Annihilation – Alex Garland

Quand ce nouveau film produit par Skydance est soudainement apparu dans ma musette, il m’était obligatoire de faire un article dessus tellement cette société peut osciller entre le très bon (True Grit) et le franchement risible (World War Z). Fort heureusement, Netflix nous donne le privilège de visionner cette chose qu’est Annihilation. Pourtant, vu que son réalisateur et scénariste, Alex Garland, a été le scénariste des très bons 28 jours plus tard et Dredd, on peut s’attendre à ce qu’il mette tout son talent dans ce « petit » film.

Lena, biologiste et ancienne militaire, participe à une mission destinée à comprendre ce qui est arrivé à son mari dans une zone où un mystérieux et sinistre phénomène se propage le long des côtes américaines. Une fois sur place, les membres de l’expédition découvrent que paysages et créatures ont subi des mutations, et malgré la beauté des lieux, le danger règne et menace leur vie, mais aussi leur intégrité mentale.

Les actrices elles-mêmes semblent désespérées

Donc dans le film on suit un groupe de 5 femmes dans un décor plus ou moins psychédélique avec, en fond vraiment lointain, l’histoire d’amour entre Natalie Portman et Oscar Isaac. Sur cette affiche, il manque donc Oscar Isaac…c’est dire son importance. Bon par contre, quand on lit « par le réalisateur de » ce n’est pas jamais bon signe pour vendre un film. Enfin, on retrouve également la petite phrase empreinte de mystère classique pour surenchérir sur l’aspect d’étrangeté du film.

Il y a quelque chose de prometteur lorsqu’on lit le synopsis et avec 1h55, on était déjà sûr que le réalisateur n’avait probablement pas bâclé ce film. Oui, mais en fait non. Là nous avons 1h55 d’un véritable supplice, je préconise donc que ce film soit rajouté dans la Convention contre la torture. Au moins avec ½ heure de moins, on aurait pu y trouver des excuses. Concernant la beauté des lieux, elle est plutôt relative puisque mise à part des espèces d’algues, de mousses sur les murs ou encore les modifications des arbres à proximité du phare, il n’y a guère plus. Bon d’accord, je suis mauvaise langue. On peut rajouter les espèces de couleurs bizarroïdes que prend le ciel ou encore les chimères tout droit sorties d’un épisode de Full Metal Alchemist.

Ainsi donc une zone mystérieuse, et qui grandit de jour en jour, est apparue un beau matin aux États-Unis. Dans sa grande sagesse, le gouvernement y envoie des militaires qui…disparaissent. Des drones et des animaux ont également été envoyés sans plus de succès. Il est étonnant que les militaires n’aient pas eu l’idée de balancer une petite bombe nucléaire dans leur style bien connu du « mieux vaut prévenir que guérir ». Diantre le suspense est à son comble vu que la première puissance mondiale est totalement désarmée face au phénomène du film.

C’est donc une équipe de 5 baroudeuses qui entreprend le long voyage vers la source de ce qui est appelé « miroitement » dans le film. Au sein de cette zone, il semble que l’on puisse avoir des pertes de mémoire, les boussoles ne fonctionnent pas et les équipements électroniques ne permettent pas d’émettre vers l’extérieur. En gros, il valait mieux prévoir un bon gros pigeon voyageur.

Je vous fais part des extraordinaires moments « intenses » du film :

_ La petite course poursuite entre l’ambulance et les voitures des fédéraux

Elle n’est pas sans rappeler l’omniprésence des théories du complot, le fait que l’on nous cache tout. Ici, tout élément étrange doit être promptement étouffé. Un grand classique.

_ Le combat contre le crocodile.

Bien entendu, il terminera rapidement en sac à main, quelle surprise et quelle tristesse en même temps. Il voulait uniquement croquer un des membres de l’expédition. On notera que pour une simple spécialiste en mutations génétiques, la protagoniste principale vise très bien avec son fusil d’assaut et ça n’étonne personne. On peut en déduire qu’elle doit être texane.

_ L’attaque de l’ours.

En pleine nuit, soudaine, rapide et efficace. Et hop, le résultat de ce women vs wild donne un point à la nature. N’est pas Bear Grylls qui veut. Ce « petit » incident va augmenter la tension ambiante et contribuer à diminuer la cohésion du groupe.

_ La deuxième attaque de l’ours

Il peut ainsi se faire un deuxième repas gratuitement. On peut alors enfin clairement voir cette chimère. Je vous laisse juger.

Le plus terrifiant est l’apparence de la bête ou bien son haleine fétide ?

Le côté féérique des biches est instantanément effacé au profil de cette bestiole directement sortie de nos pires cauchemars. De la vie, nous passons à cette incarnation de la mort, de la brutalité pure.

_ La rencontre avec l’entité dans le phare.

Contrairement à toutes les autres créatures rencontrées, celle-ci ne ressemble à aucune autre.

L’étron final

Et lorsqu’elle finit par se transformer par contact avec le sang de Natalie Portman, elle se transforme en une créature entièrement noire, sans visage parfaitement défini. Une sorte de mannequin. Après une danse étrange et frénétique avec Natalie Portman, elle se transformera une nouvelle fois et deviendra une copie conforme de la protagoniste.

Le premier constat que je peux d’ores et déjà faire c’est que ce film possède une esthétique proche de celle qu’utilise Darren Aronofsky, c’est-à-dire des films faussement intellectuels dont les effets visuels ressemblent énormément à un trip sous acide. Ce film est plus proche du film d’art et d’essai plutôt que d’un véritable film de science-fiction. Qu’il s’agisse des chimères biches-arbres ou encore des arbustes aux formes humanoïdes, les substances qu’a dû consommer le scénariste-réalisateur ne devaient clairement pas être légales. Il y a du Walter White là-dessous. Ce film aurait été tourné dans les années 60-70, cela n’aurait pas été choquant.

Où est finalement le côté « annihilation » ? Car au fond l’extraterrestre que nous découvrons à fin n’a aucune volonté belliqueuse. Il est arrivé sur Terre, mais semble extrêmement perdu, car ce monde lui est inconnu et il réagit de manière violente à son contact. On pourrait potentiellement tergiverser pendant des heures sur les hypothétiques lectures du film. Toujours est-il que l’ennui est bien plus omniprésent. Le film aurait pu être bien plus court vu que l’objectif est uniquement d’atteindre le phare, le point d’origine du miroitement. Il suffisait simplement de parachuter un groupe des forces spéciales directement depuis sur le phare et le tout était réglé. Bon il est vrai qu’il aurait probablement été atteint de folie, mais ça c’est une autre histoire…qui n’a pas été écrite.

Annihilation

de Alex Garland

Natalie Portman, Jennifer Jason Leigh, Oscar Isaac

Skydance Productions / Netflix

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