Full Metal Alchemist – Fumihiko Sori

À l’origine, Full Metal Alchemist est un manga publié au Japon entre 2002 et 2010 ; en France entre 2005 et 2011. Suite au succès de cette histoire, un premier anime a été produit en 2003 mais n’était pas très fidèle au manga malgré le film d’animation sorti en 2005. Ainsi en 2009, un 2ème anime (Full Metal Alchemist Brotherhood) a été réalisé et était bien plus fidèle. Et nous arrivons en 2017, moment où ce qui devait arriver arriva, le film live, avec des acteurs 100% réel (enfin 90% plutôt) et une tragédie malheureusement bien réelle pour nous. Les américains voient tellement de potentiels dans l’imagination des japonais qu’ils pensent pouvoir faire des films qui auront à coup sûr un succès planétaire. Je vous laisse méditer sur les exceptionnels Dragon Ball Evolution ou encore sur le film américain Death Note, de véritables joyaux d’égouts. Voyons si ce film suit l’impitoyable loi des adaptations pourries. Je préfère vous prévenir par avance, je compte décerner quelques mentions spéciales à ce…truc.

Alors que l’alchimiste Edward Elric cherche un moyen de reconstituer le corps de son frère Al, le gouvernement militaire et de mystérieux monstres le surveillent de près.

Avec un synopsis comme ça et vu la complexité du manga, le doute me submerge quant à la faisabilité d’en faire un unique film.

Heu…vous êtes sérieux ?

Même en essayant d’être plutôt gentil, la première chose qui me vient à l’esprit en voyant l’affiche est le terme « fan-film », bien loin d’une affiche qui peut faire rêver. Avec une telle flopée de personnages, le doute me submerge encore plus. Entre Roy Mustang qui semble se pavaner avec son joli gant blanc, le lieutenant Riza Hawkeye qui joue des pistolets ou encore de l’Homonculus Lust qui imite Edward aux mains d’argent, je pense qu’on a beaucoup à craindre de ce film et ce, même si le réalisateur (Fumihiko Sori) est à l’origine du bon film d’animation Vexille.

Enfin, j’ajouterais une première mention spéciale pour l’espèce de pierre rouge brillante bien visible sur l’affiche. A mon avis, soit c’est l’objet de convoitise de tout un tas de personnes plus ou moins net, soit c’est un prototype de nouvelle boule disco.

Ed et Al partent en voyage

À la rigueur cette affiche-là est beaucoup plus jolie, reste sobre et a un côté filmesque beaucoup plus sérieux. La quête d’Edward et d’Alphonse pour trouver la pierre philosophale peut donc commencer.

Le film s’ouvre donc sur la tragédie des frères Elric, à savoir la mort de leur mère et de leur décision de la ressusciter. Ainsi même s’il y a du monde à l’enterrement, personne ne va se charger de les adopter, ça pue les jeunes drogués, délinquants, désœuvrés qui devaient zoner dans la campagne environnante. Résultat, ils se retrouvent tout seul et, comme pour prouver qu’ils sont très forts, ils décident de s’entraîner à Top Chef avec une petite recette du terroir, à savoir la transmutation humaine : 35L d’eau, 20kg de charbon, 4L d’ammoniac, 1,5kg de bois pétrifié, 800g de phosphore, 250g de sel, 100g de salpêtre, 80g de soufre, 7,5g de fluorine, 5g de fer, 3g de silice et une quantité infimes de 15 autres éléments. Les petits sacripants veulent finalement garder le secret jusqu’au bout. Bon avec l’ajout de quelques gouttes de sang (pour le côté « information sur l’âme »), pas sûr qu’Etchebest approuve finalement cela. Malheureusement la recette en question tourne mal, Alphonse disparaît dans un véritable ouragan et Edward perd sa jambe. Comme quoi, l’alchimie c’est vraiment un truc dangereux. Un autre flashback nous permettra de voir comment Edward a également perdu son bras droit.

Passé cette petite introduction, nous voilà dans une charmante petite ville à l’allure européenne, italienne devrais-je d’ailleurs préciser. Ici elle s’appelle Réole (on s’abstiendra de tout jeu de mots pourri) alors que dans le manga, il s’agit de Lior.

Edward poursuit un individu extrêmement louche. Même s’il fait beau, la rue est quand même totalement déserte, ce qui est plutôt pratique pour détruire tout sans risque. Le bougre ne se laisse donc pas faire et attaque par le biais d’un mystérieux anneau (« couché Gollum !!! ») avec une jolie pierre rouge au milieu. Et là, plein d’effets spéciaux nous permettent d’apprécier des miracles de l’alchimie. Le moment est approprié pour décerner la deuxième mention spéciale qui prend la forme d’un chat tranquillement allongé au sol alors qu’Edward court pour éviter un écrasement fatal. Le félin en question n’est bien sûr pas vraiment content de ce dérangement et le fait savoir par un bruit typique. Ami des chats, je ne vous le répèterais jamais assez, méfiez-vous ! Ces redoutables animaux ne veulent que votre mort. Comme dirait un certain magicien gris, « fuyez pauvres fous ! ».

L’homme que poursuit Edward est le Père Cornello qui semble bien connu dans cette petite ville. Bon connu ou pas, on s’en moque un peu vu qu’il se fait promptement botter les fesses et arrêter par l’armée. La pierre qui sertissait l’anneau tombe alors au sol dans un joli bruit qui fait soit penser à un bonbon du type Dragibus, soit à l’une de ces babioles que l’on a dans les distributeurs de supermarchés ou dans les fêtes foraines.

Le prêtre réussira à s’échapper presque immédiatement, on passera donc sous silence l’incompétence omniprésente de l’armée que l’on retrouvera à d’autres moments du film cela va de soi. Malheureusement pour lui, il mourra très rapidement par d’étranges individus, à savoir les terribles Homonculus, des êtres artificiels.

Je me dois d’ajouter une troisième mention spéciale qui concerne Alphonse. Je suis d’accord que la vie ne lui a pas fait de cadeaux vu qu’il a perdu sa mère mais également son corps et que son âme est maintenant liée à un tas de ferraille. Mais ceci ne doit pas l’autoriser à faire son intello de service face aux habitants de la ville. Son explication de l’équivalence universelle, quoiqu’intéressante, est…somnifère : « blah blah blah blah loi de conservation des masses blah blah blah blah les 4 éléments de base d’Empédocle blah blah blah blah 3 solides de Platon ». De plus, même si nous sommes dans un univers parallèle au nôtre, ils ont tout de même connu des philosophes et scientifiques grecs, pas mal n’est-ce pas ?

Tout est donc rapide. Toujours et trop rapide. Cette rapidité est d’ailleurs le fléau qui gangrène totalement ce film et qui est souvent un mal dont les adaptations sont atteintes. Le passage que j’ai pu résumer plus haut, pourtant plus long dans le manga et même dans l’anime est révélateur de la très grosse faiblesse du film : sa longueur. Le film dure 2h08 ce qui est fort peu pour résumer 27 volumes pour 108 chapitres en une seule fois. Auriez-vous pu imaginer un Seigneur des Anneaux uniquement avec des films d’1h30 ? Non. Auriez-vous imaginé un The Hobbit avec…bon là c’est un mauvais exemple, pour cette série de films vu que l’on pouvait faire un énorme écrémage pour éviter ce qui s’est passé. Mais dans Full Metal Alchemist, le réalisateur est contraint d’être extrêmement expéditif pour certains moments telle la rencontre avec le Dr Marcoh ou bien encore lors de la première confrontation avec un des Homonculus. Les scènes d’utilisation de l’alchimie sont peu nombreuses et rapides. À d’autres moments, il se permet de prendre plus de temps, ainsi la dispute entre Al et Ed ne dure pas moins de 6 minutes…on se passera aisément de commentaires.

L’histoire a donc dû être simplifiée, à la fois pour des raisons de temps, comme toujours, mais également pour éviter de noyer le spectateur dans un flot d’informations continue. De l’histoire originale, il ne nous plus que le voyage des deux garçons. Un voyage que j’espérais long et exaltant et qui malheureusement se révèle court et ordinaire. On peut donc le résumer à ceci :

Resembool, la ville de pécores d’Edward et Alphonse ;

Réole, où Edward fait son petit footing et se lance dans le terrassement ;

Central City, la capitale d’Amestris ;

Une ville inconnue où se cache le Dr Marcoh ;

De nouveau Central City.

On peut donc conclure qu’Amestris ne possède qu’une seule grande ville, sa capitale, et que le reste n’est constitué que de petites villes (et de champs bien entendu) sans importance.

Cette simplification de l’histoire touche également les personnes. Le film souffre de l’absence de trop nombreux personnages. Lin Yao, Elicia (la fille de Maes Hughes), King Bradley (le généralissime à la tête d’Amestris) ou encore des autres Homoculus. Celui qui n’aura pas lu le manga ou bien vu l’anime ne sera guère choqué, pour les autres…ne vous donnez pas la peine de sortir des masses, cela est inutile. Les Homonculus sont normalement au nombre 7, chacun avec le nom d’un péché capital. Or dans ce film, nous n’avons que Lust, Envy et Gluttony. Point de Pride, de Greed, de Wrath et encore moins de Sloth.

Je ne vais donc pas tirer davantage sur l’ambulance, celle-ci est déjà criblée de balles. Chacun fera son propre avis sur ce film. Alors que des films live sont d’ors et déjà prévu pour Bleach (74 volumes) ou encore de Naruto (72 volumes), on peut déjà craindre d’un nouveau fiasco. Que voulez-vous, nous n’apprendrons jamais de nos erreurs et il n’existe malheureusement pas d’alchimie en notre monde capable de réparer les erreurs faites dans de trop nombreux films.

À la fin du film, chers lecteurs, vous serez comme eux

Full Metal Alchemist

De Fumihiko Sori

Scénario : Takeshi Miyamoto et Fumihiko Sori

Adapté du manga Full Metal Alchemist de Hiromu Arakawa

avec Ryōsuke Yamada, Atomu Mizuishi, Dean Fujioka, Yasuko Matsuyuki, Kanata Hongō, Shinji Uchiyama

Oxybot Inc. / Square Enix

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