Anaal Nathrakh + Point Mort – Backstage By The Mill – Paris – 6-11-2018

Point Mort nous explique qu’il y a une mince frontière entre la vie et la mort, le laid et le beau, et qu’ils ont décidé de parcourir cette frontière pour le plaisir des fans de musique atmosphérique à tendance post hardcore et tout ce qui se mélange bien avec. Quelques minutes avant l’arrivée du groupe sur scène, la salle est plongée dans un épais nuage de fumée d’encens, et les volutes laissent soudain apparaître des instruments de musique et des personnes.

Le public est présent en masse, ce qui réchaufferait le cœur de n’importe quelle première partie, et peu à peu, la magie opère et l’audience se met en mouvement avec le rythme de la musique. Pendant les phrases instrumentales que propose le groupe, on remarque des visages sereins, les yeux fermés et de nouveaux adeptes sont faits. Certes, celles et ceux qui sont venus rugir devant Anaal Nathrakh ont remarqué l’écart stylistique qui existe entre les deux formations au programme de ce soir, mais la performance démontre qu’une telle considération n’est pas légitime.

Birmingham est dans la place, et dès que Dave Hunt (aka V.I.T.R.I.O.L) prend la parole, le discours du groupe qui tend vers « la guerre de tous contre tous » s’illumine par contraste avec la sympathie du bonhomme. En effet, le chanteur semble porter une attention toute particulière au public qui, grâce à la configuration de la salle, se croit presque dans le confort de son propre foyer tant l’interaction rend le spectacle intimiste. Dans un moment qui aurait pu être le fruit d’une hallucination collective, notre ami part même en coulisses chercher des serviettes, et se met à quatre pattes pour éponger la catastrophe qu’il vient de réaliser à base de bouteille d’eau ouverte et de headbanging.

Une des pratiques les plus appréciées du public de ce type d’évènement est mise à l’honneur ce soir : il vaut mieux arrêter de compter les crowdsurfers qui s’en vont jusqu’à grimper sur scène pour slammer jusqu’au fond de la salle. Mecs, nanas, jeunes, vieux, tout le monde s’y met et le groupe les accueille avec une joie non dissimulée.

Mick Kenney, à la guitare, présente une attitude plutôt impassible et s’anime de temps à autre de convulsion succinctes et va jusqu’à s’accroupir presque lorsque l’émotion corroborée par les élans dramatiques de la musique paraissent presque lui provoquer une douleur équivalente.

« A New Kind of Horror », d’ailleurs, est le tout dernier album en date du groupe, qui nous est parvenu le 28 septembre chez Metal Blade. On reconnaît bien dans la pratique live du groupe la prévention promise par Dave : il s’agit de quelque chose de « sombre, sarcastique, violent, terrifié et terrifiant, et par-dessus tout humain ».

Anil Carrier joue pour Anaal Nathrakh sur cette tournée, mais certains l’ont peut-être aussi entendu armé de ses baguettes chez le groupe Binah, ou encore No More Room In Hell, pour ne citer que certaines ligne de son CV. Il agit ce soir en efficace cavalier du 240 BPM, ce que les rageux qualifieront de bruit, mais que le mosh pit reconnaît comme son propre pas. La pagaille est telle que la foule essuie d’ailleurs quelques chutes, qui ne diminueront en rien la vigueur de la salle saluée plusieurs fois par une remarque au micro.

C’est grassement félicité et à la fois épuisé et purifié que le public quitte la salle, après un concert intense organisé par Garmonbozia et qui promet une prochaine venue d’Anaal Nathrakh, on l’espère, encore plus remarquée et saluée.

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