Les Hommes Dénaturés – Nancy Kress

2030. La fertilité a chuté dangereusement. La vieillesse est devenue la norme, et les jeunes de précieuses ressources nationales.

Dans ce nouveau contexte mondial, la descendance devient une obsession.

Shana, orpheline, voit ses rêves d’intégrer l’armée voler en éclats lorsqu’elle entrevoit ce qu’elle n’aurait pas dû. Lancée dans une quête acharnée pour retrouver sa place, elle croise la route de Cameron, danseur de ballet qui n’a eu d’autre alternative que d’effacer délibérément sa mémoire. Ils trouveront secours auprès du scientifique Nick Clementi, qui craint d’avoir mis le doigt sur une grande conspiration.

Commence alors pour chacun d’entre eux un combat pour rétablir la vérité.

Jusqu’où est-on prêt à aller lorsque les enfants manquent à l’humanité ?

Le roman de Nancy Kress Les Hommes Dénaturés a été publié pour la première fois aux États-Unis en 1998, traduit en français en 2001 par Jean-Marc Chambon et ce sont les Éditions ActuSF qui ont décidé de nous refaire découvrir ce texte en le publiant à l’automne 2018, avec une magnifique couverture illustrée par Cindy Canévet. Et, à 20 ans d’écart, le moins que l’on puisse dire c’est que ce roman éminemment politique est toujours d’actualité…

Mais reprenons. Dans Les Hommes Dénaturés, nous suivons tour à tour à la première personne Shana Walders, une jeune fille immature de 19 ans qui n’a pas froid aux yeux, sait ce qu’elle veut et est prête à tout pour l’obtenir, Cameron Atuli, un danseur de ballet amnésique en début de carrière, homosexuel dans un monde où ne pas vouloir procréer est un péché et Nick Clementi, un scientifique renommé et âgé, lucide par rapport à ce et ceux qui l’entourent et fatigué de se battre contre des moulins à vent.

Dans ce futur qui nous est décrit, les jeunes sont rares car le taux de fertilité est extrêmement bas. Le coupable ? Les perturbateurs endocriniens et autres cocktails de produits chimiques ingurgités par la population durant des décennies et disséminés dans la nature, tant est si bien que les animaux sont nombreux à naître difformes. Qui dit chute des naissances dit hausse des cotisations pour la retraite et nette augmentation de personnes âgées actives. Il y a donc une scission entre les jeunes, trésors nationaux un peu trop préservés et les personnes âgées, plus ou moins dépendantes et autour desquelles toute la société s’organise. Les États-Unis ainsi que le reste du monde sont ruinés mais les commissions scientifiques et politiques qui auraient pouvoir d’agir continuent de tenter de préserver le vieux monde avec ses multinationales, ses produits chimiques et son plastique, regardant ailleurs en se disant qu’on finira bien par s’adapter et par trouver un remède aux conséquences, plutôt que de traiter la cause.

Ce roman traite donc pour beaucoup de l’inertie des grandes instances face à des catastrophes que l’on a sous le nez. Cela vous rappelle quelque chose ? La question de la responsabilité individuelle y est également soulevée en filigrane, par le biais de ces couples prêts à tout pour avoir un enfant et qui ferment les yeux sur le “comment”. On peut y voir un reflet de notre société de consommation où nous achetons souvent à bas coût sans connaître la provenance ni les conditions de fabrication ni le coût environnemental de nombreux objets pas si nécessaires que cela, où nous voyageons en avion low-cost et commandons nos livres sur amazon parce qu’on les reçoit dès le lendemain. Mais il n’est pas composé que de cela. Le rapport à la vieillesse et à la mort y est finement introduit à travers le personnage de Nick Clementi qui n’hésite pas à citer d’illustres personnages comme La Rochefoucauld, Shakespeare ou encore Emily Dickinson, toujours avec élégance et à point nommé.

Cependant, si les trois personnages sont bien construits et attachants, on peut tout de même regretter que ce roman n’aille pas plus loin, avec une intrigue un peu plus complexe. Le traitement politique, même s’il a la qualité d’être toujours d’actualité 20 ans après la publication originelle, prend peut-être un peu trop de place et je ne ressors pas bouleversée émotionnellement de cette lecture, qui fut néanmoins agréable et que je recommande.

Ma conclusion :

-Une intrigue générale un peu faible
-Une lecture agréable, avec des personnages attachants et intéressants
-Un roman qui soulève des questions politiques toujours d’actualité 20 ans après sa première parution

Je vous laisse avec les premières pages.

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Les Hommes Dénaturés
Nancy Kress
Couverture illustrée par Cindy Canévet
Éditions ActuSF
2018

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