ; La scène de vitesse de Pietro est bâclée ; Kurt Wagner est à peine exploité.

On pouvait reprocher beaucoup à X-Men 3 de Brett Ratner, mais sans doute pas les scènes visuelles impliquant les plus puissants mutants. Certes, refaire la même chose aurait paru inutile, sans doute autant que de ne rien faire comme dans le cas qui nous occupe.

Techniquement, le film est dans la moyenne. Toutefois, la réalisation est sans idées. Beaucoup de plans sont vides, et paraissent fauchés – à l’image de l’affrontement final Jean/Vuk, télévisuel avec son décor de zone industrielle déserte.

Hans Zimmer tente vaguement d’apporter quelque chose. Sa musique cherche à structurer le récit, en y ajoutant des thèmes comme celui des X-Men – qui change pour la quatrième fois, dommage. Mais le manque d’idées du film rejaillit sur la partition. De plus, il souffre de la comparaison avec la bande originale épique symphonique de John Powell sur X-Men 3.

Conclusion

Il n’y a presque rien à sauver de ce Dark Phoenix neurasthénique, qui réussit l’exploit de faire réévaluer à la hausse l’opus dont il est le remake. Scénario pénible, scènes ennuyantes, ce ne sont pas les rares réussites du dernier quart qui feront oublier ce naufrage. La Fox semble s’être débarrassée du film plutôt que d’avoir conclu, en fanfare, une de ses franchises phares. Dommage.

X-Men : Dark Phoenix

Réalisé et écrit par Simon Kinberg

Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Nicholas Hoult, Jessica Chastain, Sophie Turner

20th Century Fox, Marvel Entertainment

Disponible en DVD et BR

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *