Désenchantée – Matt Groening

Quand j’ai appris la nouvelle d’une nouvelle série par Matt Groening, le « Hype-O-Meter » a crevé le plafond, le papa des Simpson ou du regretté Futurama allait cette fois s’attaquer à un milieu complexe, mais très codifié : L’heroic-fantasy.

Une princesse, un elfe et un démon entrent dans un bar…

Oyez, oyez, damoiselles et damoiseaux,  Nagez dans les eaux troubles de Dreamland, Royaume fictif où trolls, sorcières et autres potions sont légion. Tenu par la main plus ou moins dure du Roi Zög, roi tyrannique, idiot et incompétent, qui a dû mal à  s’occuper de sa fille rebelle et héroïne principale de la série : Bean.

Alcoolique, désobéissante et cherchant avant tout des plaisirs hédonistes tout en se plaisant dans la vie de château, elle se fera deux alliés dès le premier épisode :

  • Elfo : un elfe qui a quitté sa contrée faite de bonbons et d’autres elfes qui vivent à la Bisounours.
  • Luci : un démon personnel envoyé par de mystérieux conspirateurs à Bean.

Le premier point assez surprenant pour une création de Groening est la sérialisation de son œuvre : on suit enfin une aventure qui a un début et une fin qui dure plus que deux épisodes, ce qui inclut, évidemment, des arcs narratifs.Le deuxième point étonnant est le format de la série, avec des épisodes entre 25 et 35 minutes en moyenne, on déborde du cadre du format cartoon habituel de 20 minutes, sans parler du Pilote, qui fait 36 minutes.

Ce sera donc une vraie série, avec un fil rouge, mais ce ne sera pas de tout repos.

… Et finissent torchés

Notre trio, composé de Bean, Elfo et Luci, sera inexorablement, que ce soit au début, au milieu ou à la fin d’un épisode, dans un bar ou dans la rue, totalement ivre ou intoxiqué pour nulle autre raison qu’ils veulent bien l’être. Cela n’ajoute rien  aux personnages, si ce n’est à endurcir Elfo ou faire dire deux-trois méchancetés à Luci. C’est presque une excuse scénaristique pour emmener nos héros vers une aventure… Bon…  Après tout, aucune grande aventure ne commence avec une salade et une grenadine…

Et c’est là que ça devient blessant, hormis Bean et le Roi Zög, les autres personnages qui pourraient pourtant avoir une personnalité beaucoup plus élaborée ne disposent d’aucun traitement, si ce n’est de surface. On ne connait rien du passé des personnages secondaires et c’est bien dommage, quand on sait que Groening peut insuffler une immense richesse dans ses créations.

Esprit Groening es-tu là ?

Quid de l’esprit du génial Matt Groening alors?

Il est plus transparent que d’habitude, mais il est toujours présent, toujours surprenant, avec des références culturelles riches, mais pas forcement nécessaire et avec lesquelles il joue très peu, ce qui donne un sentiment de gâché.

Pour la faire courte, j’ai eu beaucoup de mal à regarder Désenchantée, que ce soit pour son traitement très inégal de ses personnages ou pour sa sérialisation n’impliquant quasiment aucune incidence d’un épisode à un autre,ce qui est le but de ce genre de narration, si ce n’est quelques personnages récurrents qui reviennent pour un effet comique.

Tiens, la comédie, parlons-en, même si on retrouve beaucoup l’univers de Groening, je ne sais pas si c’est la VF (car oui, j’ai dû regarder la série en VF puis en VO), mais je trouve que la moitié des blagues sont bonnes, voire très bonnes et l’autre moitié complètement ratée.

D’ailleurs la VF est tenue par des tauliers de… South Park ! Avec William Coryn (Kyle, Kenny) et sa fille Laetitia Coryn qui double Bean, Thierry Wermuth (Stan), ainsi que Christophe Lemoine (Cartman). Il existe une bonne alchimie entre ces 4 comédiens de doublage, mais le traitement infligé aux personnages fait disparaître cette alchimie, tout comme la hype pour cette série.

Nos héros seront-ils bien armés contre la critique?

En conclusion

Souvent critique de la société moderne, Groening ne fera qu’un traitement de surface de la société de Dreamland, offrant ainsi un mini miroir déformant de notre société, mais sans être incisif ou  percutant. Ce qui est d’ailleurs bien dommage quand on peut connaitre sa plume au vitriol.

Malgré tout, Désenchanté devient très intéressante vers le huitième épisode (sur dix !) ou il existe enfin une construction scénaristique intéressante et un choix moral étonnant ce qui lance la première saison (dite « Part One »), mais avoir sept épisodes de mis en bouche, sans trop connaitre l’histoire des personnages ou de Dreamland, c’est trop et ça se ressent. La deuxième saison se voulant prometteuse, nous devons juste attendre son arrivée pour voir si la gestation de cette première saison aura porté ses fruits.

Dernier point : le générique, qui reflète bien une partie de la série : coloré, mais plat, avec des éléments de foreshadowing  comme pour nous mettre en appétit. La musique de Mark Mothersbaugh mettant l’ambiance.

Bref, Si vous êtes fan d’héroic-fantasy ou de Matt Groening, Désenchantée vous intéressera sûrement. Sinon, passez votre chemin…

Disenchantment

Créé par : Matt Groening

avec : Laetitia Coryn, William Coryn, Christophe Lemoine, Thierry Wermuth, Barbara Beretta

 Netflix 2018

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *