Interview Axelle Bouet, les Chants de Loss (MATAGOT)

 

 

Les Chants de Loss est un jeu de rôle DaVinci-Punk (j’adore ce terme) en souscription sur la plateforme Game On Table et cela jusqu’au 7 juin. Plus de 230 souscripteurs ont déjà été séduit par ce jeu qui est très prometteur. Des qualités graphiques exceptionnelles, un monde original et attrayant et un système de jeu dédié, tout ceci fait des Chants de Loss, un jeu attendu et intriguant.
EMaginarock a posé quelques questions à Axelle, qui a eu la gentillesse de nous répondre.

 

Bonjour, Axelle, vous êtes l’une des autrices des Chants de Loss, actuellement en souscription chez nos amis de Game On Table. Pourriez-vous vous présenter rapidement ? Comment avez-vous découvert le JdR, et quelle place prend-il dans votre vie ?

Je suis donc l’une des trois autrices des Chants de Loss et, à la base, je suis illustratrice professionnelle et romancière. J’ai travaillé principalement comme directrice artistique dans la communication visuelle et la publicité, surtout dans les secteurs d’internet et du jeu vidéo. Je me suis reconvertie il y a quelques années, quand mes problèmes de santé m’ont rendue incapable de travailler en entreprise. J’avoue, je ne le regrette au final vraiment pas.

 

Pour ce qui est du jeu de rôle, je suis tombée dedans quand j’étais petite et depuis, j’en suis jamais sortie. Ma première partie de JDR, j’avais 11 ans, c’était en 1982, puis j’ai acheté mon premier jeu z’à moi deux ans plus tard, trouvé un club de JDR moins d’un an après… et j’étais foutue. En très grande partie, mon amour pour l’illustration et ma passion culturelle et scientifique en générale sont héritées de ma découverte du jeu de rôle. C’est un élément fondateur de ma vie, selon moi.

Quelle est l’origine de ce jeu de rôle ?

Des romans… enfin un, à la base. J’avais écrit le premier tome des Chants de Loss et je travaillais à mettre au propre les centaines de pages de note sur l’univers de ma saga pour entamer le tome deux, quand j’ai raconté à mes amis le pitch et le metaplot derrière le monde de Loss. Et tout le monde a dit : « mais c’est un univers de jeu de rôle ! » Alors, après avoir eu d’autres avis du même tonneau, j’ai proposé à Alysia et Emilie, mes deux muses pour mes romans, de tenter de créer un JDR sur cet univers. Elles ont dit oui sans hésiter et, immédiatement, avec l’ambition de faire un produit complet, aussi riche, beau et passionnant que notre perfectionnisme nous permettrait de le tenter… et l’aventure commençait !

Vous êtes au moins trois autrices, pouvez-vous nous présenter l’équipe d’autrices ?

Alysia Loretan est ma compagne, rôliste devant l’éternel elle aussi, elle a beaucoup travaillé sur la mécanique de jeu et sur la validation et la vérification des contenus, sans compter qu’avec Emilie, elle a créé tout le volet du chamanisme de Loss, un des aspects les plus important de l’univers. Elle a suivi une formation de maquettisme et de mise en page ; comme c’est une bonne graphiste et une perfectionniste opiniâtre, elle s’est de suite emparé de ce poste, avec talent et beaucoup, beaucoup de temps passé dessus. Si les CdL a une telle qualité de mise en page et de visuel, c’est en grande partie grâce à elle.

Emilie Latieule est une de nos plus proches amies, notre complice commune, sans doutes une des deux ou trois personnes à nous connaitre le mieux, Aly et moi. Chargée de ressources humaines, obsédée par la symétrie dans les systèmes de jeu et l’équilibre, elle aussi est passionnée de jeu de rôle et de grandeur-nature. Elle a travaillé avec Aly et moi sur toute la base des concepts de l’univers et du système de jeu, a mis le nez dans les contextes des peuples, des coutumes et habitudes des lossyans, et a travaillé sur le chamanisme, sans compter toute la partie équipement et objets de légendes.

Toutes les deux travaillent actuellement sur le supplément Armanth, un décor de jeu complet avec la plus grande cité de Loss et sa région.

Pouvez-vous nous présenter une exclusivité de l’univers ? Quelque chose qui ne figure pas dans la présentation du Monde sur la page de souscription.

On présente l’univers de Loss avec l’opposition de deux grandes puissances, deux points de vue sur le monde très divergents et en conflit : l’Eglise du Concile Divin et la Guilde des Marchands. Mais en fait, il y en a trois, pas deux. La troisième puissance est la plus mystérieuse et insaisissable, très influente, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer. Et ce ne sont pas les Chanteurs de Loss, trop peu nombreux et trop pourchassés pour représenter une réelle menace. Non… c’est le chamanisme, qui domine des peuples entiers et est présent partout, même si rare et très bien caché. Et cette troisième puissance est clairement celle qui, dans le conflit larvé qui secoue le monde de Loss, pourrait bien décider de comment va pencher la balance.

 

Quel type de système de jeu sera proposé ?

Ce que d’aucuns appellent un système old-school, mais notoirement modernisé. En gros, c’est du Trait (carac) + Talent (compétence) + 1d10, et il faut atteindre un seuil. Mais pour rendre l’aspect héroïque (certains critiques parlent de vrai système de jeu de « cape et d’épée ») le système privilégie la prise de risque calculée : c’est au joueur de décider d’augmenter cette difficulté de 15 pour en retirer des avantages. C’est ce qu’on appelle tenter un Exploit. Ce peut être fait en toutes circonstances et permet de bénéficier d’effets spéciaux variés, mais aussi de conserver des avantages pour plus tard, les Fursas, qui peuvent même être donnés à un autre joueur. Rater un Exploit a des conséquences : l’adversaire gagne alors en Fursas ce que le joueur espérait obtenir en avantages, ce qui se retournera tôt ou tard contre lui ou le reste de la table. C’est donc un jeu à pari risqué : on peut tout y tenter, presque rien n’est impossible. Mais tout choix comporte des risques à la hauteur du défi à relever.

Le but final du système de jeu est qu’il est simple, très ludique, permets de savoir quels risques on prend et d’en estimer les conséquences, y compris pour retourner totalement une situation. Et surtout : il peut aisément se faire oublier et très vite, la simplicité de ses concepts permet de tout gérer sans se prendre la tête en exceptions aux règles et calculs d’apothicaire.

Actuellement, quel est l’état d’avancement du projet ?

Alors… le jeu a été rédigé, mis en page et maquetté à 100 %. En gros, tout ce que vous voyez dans la campagne de CF est déjà prêt. Il ne reste que les corrections à faire et les illustrations, dont 50% sont déjà finies. La carte de Loss est elle aussi finie (ainsi que d’autres cartes terminées), le paravent aussi, le supplément Voyages est terminé à 100% lui aussi, sans compter que la plupart des accessoires et goodies sont prêts. Et le reste, ce sont les suppléments Armanth et Da Vinci-punk, qui sont déjà en cours de rédaction, Armanth étant déjà très avancé. Bon, les couvertures des suppléments, elles, sont encore à faire. On n’a pas eu le temps de les préparer vraiment d’avance.

Une ligne éditoriale a-t-elle déjà été pensée ? Des suppléments sont-ils prévus pour proposer une gamme Loss ? Une campagne ? Un recueil de scénarios ?

Oui. En fait, si tout dépend du premier succès de la campagne des CdL, du côté des trois autrices et de nos collaborateurs (coucou Djoul, BBS et Sté, on vous aime !) on a depuis longtemps prévu ce que serait la gamme pour anticiper le travail de création. En plus des suppléments Armanth (un décor de jeu complet et vaste, et qui décrit aussi la Guilde des Marchands) et Da Vinci-punk (un supplément sur la science, les inventions et les techniques dans le monde de Loss, avec pleins de contenus) dont je parle plus haut, il y en a encore trois autres que nous considérons indispensables pour boucler la gamme que nous avons en tête.

 

Je vous rassure cependant de suite : le jeu de base est complet et tel quel, permets de faire jouer et découvrir tout Loss, ses secrets compris, sans ces suppléments. Mais nous, on y tient pour aborder tout ce qu’il était impossible de détailler dans le jeu de rôle.

En gros, ce qu’on a donc prévu ? Un supplément sur le Chant de Loss et le chamanisme, un sur l’Église du Concile Divin et un dernier sur la faune et la flore de Loss. Mais nous avons aussi plein de documents pour prévoir un atlas des peuples de Loss détaillé, un supplément sur les Apostats, sans oublier une campagne de jeu complète !

 

 

 

Au vu du grand nombre d’illustrateurs de talents, n’est-ce pas délicat de superviser tout ce beau monde ?

Hell on Earth ! Mais je dois aimer ça, car je tends à tout chapeauter et contrôler, ce qui semble être un de mes travers. Mais au vu de ce que disent nos collaborateurs, nos prestataires et collègues, je suis notoirement facile à vivre comme chef de projet et directrice artistique. Parce qu’avant de tomber sur le rable de qui fait quelque chose qui ne va pas, je commence par encourager et soutenir tout le monde, et être plus critique encore envers moi qu’envers mon équipe. Je préfère donner l’exemple que de dénoncer une faute.

Mais ouais… je voudrais bien dormir 15 jours, pour rattraper mon manque de sommeil ! Ha oui, on me dit aussi dans l’oreillette : t’es sacrément têtue aussi, et pas seulement de temps en temps.

Beaucoup de CF proposent un ArtBook de plusieurs illustrations. L’envisagez-vous ?

On l’a proposé pour la campagne de CF, mais celle-ci propose beaucoup de matériel, déjà. Donc, est-ce que finalement, l’Artbook fera partie des offres et options ? Je ne sais pas. Ça, il faut demander directement à Matagot ! Tout ce que je puis dire c’est que nous, les autrices et surtout moi la première concernée, on est totalement pour.

Vous dites qu’ : « Une ressource qui est plus convoitée encore que le second bien le plus précieux de ce monde : les femmes » pouvez-vous en dire plus sur votre vision de la femme dans Loss ?

Ce n’est pas MA vision, d’où est extraite cette phrase, mais celle de la plupart (mais pas tous) des Lossyans. L’or et l’argent sont un peu plus communs sur Loss que sur Terre et le plus grand prestige pour la majorité des lossyans, c’est de pouvoir s’afficher en possédant les plus belles femmes, le plus souvent asservies. C’est une des bases du Haut-Art, le surnom donné à l’esclavage sur Loss, considéré réellement comme un art. Si l’esclavage ne concerne que 5% de la population en générale, il concerne en majorité les femmes, vues comme des biens recherchés… d’où le prestige, et cette phrase.

Je dirais pour nous, car les trois autrices ont le même point de vue, que ce que sont les femmes dans le monde de Loss est le reflet de ce qu’elles ont été dans notre histoire et sont encore dans bien des régions du monde. Elles sont sous le joug de sociétés et de cultures le plus souvent très inégalitaires, sexistes et patriarcales qui tendent à les considérer inférieurs. Mais ce n’est pas du tout le cas dans le système de jeu, bien sûr ! D’autre par le concept du respect des Vertus dans le monde de Loss oblige même les plus misogynes des hommes à devoir respecter les femmes dont le Courage, l’Honneur ou la Sagesse ne peuvent être mis en doute. Si une femme, à force d’efforts et de défis, réussit à se hisser à égalité des hommes, les lossyans, même s’ils le désapprouvent, sont forcés de la considérer à leur égale. Et ceci constitue un des sujets du JDR : selon la manière dont le meneur de jeu abordera l’importance ou pas de ces concepts (il peut très bien n’en faire qu’un décor et non un sujet), jouer une femme dans le monde de Loss posera un défi, tout à fait surmontable, mais qui ne sera pas sans de nombreuses péripéties et quelques tumultes, parfois.

Et nous, on a trouvé que cet aspect devait rester présent et important. Une manière en quelque sorte de montrer pourquoi le féminisme existe et ce qui lui a donné naissance et légitimité. On adore cela, et j’ai trouvé génial de voir des joueurs masculins incarner des personnages féminins, être confronté à cet aspect du monde et devoir se dépatouiller des ennuis qui peuvent aller avec, en devant soudain se demander comment s’en sortir et en tirer parti. Et nous dire : on a adoré l’expérience. Bien sûr, on sait que le sujet ne plaira pas à tout le monde, on a déjà testé les gens très fâchés par ces aspects du monde et, souvent, pour des raisons complètement contradictoires. Mais clairement, ce n’est pas bien grave, car il est au final très bien accueilli !

Un grand merci Axelle.
Si vous aussi, vous souhaitez rejoindre l’aventure des Chants de Loss, et participer pour que ce beau jeu de rôle édité par Matagot, le devienne encore plus, n’hésitez pas un instant de plus.
Et venez chanter et vibrer avec le loss.

Les Chants de Loss, un jeu édité par Matagot

En souscription jusqu’au 7 juin 2018 sur la plateforme de financement Game On Table :

https://www.gameontabletop.com/crowdfunding-112.html

 

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